Les consommateurs sauront bientôt d'où vient la viande qu'ils servent, dans les restaurants et les cantines. La loi du 10 juin 2020 sur la transparence des informations sur les produits agricoles et alimentaires rend obligatoire l'étiquetage d'origine pour toutes les viandes en restauration hors domicile. Il en va de même pour le cacao, le miel et la gelée royale, mais aussi le vin et la bière.
Opération transparence sur notre alimentation. La loi votée par le Sénat en février et par l'Assemblée nationale en mai est parue en Journal officiel le 11 juin 2020. Elle rend obligatoire l'étiquetage de l'origine de la viande en restauration hors domicile (RHD), qu'il s'agisse de bœuf mais aussi de porc, de volaille, de mouton et de chèvre. Jusqu'à présent, seules les informations concernant la viande bovine, avec mention des pays de naissance, d'élevage et d'abattage, sont obligatoires depuis 2002, suite à la crise de la vache folle - une exposition rarement efficace. Ce nouveau texte complète l'expérience menée depuis le 1 euh Janvier 2017 par la France sur l'étiquetage de l'origine de la viande utilisée dans les plats cuisinés (1).
La mention de l'origine française, ou inversement étrangère, devrait aider les filières d'élevage hexagonales dans leur reconquête de parts de marché en RHD. Plus d'un tiers des volailles servies en RHD sont importées, principalement de l'Union européenne.
Fin de l'ambiguïté pour les steaks de légumes et les saucisses aux légumes
Le texte interdit également l'utilisation de termes de boucherie, tels que steak, haché, filet, saucisse ... pour les produits végétariens ou "Contenant une partie importante des aliments d'origine végétale", ce "Part importante" à fixer par un décret en attente de publication. Cette clarification est attendue depuis longtemps par les éleveurs. "Cette loi est un pas dans la bonne direction, note Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne. Que ces termes soient réservés aux produits à base de protéines animales est cohérent. " Même satisfaction pour Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des syndicats d'agriculteurs (FNSEA), qui salue la fin de la "Noms trompeurs: le steak et la saucisse sont de la viande!"
Détails de bienvenue pour le miel, le vin, la bière...
La loi vise également à améliorer la transparence de plusieurs autres produits. Ainsi, l'origine des miels et de la gelée royale doit également être indiquée à partir du 1 euh Janvier 2021. De même pour les produits à base de cacao. L'article précise que pour "Mélange de miels provenant de plusieurs États membres de l'Union européenne ou d'un pays tiers, tous les pays d'origine de la récolte sont indiqués par ordre décroissant de poids sur l'étiquette". Il s'agit d'une véritable percée pour un produit sur lequel il existe de nombreuses fraudes, comme déjà dénoncé par l'UFC-Que Choisir. La Confédération paysanne, qui lutte depuis longtemps pour cette indication, regrette toujours que la loi n'aille pas plus loin en exigeant les pourcentages des différents miels.
Concernant les fromages fermiers, il est possible de les affiner à l'extérieur de la ferme, à condition que cette affinage soit "Conformément aux coutumes traditionnelles" et que le consommateur est informé. Cet article de loi supprime l'ambiguïté autour de l'utilisation du terme "fermier" pour les fromages, dont certains sont généralement produits à la ferme mais affinés à l'extérieur, comme Saint-Nectaire.
Les boissons ne sont pas oubliées par le législateur: l'appellation d'origine protégée (AOP) ou l'indication géographique protégée (IGP) des vins vendus au verre, au pichet ou à la bouteille doivent être affichées sur la carte, en chambre ou sur tout autre support. Pour la bière, le nom et l'adresse du producteur de bière doivent être "Indiqué en évidence sur l'étiquetage afin de ne pas induire le consommateur en erreur [son] origine ".
Prochaine étape, l'affichage du mode de production?
La prochaine étape que les consommateurs pourraient demander serait l'affichage de la méthode de production: hors-sol, en plein air ... comme ce que l'on peut déjà trouver pour les œufs.
(1) Expérimentation autorisée par la Commission européenne pour une période initiale de 2 ans, puis prolongée jusqu'au 31 décembre 2021.