Quand tu me regardes comme ça
Comme si tu ne me voyais pas
Je voudrais mourir
Où sont allés tous nos souvenirs
Et nos éclats de rire
Ne t’en souviens-tu pas
J’ai beau vouloir pour deux
M’agenouiller et prier Dieu
Toujours ce regard vide
Et là je voudrais crier
Et même te faire tomber
Tu ne me vois même pas
Tes yeux me regardent vides
Comme l’on regarde un étranger
Pire un voleur
Mais je ne suis pas un voleur
Je t’aime de tout mon cœur
Je t’aime de toute mon âme
À genoux j’implore Dieu
Non je hurle
Je le déteste ce Dieu
Ce Dieu qui m’a volé une partie de toi
Non qui m’a volé toi
Toi mon amour ma vie
Oui je le déteste ce Dieu
Qui ne t’a laissé qu’un corps
Un corps sans souvenirs à aimer
Surtout je le déteste ce Dieu
Qui ne t’a laissé qu’un corps
Qui n’a plus aucun souvenir de nous
Je te déteste Dieu
Comprends-tu ça
Dans combien de langues devrais-je te le dire
Je te déteste avec toute la colère du monde
Je te déteste avec toute la rage enfouie en moi
JE TE DÉTESTTTTTTTTTE !!!
Et je t’avertis juste-là Dieu
Ne t’avise jamais plus de me refaire le coup
Avec quiconque dans ma vie
Et surtout pas avec ma vie
Parce que je te le promets
Je te tuerai de mes propres mains
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NOTE
Parfois la colère surgit de nulle part lors d’événements anodins. Puis, lorsqu’on fouille en soi, de grands cris du cœur nous ramènent à des colères enfouies. L’écriture a ceci de bon, comme il m’est arrivé ce soir. Une petite étincelle de chanson amoureuse douce nous trotte dans la tête et puis, pourquoi pas, on note sur papier quelques vers. Puis, sans s’en rendre compte, à chercher tranquillement d’autres vers, la main se met à bouger au bout du stylo comme possédée. Et puis, l’encre coule sur le papier comme un rouleau plein de peinture sur le mur. Les larmes se mettent à couler comme des chutes. Les glaciers se fendent ; la colère émerge à grands cris. Oui on parle d’amour, mais surtout d’Alzheimer.
Ma mère atteinte d’Alzheimer, décédée en novembre 2011, moi et mon chien.