- « Comment ça ? » « C’est dur »?…
- « Oui… Plutôt »…
- « Qui t’a promis que ce serait facile » ?
- « C’est pas aussi compliqué pour tout le monde »…
- « ça, t’en sais rien, et quand bien même, t’es pas tout le monde, chacun son Chemin« .
- « Faut que ça tombe sur moi »…
- « ça tombe sur bien d’autres… Toi t’es vernie, t’es « costaud« , relativement bien « construite », t’as plein d’ami(e)s, t’as des recours si tu en as besoin. Cesse de geindre » !
- « On voit bien que c’est pas toi qui déguste »…
- « Détrompe toi, entendre gémir à longueur de journée, c’est épuisant, et plutôt agaçant »…
- « Je gémis pas, je m’interroge »… Et puis, quand même y’aurait de quoi geindre et gémir, non ? »… Curieusement, ce sont ces matins vaporeux où tout se remet en route, où l’éveil me confronte sempiternellement à la réalité de « ce qui est« , et toutes ces heures à venir à affronter seule, même très occupée, ou très entourée, ou très joyeuse, la solitude originelle s’impose…
- « Oh là là… Rien de ce qui n’arrive, n’arrive par hasard… Réfléchis un peu au lieu de t’appesantir sur les dégâts, y’a certainement de quoi en tirer une leçon, ou des conclusions »…
- « Oui, ben ça va, hein, tu pense bien que je ne m’en suis pas privée » !
- « Et alors »?
- « Ben rien, les leçons sont retenues, mais je n’en conclus rien d’intéressant, juste qu’il faut se consoler vite pour essayer de passer à autre chose si on veut tenir debout« …
- « Certes, mais avec ta manie de remettre à demain tous tes chagrins, pleure un bon coup, jure sur ce que tu as de plus précieux, hurle, je sais pas moi, effondre toi et on n’en parlera plus » !
- « Ah tu crois que ça marche comme ça ?… Mais si je me laisse aller je crains bien de boire la tasse et de me noyer »…
- « Oh ben touche le fond, une impulsion du talon, et tu remonteras à la surface en un instant ! C’est pas bien sorcier, l’instinct de survie, tu connais » ?…
- « Un peu »…
- « Quand même, c’est pas facile, et puis tout ce monde qui s’en est allé… Y’a tant d’absents autour de moi, j’ai la gorge serrée rien qu’en y pensant, je ressens ce vide abyssal si souvent maintenant, j’ai de ces phrases que je ne peux jamais finir, puisque celui ou celle à qui elles s’adressent n’est plus en mesure ni de les entendre ni d’y répondre »…
- « Tu oublies ton âge ma belle, c’est bien le contraire qui serait étonnant, à moins de ne compter que des centenaires dans ton entourage !!! La roue tourne, te voilà rendue à cet apprentissage de la vieillesse, celle qui te transforme en « survivante » au fil des années… Souris ! Tu en fais partie » !
- « Oui »…
- « J’ai un peu de mal à rentrer chez moi »…
- « T’as un « chez toi« …
- « C’est vide »…
- « Mais plein de jolis souvenirs »…
- « Qui sont aussi beaux qu’ils sont douloureux parce que justement seulement des « souvenirs« …
- « Tu pourrais n’en avoir que de piètres, ou pas du tout »…
- « Je pourrais les vivre au Présent »…
- « Ce ne serait évidemment pas des souvenirs, ce que tu vis aujourd’hui, vis le le plus joyeusement possible, car dès demain ce temps là ne sera plus et c’est à toi seule qu’il appartient d’en faire un onguent pour te consoler de tout ce qui plus tard n’existera plus que dans ta mémoire »…
- « Et je me répète, ce que tu as vécu de beau hier t’appartient pour toujours »…
- « Tu as raison, je suis riche de ces moments précieux, et ce sont eux qui colorent mes vagues à l’âme… Tiens j’ai faim. Vais grignoter un bout de chocolat »…
- « Pleure pas si tu prends du poids »…
- « Faudrait savoir ? Je croyais qu’il fallait voir la vie du bon côté, la gourmandise, c’est un moyen comme un autre, pis ça me fait plaisir » !
- « C’était juste pour vérifier… Je te retrouves enfin ! Alors, ce petit coup de blues, ça y’est, t’as donné le coup de talon au fond de la piscine » ?
- « Oui. L’eau est à nouveau toute lisse, je me glisse dans l’onde et me laisse porter, la douceur de l’apaisement me sert de bouée, je flotte, je flotte, tout va bien« .
- Quand le « manque » tord ton ventre, quand le vertige s’empare de toi, il ne faut jamais te débattre, mais juste te laisser aller jusqu’à ce que la douleur se lasse »… Rien n’est facile, mais la « victoire » n’en est que plus belle et « éclairante« …
« Ne craignez pas la tristesse mon petit, elle est la trace éclatante que quelque chose de beau a existé » De Batiste BEAULIEU dans « Alors vous ne serez jamais plus triste ».