Je rappelle que, Anne-Laure, est l'unique héritière d'une riche famille de négociants qui a fait fortune dans le commerce des tissus au long du XIXe siècle. Elle a épousé le Comte de Sallembier, aristocrate – de trente ans de plus qu'elle - qui après une vie de célibataire longue et épicurienne, a su (?) monnayer son titre … Le 10 Décembre 1900, elle met au monde un fils, qu'elle appelle Lancelot... Quelques années après son mariage, Georges de Sallembier, meurt subitement d’une fièvre typhoïde, à Paris...
Anne-Laure de Sallembier ignore encore, la relation qu'entretiennent sa famille, la propriété de Fléchigné qu'elle possède de sa mère ; avec la figure du chevalier Lancelot... Même - et c'est incroyable - si comme nous le savons bien, la légende arthurienne est au coeur de cette Quête familiale....
Précisément - et c'est sans-doute une manière d'approcher ce mystère - ... Connaissant les goûts d'Anne-Laure, pour le Moyen-âge, Monsieur de Sallembier, a présenté sa jeune épouse à un étrange personnage: Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937), lui-même passionné par la période médiévale et descendant ( par dignité...) - affirme t-il – d'un chevalier - Richard du Hommet (†1179) - qui dit-on aurait pu être le modèle du chevalier Lanzelet (et, un conte de l'enfance d'Anne-Laure..), de la légende arthurienne... !
D'ailleurs, la Société des antiquaires de Normandie ( fondée en 1824), aidée de spécialistes aurait localisé le texte d'Ulrich von Zatzikhoven, grâce aux toponymes qu’il mentionne, dans le pays des Morville-Limors... Le lieu de la première aventure de Lancelot, serait le nom d’un bois du Cotentin, situé au sud de leurs terres.
Aujourd'hui, nous pouvons entendre lors de randonnées sur ces terres, raconter certaines légendes où se croisent le roi Arthur, les fées, les lutins, et les génies de la forêt.… Il s'agit du Mortainais: à la fin des années 1050, Guillaume le Conquérant met son demi-frère Robert de Mortain, en qui il a toute confiance, à la tête du comté de Mortain. Avec le comté de Domfront, limitrophe, ils furent démembrés, à l'époque de saint-Louis (1235)...
Pour ce qui est de Lancelot, on dit qu'Hélène, sa mère, qui vit mourir son mari et enlevé son fils, prendra le voile dans une Blanche Abbaye de nonains, comparable à celle que fonda à Mortain, en Cotentin, le demi-frère du Conquérant.
Il s'agirait de l'abbaye de Blanchelande, qui se trouve près de La Haye-du-Puits ( Cotentin) , au milieu de la forêt de Limors.
Le conte de Limors apparaît dans le Conte ''Erec et Enide'' ( vers 1170) de Chrétien de Troyes ; récit courtois où Erec partage sa quête chevaleresque avec sa femme ; non sans quelques difficultés... Limors tente de s'emparer d'Enide, alors qu'Érec, laissé pour mort, est amené dans le château du comte de Limors. ...
Et le château de Blanche Lande est évoqué dans le Roman de Tristan et Iseut, (chap 16 ( J Bédier)) : la reine Iseut, le roi Marc, toute sa mesnie, tous ses écuyers et tous ses veneurs quittent Tintagel pour s’établir au château de la Blanche-Lande …
De fait, l'Abbaye de Blanchelande, reconstruite, que nous pouvons voir, fut fondée en 1154 par le baron de La Haye-du-Puits, et elle fut un site religieux important au Moyen-Âge,
Enfin, à sept kilomètres à l’ouest de Domfront, en direction de Mortain, à la sortie du village de Rouellé, une petite route sur la droite mène au site de la « Fosse Arthour ».
La rivière, écumant sur les rochers qui encombrent son lit, se fraye un parcours dans le bois. Le chemin qui la borde mène au gouffre où selon la légende, le roi Arthur et la reine Guenièvre furent engloutis.
« Arthur s’était établi avec sa femme en ces lieux sauvages. Le génie du ruisseau qui traverse l’endroit l’avait séparé de la reine en enjoignant à celle-ci de se tenir sur l’autre rive : Arthur n’avait le droit de rejoindre son épouse qu’après le coucher du soleil : un jour, il contrevint à cet interdit et voulut traverser le gué avant le soir, mais il fut précipité dans un gouffre et la reine se suicida aussitôt par désespoir. Toutefois, ni l’un ni l’autre ne sont tout à fait morts : ils gisent en état de dormition dans les cavernes inaccessibles que l’on appelle la Chambre du roi et la chambre de la reine (...). »
(Hippolyte Sauvage, in Recueil des Légendes normandes par divers auteurs, Domfront, 1872, n° 19, p.3.)
A suivre...