Fin juillet, nous avons vécu un évènement que l’on peut désormais qualifier d’extraordinaire dans nos petites vies d’ermite, que nous menons depuis le 22 mars : nous sommes… partis en week-end ! À ma grande surprise, moi qui ai toujours la bougeotte, j’y suis allée un peu à reculons. Comme si sortir de mon cocon me coûtait un énorme effort. D’ailleurs, j’avais oublié comment faire les valises. Impossible de mettre la main sur mon passeport, pas pensé à télécharger les séries sur l’iPad pour le trajet en voiture etc. Non décidément, je voulais juste dormir… Mais je pensais que changer d’air nous ferait quand même du bien. Alors nous avons fait fi des possibles difficultés comme un confinement impromptu ou une vague de Covid dans le Rajasthan et nous sommes partis !
Les risques étaient limités : nous étions 3 familles dans un nouveau resort sans autres clients. Et il n’y aurait rien d’autre à faire que glander à la piscine et faire des safaris. Pour le plaisir, parce que la chance de voir un des 21 tigres de la réserve de Sariska en cette saison est quasi nulle. La réserve est grande (12 000 km carrés, soit 3 fois Ranthambore), il a commencé à pleuvoir donc les tigres n’ont pas besoin d’aller aux points d’eau se désaltérer ; les herbes poussent et les cachent ; et la majorité des routes du parc sont fermées. En plus, pour cause de Covid, les gens de moins de 10 ans et de plus de 65 ans ne sont pas autorisés dans les jeeps. Rien de transcendant mais c’est toujours sympa de se retrouver dans la nature. Même si ça commence à me déranger de faire ça dans un véhicule qui pollue…
L’hôtel en soi était très confortable, la piscine bien grande, la nourriture bonne. Et mon Indien préféré nous a bien sûr trouvé des trucs à explorer – il y en a en fait une foultitude ! La route qui traverse les villages à l’ancienne pour aller au temple de Neelkanth Mahadev Temple est magnifique. Et le lieu lui-même aussi est très reposant. En plein champs de ruines (avec quelques 200 spots), on trouve notamment quelques sculptures érotiques qui ont su exciter mon intérêt ! (Ce complexe dédié à Shiva date des 7-10ème siècles.) De quoi passer quelques heures à se balader de-ci, de-là.
Et puis il y a le fort de Bhangarh, connu pour être le lieu « le plus hanté » d’Inde et qui est en fait un petit bijou du 16ème siècle (surtout quand il a plu un peu et que le vert éclate). On traverse au début un village en ruine, avec les échoppes du marché, les maisons, le palais des danseuses. Puis vient le palais, avec une vue superbe. Enfin, le point d’eau, avec les singes qui plongent et font leur toilette. Ça vaut vraiment le déplacement. Il y avait un peu de monde, surprenant pour un lundi, en plein Covid ; et peut-être une personne sur 10 portait un masque. Comme d’ailleurs un peu partout là on nous avons vadrouillé. Quant à la réputation du lieu… La Paranormal Society of India n’y a en fait détecté aucune activité ; seuls les villageois rapportent des incidents de chutes de touristes. Tout le monde parle des articles/documentaires de National Geographic, Discovery Channel et BBC mais, s’ils ont bien visité les lieux, ils n’en ont rien dit de particulier. Les légendes qui sont associées aux ruines sont quand même intéressantes. Un prêtre tantrique serait tombé amoureux d’une princesse et aurait ensorcelé un parfum qui allait lui être donné. Cette dernière, informée, a jeté la bouteille qui s’est transformé en rocher et a écrasé le mal intentionné qui aurait jeté un sort au palais avant de mourir. Selon une autre légende, un moine sadhu qui a son temple tout en haut de la montagne à droite, aurait autorisé le roi à s’installer, du moment qu’aucune ombre de bâtiment vienne toucher sa retraite. Un roi aurait ajouté deux malheureuses colonnes de trop et le moine aurait jeté un sort pour qu’aucun toit ne résiste. Au final, c’est une sécheresse qui aurait conduit les habitants à quitter ce fort…