Un matin timide baigne la pièce encore endormie… L’automne hésitante a cru l’espace d’une rosée son heure arrivée, elle a pris son pinceau tout neuf et commencé de « re-colorier » son cahier d’été, mais les verdures persistent et n’autorisent les bruns qu’à toutes petites touches qui poudroient d’or la nature assoiffée…
Les années passant, j’aime dorénavant les levés sans réveil tonitruant, qui d’emblée vous assènent de vous agiter ! Et les « chagrins feuilletés » m’ont suffisamment ébranlée pour que je n’aspire plus qu’à juste ce qu’il faut de douceur pour bien entamer ma journée. Je n’exige rien, je prends ce qui passe à portée de ma main, ce grand café dont la tasse brûlante réchauffera mes mains endolories, et de belles envolées musicales, Rachmaninov, Scriabine, Beethoven et tant d’autres, ou ces voix magiques, Luciano Pavarotti, Iréna Freni, Maria Callas, Placido Domingo, qui seules savent m’emporter assez haut pour que je puisse porter un regard apaisé sur ce qui est aujourd’hui.
Je savoure ces moments rien qu’à moi, où je me « rencontre » sans rien me reprocher ni m’imposer… Cette « renaissance matinale » me semble presque miraculeuse, comme une chance supplémentaire qui m’est offerte. Le cocon que je me suis tissé abrite « l’essentiel » de ce que je suis, sans maquillage, sans le regard d’autrui, face au miroir de ma vie, je réussis à la trouver belle, parce « qu’unique » et pleine de ces « rebonds » indispensables qui font « progresser », mais surtout qui sont sources d’apprentissages multiples, seules richesses pérennes de ce monde.
Alors, dans la saveur d’une gorgée de café, je regarde le bouquet d’amour que mes enfants m’ont apporté l’autre jour, je m’immerge dans les tableaux accrochés un peu partout sur les murs, je respire l’air frais qui s’engouffre par la fenêtre entrebâillée, et je me dis, émerveillée, « comme tu as de la chance »…
A tous mes matins sans Lui, sans eux…