En Côte d'Ivoire, "Le marché du vin est très porteur. Ce n'est pas une consommation exceptionnelle, les volumes sont vendus " demande Constance Tondoh, la responsable du développement de Business France basée à Abidjan. Dissipant le cliché des marchés viticoles émergents et récents en Afrique, l'expert souligne que l'histoire du vin en Côte d'Ivoire remonte à son passé colonial. Reste francophone et francophile, le marché distingue ainsi en grande distribution les "Département du vin" pour bouteilles et rayon français "Vins étrangers" pour ceux d'autres pays.
Grâce à cet esprit d'appartenance, la France a connu une bonne croissance de ses expéditions ces dernières années et a exporté 5,5 millions d'hectolitres pour 18,2 millions d'euros de chiffre d'affaires (voir infographie ci-dessous). Si les volumes restent stables, la valeur continue de progresser, témoignant d'un positionnement premium des vins français, en concurrence avec les vins espagnols, plus présents en volumes, et surtout plus abordables en termes de prix. "La Côte d'Ivoire est avant tout un marché de prix" souligne Constance Tondoh. L'expert explique la prédominance des vins espagnols par une question de pouvoir d'achat, tandis que le positionnement des vins français répond à l'affirmation du statut social lors des festivités. "A la fin de l'année, pour les fêtes et les mariages, les références des vins français sont immédiatement publiées. Le champagne coule à flot" note Constance Tondoh, qui pense que les consommateurs choisissent une bouteille "Le diplôme, la région, le nom, le château ... Et la majorité regarde surtout le prix."
La suprématie bordelaise
Concentrés d'Abidjan, où le pouvoir d'achat reste le plus important, la consommation de vin a fortement baissé avec le confinement lié à la crise des coronavirus. "Les ventes de vins ont baissé. Comme c'est un produit de luxe, il y a peu de consommation à la maison et tous les restaurants ont été fermés "rapporte Constance Tondoh. L'industrie vinicole ivoirienne attend une attente de reprise en fin d'année, une fois l'élection présidentielle terminée (premier tour ce 31 octobre). AOC fleuron du marché ivoirien, Bordeaux est bien ancré dans les us et coutumes: "Il n'y a pas de lassitude. Quand on parle de vins, on pense à Bordeaux! Même si les vins de Bourgogne et d'Alsace se développent, il y a une forte présence, liée à Castel (très importante sur le marché de la bière, via sa filiale Solibra) " explique Constance Tondoh.
Adaptés aux pics ivoiriens, les vins rouges sont à côté (surtout avec des degrés de 13-14 ° .alc). A l'inverse, la tendance des vins bio ou sans sulfite reste inconnue. Les concurrents viticoles restent le vin de palme, notamment en province, et surtout les bières produites localement (avec la naissance d'un mode bières à faible teneur en alcool).
"Vous devez être persévérant"
Pour séduire les importateurs de vin, "Nous devons offrir un soutien pour forger de nouveaux liens" conseille Constance Tondoh. "Puisqu'il y a peu d'opérateurs majeurs et qu'ils ont des fournisseurs historiques, il faut être persévérant. Comme sur tous les marchés africains. Venir dans un salon ne suffit pas, il faut voyager, envoyer des échantillons, établir un budget marketing, soutenir le partage des droits de douane et des taxes... ". conclut l'expert, appelant à un investissement à long terme pour réussir à l'établir.
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