[article original de Diane : https://www.helenawaynehuntress.com/2013/11/i-huntress-day-zero-why-i-love-helena.html]
S’il y a bien un personnage que j’aurais aimé avoir dans les années 90, c’est bien la version de Huntress d’Helena Wayne.
Mis à part le fait qu’Helena est la fille de mon ship incoulable de chez DC, elle est, à mes yeux, plus que juste la fille de Batman et Catwoman prenant la suite d’un riche héritage. C’est aussi une héroïne indépendante qui ne laisse pas son caractère au vestiaire, est très intelligente, sportive, a son originalité, est vraiment passionnée par ce qu’elle fait. Elle était capable de combattre dignement sans avoir besoin d’être secourue et était en civil une avocate très prolifique.
Bien que je ne pratiquais certainement pas le droit lorsque j’étais enfant, c’était néanmoins des traits de personnalité avec lesquels je pouvais facilement m’identifier. C’était aussi des qualités que j’aurais aimé voir plus souvent chez les personnages féminins des différentes franchises avec lesquelles j’ai grandi. Le fait que DC Comics se soit débarrassé d’un personnage si phénoménal dans la première décennie de son histoire alors qu’elle était encore en train d’évoluer en une héroïne intéressante (et au sommet de sa popularité, qui plus est) semble beaucoup dénigrer son personnage. J’ai d’ailleurs ressenti cette peine vingt ans après qu’elle ait été effacée de la continuité. J’ai aussi eu l’impression de m’être fait retirer la possibilité de connaître un personnage qui m’aurait donné beaucoup de force pendant que je grandissais.
L’un des éléments qui m’a toujours attirée à propos d’Helena Wayne en Huntress est le plus évident : elle est la fille de Batman et de Catwoman. Si l’on considère que l’industrie des comics a toujours eu la réputation d’être un club de mecs, il me semble plutôt important que DC Comics ait ne serait-ce qu’autorisé leur héros le plus emblématique à avoir une fille pour lui succéder dans le rôle de protecteur de Gotham et le faire bien. Qui plus est, elle n’est pas la fille de Bruce Wayne avec n’importe qui. Elle est aussi la fille de la femme qu’il a choisi d’épouser et avec qui il a choisi de passer le reste de sa vie, la non moins emblématique Selina Kyle. Le fait que Selina soit aussi importante dans l’éducation d’Helena que Bruce est aussi plutôt remarquable lorsque l’on prête attention à la fréquence à laquelle les mères et épouses sont écartées dans la plupart des récits. Ces développements ne font pas seulement preuve d’un désir d’inclusion marqué concernant les héroïnes les plus importantes de la part de DC, mais il donne un argument fort en faveur du mariage comme chapitre positif dans la vie des super-héros DC.
Autre chose qui me plaît beaucoup chez Helena Wayne, c’est qu’en dépit de l’histoire riche qui entoure sa naissance et son éducation, elle a aussi choisi une identité qui n’était pas une déclinaison de celle de l’un de ses parents, mais plutôt un hommage aux deux à la fois. C’était quelque chose de propre à Helena Wayne, d’une façon qui reste unique parmi les autres héroïnes qui se sont inspirées soit de Superman, soit de Batman. Elle est aussi compétente et méticuleuse que son père, aussi vive d’esprit et maline que sa mère, mais elle ajoute aussi sa propre personnalité à son travail. Elle a une approche unique de son combat contre le crime en ce qu’elle le voit aussi bien comme un droit de naissance que comme une obligation envers la population de la ville. Elle fait aussi bien preuve de compassion que d’agressivité dans sa poursuite de la justice. On peut aussi bien penser à elle comme la femme la plus étrange qu’on ait rencontré, ou comme une dure à cuire qui réprime durement les criminels.
En tant que femme, elle est davantage que la Riche Princesse de Gotham qui suit les traces de son père, elle est aussi une juriste respectée dans le milieu du droit pénal, et une membre estimée de la Justice Society et d’Infinity Inc. Elle est reconnue pour son intelligence et ses accomplissements, elle a ses propres idées sur la vie et les relations avec les autres, et mène les deux comme elle l’entend. Parfois elle réussit, d’autres fois non, mais quelles que soient les circonstances, elle reste confiante en ses capacités.
