Le journal du professeur Blequin (119) Odyssée

Publié le 30 août 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

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Samedi 29 août

13h : Et voilà, les vacances sont finies... Mes parents me raccompagnent à la gare de Château-du-Loir où les hauts-parleurs nous assènent un énième message sur les gestes barrière, le port du masque et tout le tralala ; quand la sempiternelle conclusion " Merci de votre compréhension " résonne sur le quai, je ne peux pas m'empêcher de dire " Poil au nichon ", en souvenir du sketch des Nuls " Ne chiez plus " : je devine la moue réprobatrice sous le masque de ma mère, mais elle ne dit rien, sans doute pour ne pas gâcher davantage une séparation que j'imagine douloureuse pour elle.

14h : Je descends au Mans pour un premier changement : alors que je marche dans la gare, il me semble que mon sac à dos est plus lâche... Et dans la seconde qui suit, je constate qu'il s'est ouvert ! J'ai dû mal le refermer après y avoir remis le livre que je lisais dans le TER... Toujours est-il que le bocal de confiture que je transportais dans ce sac tombe par terre et se brise : pas d'autres dégâts, mais je reste bien une minute le cul par terre, le temps de prendre pleinement conscience de ce qui vient de m'arriver, passablement hébété à la vue du pot cassé et de la confiture répandue sur ce sol crasseux... Triste destin pour cette bonne confiture de mûres préparée en famille avec amour ! Je n'aurai pas trop de la journée pour que mon amour-propre cicatrise... Une fois le premier choc passé, je préviens un employé, qui va avertir le service de nettoyage, et je me rends en salle d'attente : celle-ci est bondée, pas une seule place assise, les gosses poussent des cris, une lavasse musicale me casse les oreilles... Le port de ce satané masque, qui m'empêche de respirer et me fait suer comme un porc, me rend encore plus insupportables les gênes charriées par la fréquentation forcée de la foule citadine : ça y est, je me rappelle pourquoi j'avais besoin de vacances !

16h30 : Second changement à Rennes. D'après mon billet, je suis censé m'asseoir voiture 20. Seulement, le train pour Brest... N'a pas de voiture 20 ! Je croyais avoir tout vu avec la SNCF, mais là, c'est le bouquet ! Pourtant, c'est forcément le bon train : pour atteindre le quai, j'ai dû scanner mon billet à un portail, je n'aurais donc jamais pu passer si ce n'était pas le TGV pour lequel j'avais réservé. Je monte donc à bord, sans savoir où m'asseoir ; je pourrais prendre la première place venue, mais je ne veux ni m'attirer des ennuis avec un contrôleur tatillon ni devoir me relever au dernier moment pour un autre passager ayant réservé. Je traverse les couloirs à la recherche d'un(e) employé(e) susceptible d'éclairer ma lanterne et je finis par trouver une femme qui m'explique : en fait, entre le jour de ma réservation et celui de mon départ, ces braves gens de la SNCF ont décidé un " changement de matériel " ayant occasionné pour moi une modification d'emplacement dont j'avais été averti par mail... Sauf que je n'avais pas accès à Internet dans ma maison de vacances ! Bon, cette brave dame m'indique ma nouvelle place et l'incident est clos, mais c'est quand même la deuxième fois en une journée où je suis obligé de m'adresser à un individu portant une casquette d'uniforme : il est dur d'admettre qu'on peut avoir besoin des garde-chiourme !

18h30 : Enfin de retour à Brest ! Une fois sorti de la gare, je retire d'un geste large mon masque et j'inspire à pleins poumons l'air marin qui vivifie ma bonne vieille ville. Une fois rentré dans mon appartement, aucune mauvaise surprise : mon logement est propre est rangé comme au jour de mon départ, aucun courrier administratif menaçant ne souille ma boîte aux lettres... Il faut bien que rentrer de vacances apporte deux ou trois satisfactions, non ?