UN VENT VEGETALU n vent vegetal passeja UN VENT VÉGÉTALU n vent végétal promène Jordi Pere Cerdà,
ses arrels sobre el meu rostre
cercant el fil llunyà
que aparenta la pell
amb l'escorça de l'arbre.
Llepa pausadament
amb carícia llarga,
repetida, infinita,
feta d'escuma densa,
de bravor blanejada,
ses racines sur mon visage
cherchant le fil lointain
qui apparente la peau
à l'écorce de l'arbre.
Il me lèche lentement
d'une caresse longue, La Peau de Narcisse [ La Pell del Narcís, Poesia completa, Viena Edicions, Barcelone, 2013] in Comme sous un flot de sève, anthologie poétique (édition bilingue catalan-français), Œuvres poétiques | Domaine catalan, éditions La Rumeur libre, collection La Bibliothèque, 2020, pp. 64-65. Traduit du catalan par Étienne Rouziès.
répétée, infinie,
faite d'écume dense,
d'ardeur contenue,
de graines fendues
sous le poids de l'élan vital.
Je sens à mon ventre la naissance
tourmentée du mâle,
un bourgeonnement de sang
qui fait rougir la ronce de mon plaisir.
En même temps une vaste extase
vient tiédir la terre
humide des neiges passées ;
je suis comblé par un vertige
qui traverse mes os,
comme une mort secrète,
comme une vie immortelle.
de granes que parteix
l'impuls pesent del viure.
Jo em sento al ventre el part
anguniós del mascle,
un borronar de sang
enrogint l'arç del goig.
Ensems un vast deliqui
ve a entebeir la terra
molla de neus passades ;
em sadolla un desmai,
per la barra dels ossos,
com una morta secreta,
com un viure immortal.