Certains artistes du Nouveau réalisme font leurs choux gras des affiches. Elles sont généralement de grande dimension. Elles envahissent les couloirs du métro, les lieux publics, les palissades des chantiers, les panneaux électoraux. Les plasticiens, souvent en infraction avec la Loi, décollent, arrachent, lacèrent ce qui va constituer la matière première de leurs futures œuvres.
Il semble que ce mot français, décollage, a d’abord été utilisé dans le domaine artistique par un allemand Wolf Vostell pour sa série Nein 9 Decollagen. Le décollage a surtout été pratiqué par les français François Dufrene, Raymond Hains et Jacques Mahé de Villeglé ainsi que par l’ italien Dominico Mimmo Rotella ou encore Burhan Dogancy puis, plus tard Marc Bradford, Michael Viviani et Brian Dettmer, Mais avant le décollage, il y a eu le travail des colleurs d’affiches et des afficheurs.
La collecte des fragments d’affiches, la lacération est un travail un physique pratiqué souvent subrepticement et nuitamment. Le décollage, sorte de travail archéologique, par mise en lumière des différentes couches, des strates, permettra des compositions, des assemblages chargés de sens.
Une exposition sur cette pratique a été présenté au LaM . Jacques Villegié a publié « Le lacéré anonyme » aux Presses du réel. Et le Centre Pompidou a organisé l’exposition « La comédie urbaine » en 2009