[LE VENT VERT, LE VENT JAUNE]
L e vent vert, le vent jaune, le vent bleu de la nature, dôme éclairant de l'étendue étanchant les visages d'eaux. Des oiseaux crient de jour. Des reflets s'attardent aux yeux atroces des nuages. Tout s'enténèbre à l'orée vespérale, le dôme, le toit de tuile orange, la pluie argentée, les diamants de la main qui servent d'yeux aux sages, les petits dieux accroupis des images, les corolles qui se forment le soir.
J'ai étudié, nocturne, les traductions des saints, un ange à mon épaule guidait ma main de pauvre. J'ai connu l'âge de la neige, de l'écorce de peau à la tache de terre.
[VERDEUR ANGEVINE]
V erdeur angevine le long des jeunes voûtes
C'est le jour de mer au soleil mandoline
C'est le petit mendiant en haillons d'or, les mains tendues vers les deniers virils
C'est un chemin de pas qui mène à l'oiseau froissé
C'est la voix tourmentée d'une petite fille aux yeux blonds, à la douceur allée
C'est le ciel en beauté subite, luisant d'haleine d'anges, Dieu qui visite ses prairies
C'est le joyau d'étoile épinglé au corsage, rose, or et blanc comme des seins pubères
C'est jour de mer, les fontaines percent les villes aux toits de mûres noires ou d'oranges
C'est mon amour pénombré dans la ville, courageux, l'avez-vous vu passer ? Il a du sel et des chemins sur le visage... un soleil bas tâché autour de la taille.
Béatrice Douvre, " Poèmes en prose ", 16, 24, Journal de Belfort, éditions de La Coopérative, 2019, pp. 125, 133.