Je peux me réveiller un matin en plein mois de juillet et décider que j’écrirais à Luc Besson. Oui, Luc Besson, le président du directoire d’EuropaCorp, Luc Besson le réalisateur de films.
Evidemment, ni son adresse e-mail, ni son adresse papier, ni même son numéro de téléphone blackberry ne sont à la lettre B de mon répertoire (pas plus qu’à la lettre L d’ailleurs). Mais les coordonnées ne sont finalement qu’accessoires.
Je pense plutôt à ce que je vais lui dire, et, comme d’habitude, je procède par élimination :
- Ne pas lui parler de cinéma : j’ai commencé à m’intéresser au cinéma tard dans ma vie vers 25 ans donc je n’ai pas vu grand chose. Je ne lis pas Les cahiers du cinéma, ni Première, ni CineLive…Je ne suis pas du tout une inconditionnelle de François Truffaut. Je ne sais pas tenir une caméra. Je déteste l’idée de Taxi. J’ai rien compris au Grand Bleu car j’ai toujours pensé que respirer sous l’eau, pour un être humain, ça ne pouvait pas durer longtemps.
- Ne pas lui parler d’Arthur et les Minimoys : pas lu, pas vu, pas d’enfant à charge. Vais jamais voir de films d’animation au cinéma (en vois un tous les cinq ans (genre Schrek) à la télévision et oublie instantanément le nom des personnages. Comment s’appelle l’âne déjà ? Et la princesse ? )
- Ne pas lui parler de la banlieue et de la discrimination liée à la couleur de peau. Trop déprimant.
Il reste peu de possibilité pour entrer en communication :
- Lui parler de sa femme Virginie (trop intime et je ne suis pas douée pour l’intime et surtout je ne sais rien car je ne suis pas Voici) ou plutôt de son ex-assistant qui a fait une sorte de carton avec une nouvelle version de Hulk aux USA, Louis Leterrier. Louis Leterrier, votre assistant sur Jeanne d’Arc, qui vous apportait du thé en Normandie, préparé par mes soins en Anjou, et qui … ;
- La gastronomie, Luc Besson détiendrait des parts, avec François Pinault, du restaurant le Market, avenue Matignon. Cela ne choque personne si je dis qu’il a un gros ventre et qu’il a l’air d’avoir le même caractère que Jean-Pierre Coffe ? Je pourrais lui parler de ma recette astronomique de muffins aux fruits séchés destinés aux hommes caractériels en cure, par exemple. Non ?
Et pourquoi j’écrirais à Luc Besson en plein mois de juillet ? Parce qu’il n’est probablement pas là et que c’est mieux d’écrire aux gens quand ils ne sont pas là quand, comme moi, on ne sait pas trop quoi demander, on a juste besoin de parler à quelqu’un et si possible de lui raconter n'importe quoi c'est-à-dire rien d'important mais quelque chose qui pourrait quand même être définitif. C'est ça qui est bien avec les histoires, c'est le seul truc avec l'écriture qui soit vraiment agréable, on peut parler à n'importe qui et faire de Pierre Dupont Luc Besson.
PS pour Zal : comment tu commencerais ta lettre à Luc Besson, toi ? Publié par les diablotintines - Une Fille - Mika - Zal - uusulu