Retour…

Publié le 04 août 2020 par Ivanoff @ivanoff

Une brochette de loustics s’est installée sur le canapé, à peine réveillés, les yeux plissés d’un reste de sommeil que frottent leurs menottes comme pour accélérer la mise en route d’une autre journée de vacances.

Tel un essaim de moucherons en pyjama autour de la table du petit-déjeuner, tartines et jus de fruits engloutis, doucement bourdonnent les mots engourdis, bientôt tendres et bruyants chahuts !

A cet âge là il n’est besoin que de quelques minutes pour reprendre ses esprits, tandis qu’au mien deux grands cafés et un tantinet de calme me sont presque indispensables pour retrouver les miens…

Joyeux temps où la journée démarre en fanfare, où la fatigue s’efface après une nuit sans pointillés, où le matin ne pèse rien si ce n’est celui d’une plume dont les années inexorablement estomperont l’insouciance…

Plus que deux ou trois jours pour faire provisions de leurs frimousses de canailles et contrer ce « vide » abyssal qui m’attend à peine passé le seuil de ma maison… Telle la Belle au bois dormant, elle accueille mon retour dans un silence de plomb. J’embrasserai alors celle qui veille jour et nuit sur ma vie, sans bruit, sans jamais mot dire, qui s’impose sans discrétion et ne me laisse que peu de répit… Aussitôt mon logis clignera des yeux en ouvrant ses volets, s’éveillera à la lumière d’une journée d’été, au bruit de mes pas, au ronronnement des lessives, aux claquements des portes et aux chuchotement d’une brise s’engouffrant à travers ses fenêtres désormais ouvertes.

Toutes trois, la maison, la solitude et moi, nous reprendront nos habitudes, doucement se dénouera le nœud qui serre mon cœur, et s’installera le plaisir de retrouver mes pénates aux odeurs familières et ce tranquille « train-train » qui sied mieux à mon âge tant qu’il n’est que provisoire et rempli de projets ou de rigolotes surprises !…

« Une maison n’est jamais déserte quand celui qui est parti l’habitait vraiment. » de Jacques PREVERT dans Soleil de nuit.