L'un des premiers policiers intervenus lors des attentats de novembre 2015 déplore la Figaro le climat social qu'a connu le pays ces dernières semaines.
Il appelle à ne pas faire de généralisations. Alors que la France connaît depuis plusieurs semaines un mouvement de méfiance envers la police, un policier est intervenu sur les lieux des attentats du 13 novembre 2015 confié dans les colonnes de la Figaro.
Installé à Lyon, Laurent déplore le climat qui s'est développé entre la police et les citoyens. "Aujourd'hui, nous sommes allés à l'extrême opposé alors que nous sommes les mêmes qu'en 2015", a-t-il déclaré. Le soldat de la paix est l'un des premiers à se rendre dans les lieux touchés par les terroristes dans la soirée du 13 novembre.
Deux jours après la nuit qui a coûté la vie à 130 personnes, le policier s'est rendu à La Bonne Bière, où il était intervenu, pour méditer. Un moment au cours duquel il réconforte son collègue bouleversé par l'émotion et qui est capturé par Benjamin Filarski, un photojournaliste également présent lors de l'hommage aux victimes de la brasserie.
Une scène immortalisée et très partagée à l'époque sur les réseaux sociaux et qui a conduit à une vague de messages de compassion et d'encouragement. Aujourd'hui le ton a changé, et Laurent estime avoir "l'impression que cette photo ne vaut plus rien". "Ce qui se passe maintenant fait aussi mal", a déclaré la police qui a protesté contre cette colère anti-flic qui, selon lui, a été provoquée par des groupes minoritaires.
Si le soldat de la paix reconnaît que la police est raciste, "tous ne le sont pas".
"Il est injuste que nous généralisions sur la police comme ça", dit Laurent, qui estime que "nous (la police, note) sommes crucifiés". "Quand on est attaqué, on prend la foudre comme on dit dans notre jargon, c'est normal qu'on se défend", a-t-il ajouté en réponse aux arrestations violentes filmées notamment lors des manifestations des gilets jaunes.
Le policier réfute également toute impunité de la police et déclare même qu'il a dû traiter plusieurs fois avec l'IGPN (Inspection générale de la police nationale). S'il estime qu'un débat peut avoir lieu sur l'utilisation de certaines armes par la police, notamment le LBD (lanceur de balles de défense), il estime qu'il faut "se demander par quoi il remplace" et évoque l'utilisation systématique de caméras embarquées sur la police.
Depuis début juin, plusieurs manifestations contre le racisme et les violences policières ont eu lieu en France suite à la mort de l'Afro-américain George Floyd lors de son arrestation par un policier blanc à Minneapolis. Assa Traoré, la sœur d'Adama Traoré décédée en 2016 peu après son arrestation par les gendarmes, estimait début juin "exactement la même chose qui se passait en France".