où il sera question de sorties empêchées, de chambres à garder, de cages, et de quelques livres pour s'évader
“ Ma chambre a la forme d'une cage ”
(à fredonner avec le petit accent swing de China Forbes !)
Depuis hier, grâce à Joseph Ponthus-Le Gurun(1) sur facebook, je sais d'où viennent la plupart des mots étranges du refrain de la chanson de Pink Martini (Je ne veux pas travailler, album Sympathique, 1997).
En 2017, j'avais zappé l'excellent articlelien de Gérard H. Goutierre pour Les Soirées de Paris, le blog : “ Apollinaire ne veut pas travailler, il veut fumer ”. Tout y est pourtant bien expliqué et illustré !
Pour les réfractaires aux liens click and read, je recopie d'abord le poème(2) Hôtel de Guillaume Apollinaire, puis les paroles du refrain des musiciens de Portland, OR :
Ma chambre a la forme d’une cage / Le soleil passe son bras par la fenêtre / Mais moi qui veux fumer pour faire des mirages / J’allume au feu du jour ma cigarette / Je ne veux pas travailler — je veux fumer / Apollinaire, 1913
Ma chambre a la forme d’une cage / Le soleil passe son bras par la fenêtre / Les chasseurs à ma porte / Comme les p’tits soldats / Qui veulent me prendre / Je ne veux pas travailler / Je ne veux pas déjeuner / Je veux seulement l’oublier / Et puis je fume / Pink Martini, 1997
La surprise (pour moi) est jolie et valait bien une petite jaserie (pour vous).
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1. Joseph Ponthus-Le Gurun a par ailleurs laissé entendre récemment que Henri Calet ne serait pas absent de son prochain livre, suspens... JPLG est l'auteur très remarqué de À la ligne (note de lecture du 9 janvier 2019), grand connaisseur d'Apo.
2. Hôtel été mis en musique par Francis Poulenc avec quatre autres poèmes d'Apollinaire (Banalités, cinq mélodies pour voix et piano, 1940).
Après le premier confinement, je n'avais que précautionneusement repris le chemin des salles, plus pour encourager les initiatives de reprise, mais le goût revenait, et justement en septembre, octobre...
Je suis retournée à la Maison de la Poésie (Arnaud Cathrine), à l'Atelier (On purge Bébé), au Poche Montparnasse (Dans les forêts de Sibérie), au Théâtre de l'Œuvre (André Manoukian), dans le jardin du Théâtre du Rond-Point, à Marmottan, au Grand-Palais.
Que du bonheur, ça repartait, l'envie, tout ça. Et les restaus, le ciné...
Mais je n'irai pas à Maison de la Poésie en novembre (Serge Joncour, Eric Reinhardt), pas à l'Opéra Comique (Enchantez-vous !), ni à la Divine Comédie (Jean-Jacques Vanier), etc.
Effet du premier confinement, encore ? j'avais perdu le goût de lire et d'écrire des notes de lecture.
Pas original : d'autres lecteurs primo-confinés bien plus capés que moi ont connu et signalé cette baisse de régime, comme une pandémie quoi !
Avant l'été j'ai voulu ruser, pour voir si ça reviendrait... en lisant de gros pavés, de la bonne grosse littérature de loisir, pas prise de tête.
Plusieurs tentatives, ni franchement positives ni totalement ratées (La sentence, John Grisham ; L'Institut, Stephen King ; Miroir de nos peines, Pierre Lemaître) avant de revenir progressivement à des livres plus dans mes goûts (Ravel, Jean Echenoz ; Pacifique, Stéphanie Hochet ; Derrière la gare, Arno Carmenisch ; Une machine comme moi, Ian McEwan ; La nuit atlantique, Anne-Marie Garat ; Et toujours en été, Julie Wolkenstein ; Retour de service, John le Carré, Le Tiers Temps, Maylis Besserie ; Final Transgression, Harriet Rochefort ; Liv Maria, Julia Kerninon ; Buveurs de vent, Franck Bouysse ; La rivière en hiver, Rick Bass).
Mais toujours pas de notes de lecture !
Je fais une exception pour mon coup de cœur absolu de la rentrée littéraire : Trencadis, Caroline Deyns
(c'est l'analyse que j'ai faite pour le site Les Notes)
Recoller les morceaux… se reconstruire. À vingt-quatre ans, mariée et mère de deux enfants, à peine sortie du noir cauchemar de la dépression suicidaire, des électrochocs et de l’hypnose, Marie-Agnès Mathews rêve d’emménager dans un palais Gaudí, d’habiter ses courbes de céramiques colorées. Impossible ? Pas pour la descendante du chevalier Gilles de Rais, redevenue Niki de Saint Phalle, qui va consacrer sa vie de femme libre à combattre ses monstres intimes en composant une œuvre multiforme, sombre et joyeuse, jalonnée de serpents bicéphales et de femmes montgolfières bariolées.
Le modèle est séduisant, charismatique. Le portrait qu’en fait Caroline Deyns est d’une grande finesse. Une incarnation romanesque morcelée : mosaïque chronologique de scènes quotidiennes ou fondatrices, de témoignages recomposés ou imaginés, de calligrammes et jeux typographiques surprenants et touchants. Comme les éclats d’un trencadis, ce jeu de fragments épouse les sinusoïdes des peines et exaltations de l’artiste et leur restitue cohérence et signification. L’auteure ne passe rien sous silence : aspects destructeurs ou fantasques de la créatrice, fulgurances, faiblesses, complexité, sensualité, volonté farouche, puissance quasi surnaturelle. Un roman biographique à la forme originale et maîtrisée, qui sert remarquablement le destin poignant d’une femme forte et fragile à la fois.
so sad: à cause du confinement-saison-2, je n'aurais pas le plaisir de rencontrer ce mois-ci l'auteure de Trencadis accompagnée de son éditeur (Quidam) en librairie à Paris
>> blog en or (un blogue que j'aime, admire, envie, copie parfois)
Tous les jours sauf le samedi, le dimanche et pendant les vacances... Dreamlands Virtual Tour
Pour un voyage, une évasion quotidienne aux quatre coins (s'il en a) du monde : des captures dans StreetView, ça parait simple !
" Aux monuments, aux musées, aux chics avenues des centre-villes, je préfère les espaces de peu, de rien : les ronds-points, les zones industrielles, les zones commerciales, les chantiers, les friches, les terrains plus ou moins vagues, les quartiers populaires. Je n’ai pas pris l’avion depuis quinze ans mais j’aime l’idée du voyage – j’aime particulièrement l’idée du voyage immobile, immatériel, fictif. J’aime être là où je ne suis pas même si ma présence n’est que virtuelle. J’aime être un voyageur de chambre comme il est des toreros de salon – des types un peu ridicules, certes, mais toujours concernés et follement enthousiastes. Chaque sortie dans Google Earth, quoi qu’on puisse en penser, est pour moi une véritable aventure."
En voilà un que j'aimerais copier... mais il faut une technique, un engagement, une persévérance que je n'ai pas hélas, ou alors il faudrait que OH me donne des cours !
Olivier Hodasava est aussi écrivain : Une ville de papier (L'Inculte) est un must, vous ne regretterez pas !
>> moi, par mois
juste avant : février 2020, paris est tout petit pour ceux qui aiment le spectacle vivant
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