Vendredi, 17 heures. Les écoles, collèges et lycées songent sérieusement à fermer les portes pour deux semaines, renvoyant vers leurs doux foyers enfants et personnels pour des congés bien mérités.
Vendredi, 17 heures. Près d’un collège des Yvelines, un collègue que je ne connaissais pas, mais un collègue néanmoins, est sauvagement assassiné par un gamin endoctriné qui l’abat au nom de l’islam, parce-qu’il faut toujours trouver une raison à sa haine, une explication à son ressentiment.
L’affaire, vous la connaissez, nous la connaissons tous. L’enquête est en cours, et l’enchainement des faits rend cet assassinat plus sordide encore. De la gamine absente du cours qu’elle critique, à son père qui s’emballe sur les réseaux sociaux, tout cela pour aboutir à un fou de dieu armé d’un grand couteau de cuisine.
Alors je ne dirai rien d’autre de cela, de l’enquête en cours. C’est la sidération qui domine encore, qui dominait dimanche en ville lors du rassemblement pour rendre hommage à ce collègue-là.
Je n’extrapolerai pas non plus sur les manquements continus de l’institution censée nous protéger : nous ne pouvons pas mettre un flic derrière chaque prof, mais peut-être qu’un peu moins de lynchage médiatique depuis tant d’années aurait été salutaire. Peut-être. Peut-être seulement.
Je suppose que si j’avais connu ce collègue-là, nous aurions surement échangé des idées, des pistes de cours. Il s’appelait Samuel, et peut-être l’aurais-je appelé Sam parce-que j’ai le diminutif facile.
Je pense à la rentrée du 2 novembre (mais pas à monsieur Blanquer qui la prépare). Je pense aussi à la femme et au petit garçon de Samuel, petit garçon à qui il faut expliquer que papa ne reviendra pas. Je pense aussi à ses collègues, ses amis, ses élèves qui l’appréciaient tellement qu’ils voulaient tous avoir monsieur Paty.