Germain Roesz | La lumière se tamise

Publié le 05 octobre 2020 par Angèle Paoli

LA LUMIÈRE SE TAMISE U n ballet d'ombres sur ton visage Germain Roesz,
le nez se plisse
le bruit des ferrailles du sud
et des vaisselles dépareillées
s'accumulent
En imaginant l'avenir le temps se maussade
l'inquiet croît La Part de la lumière, textes, poèmes, peintures de Germain Roez, L'Atelier du Grand Tétras, 2019, pp. 115-116. Préface de Claude Louis-Combet. Entretien entre Michel Guérin et Germain Roesz.

le rêve protège de l'homme encombrant.
De soir en soir
l'attente des messages
la strophe courte le mot haletant
ne dit rien ne bouge pas regarde
l'éblouissement sur les terres noires.
L'affreuse solitude du soir
où il n'y a rien à faire
ni à défaire
l'accroche où cela tombe
il y a les moments
il y a les instants
où nulle décision ne s'impose.
Je regarde le fil du film
j'écris dans le brouillard de l'image
dans la gaine du ventre
je suis la route qui défile.
J'embrasse tes yeux.
me regardent-ils alors ?
La proximité aveugle
Dans chaque onde le monde se transforme
puis s'éclipse
Dans l'auréole de l'or
il dit cette chose simple :
je regarderai le clair de lune et j'attendrai.
Dans la parole (dans l'infra) se condense l'infini du monde
et l'infini du détail
l'infini de l'infime.
Elle dit :
je te porte je te sens en moi
je dors en toi j'assemble mes doigts dans la crinière.

La nuque rouge
quelques pics sur les bras
un tressaillement dans le creux des seins
m'écriras-tu ?
Absence de peu de jours
l'oubli agit à la vitesse d'un éclair
une pensée sombre et le cerveau s'embrase
une pensée grave et le cerveau s'affale.
Il prend une feuille
il écrit
il croit qu'il écrit
il regarde la feuille noire
il lit et ne comprend pas
les voix dans le crâne bouillonnent grincent
Est-ce que tu m'aimes ?