La dernière chose qui m’a séduite chez Helena Wayne, c’est sa forte amitié avec Kara Zor-El, alias Power Girl. En dehors du fait que Huntress et Power Girl soient véritablement les équivalents féminins de Batman et Superman pour le titre World’s Finest, J’apprécie énormément le fait qu’elles soient davantage que des partenaires qui combattent les malheurs qui s’abattent sur la planète et mettent à mal toutes les itérations de l’Apokolips l’apocalypse. Chacune est la confidente de l’autre et elles sont toujours présentes en cas de besoin. On peut les voir se réconforter lorsque l’une d’elle traverse une mauvaise passe, ainsi que partager un déjeuner ou un dîner dans leur emploi du temps habituel pour parler de choses de tous les jours qui n’ont rien à voir avec leur activité de super-héroïnes. Non seulement il est très bien et rafraîchissant de voir des représentations positives d’amitiés féminines dans un récit qui n’inclut pas de rivalité à cause d’un homme, mais j’aime aussi beaucoup voir comme ces deux femmes sont partie prenantes de leurs vies personnelles d’une façon semblable aux amitiés telles qu’elles sont dans la vraie vie. Elles font des choses normales ensemble que la plupart des femmes font dans la vie réelle, et apprécient beaucoup des mêmes plaisirs simples de la vie malgré la vie extraordinaire qu’elles mènent dans des circonstances extraordinaires.
Un personnage comme Helena Wayne a beaucoup à offrir, cela m’a donc beaucoup attristée qu’elle soit aussi vite privée d’une histoire plus longue et de davantage de développement alors qu’elle est en plus la fille de Batman. Un personnage comme Damian Wayne a survécu à son premier reboot en gardant intacte son origine comme fils de Batman, tandis que DC s’est dit qu’Helena Wayne devait perdre la sienne pour “arranger” leur continuité post-Crisis.
En plus de perdre son statut de fille de Batman et de Catwoman pour devenir post-Crisis l’héroïne italo-américaine Helena Bertinelli , DC Comics a aussi foutu la merde dans l’histoire du personnage d’une façon qui la rend difficile à expliquer aux nouveaux amateur.ice.s. Ils ont aussi mis à mal le soutien de ses fans (même au sein de la blogosphère féministe) en ignorant complètement les raisons pour lesquelles les gens étaient devenus fans de l’une ou l’autre version du personnage. Ils ont aussi “arnaqué” par deux fois les fans des deux Helena qui ont acheté à la suite d’un reboot des livres qui ne montraient pas la version d’Huntress à laquelle iels s’attendaient.
Non seulement il est malhonnête de la part de DC de jouer avec les émotions des fans comme cela, mais ça n’encourage pas le soutien de l’une ou l’autre version du personnage en faisant d’elle un choix mutuellement exclusif, supprimant la possibilité de voir les deux Huntress co-exister dans leurs univers respectifs, libres de tout bagage. Ils les traitent comme des personnages interchangeables et ils développent la version qu’ils ont choisi cette fois aux dépens de l’autre.
Même si je trouve plutôt dommage que DC Comics n’ait pas appris des erreurs du reboot après Crisis, et que je trouve particulièrement décevant que beaucoup de ce qui faisait l’originalité d’Helena Wayne ait disparu dans le reboot des New 52, je suis tout de même optimiste sur le fait que quelqu’un finira par faire les choses bien. Je garde l’espoir que quelqu’un reconnaisse qu’elle signifie beaucoup pour ses fans, et qu’elle est importante dans le mythe de Batman même si elle vient d’un univers parallèle. Je garde aussi l’espoir qu’un jour, des auteurs choisissent de développer Helena d’une façon qui a du sens pour un personnage qui est la fille de Bruce Wayne avec Selina Kyle, et et qui sera en mesure de récupérer sa propre place sur Terre-Deux, avec son amie Power Girl.
Sur le même point, j’espère que DC Comics finira par reconnaître l’importance d’Helena Bertinelli non seulement pour ses fans, mais pour leur mission déclarée en faveur de la diversité. Elle est un personnage très différent de celui d’Helena Wayne, il n’y vraiment aucune raison de ne pas l’établir comme un personnage bien distinct, libre du bagage qu’implique une nouvelle origine pour Huntress. Selon moi, c’est un personnage qui est en mesure de devenir une héroïne de son propre fait sans avoir besoin de remplir un rôle qui est mieux accompli par la version de Huntress d’Helena Wayne. Sa propre origine fournit une toile de fond unique qui déclenche la motivation de Bertinelli à devenir une héroïne costumée, j’ai le sentiment que cela pourrait facilement être exploré davantage et que ça pourrait même mener vers un autre genre de récit qui ne repose pas sur l’univers de Batman. Son histoire est la sienne et a son propre but. Si elle choisit de faire partie de la Batfamily, cela devrait venir d’elle et non pas d’un inexplicable besoin d’être “vue comme sa fille” par quelqu’un à qui elle n’est pas liée. Cela n’a tout simplement pas de sens pour son personnage.