La semaine dernière, j’ai changé de place deux petits figuiers, qui s’étaient logés bien malencontreusement dans une bordure, au pied d’un mur.
Je les ais déterrés délicatement après avoir noyé la terre, en suivant le plus loin possible du bout des doigts leurs petites racines.
Je les ai replantés en terre libre avec mes fils.
Le lendemain, leurs belles feuilles vertes étaient devenues brunes et flétries, et elles pendaient tristement au bout de leurs tiges.
J’étais déçu, et mes enfants aussi.
Je les ai néanmoins arrosé tous les soirs, contrairement au reste du terrain.
Tous les soirs, le brun des feuilles se muait en brun plus sombre.
Tous les soirs j’avais toutefois de l’espoir.
Le plus petit des figuiers a fini par perdre ses feuilles.
Mais un bouton est apparu au sommet du plus grand, et certaines de ses feuilles ont reverdi. J'ai été content.
Je me souviens d’un passage de Malevil, mais sans pouvoir le citer de mémoire (pourtant j’ai bien du lire ce roman 20 fois), où le héros, Emmanuel Comte admire ses premières récoltes après l’apocalypse.
Il remarque alors que ce qui semblait alors un tel miracle pour les hommes des premières civilisations ne pouvait que les induire à penser qu’une entité surhumaine et incommensurable était derrière tout cela.
Il évoque alors la déesse Cérès des anciens grecs.
Est-ce que tout ceci a tant changé à notre époque ?
La rationalisation de la vie n’en a pas dissipé le mystère.
J’ai beau me souvenir vaguement des stomates, et grâce à Wikipedia de l’osmose et de la plasmolyse, je reste néanmoins émerveillé par ce petit bourgeon.
Et aussi par la capacité des hommes à se créer de faux Dieux et de faux espoirs.