Avec les élèves de spé de première, nous abordons actuellement la question de la puissance, sa définition, ses modalités, et puis, concrètement, dans la vraie vie, ça veut dire quoi. Pour résumer, face aux mômes, je finis toujours par dire « je suis puissant.e si je fais ce que je veux quand je veux où je veux et avec qui je veux ». Basique, mais pas si réducteur que ça, et surtout plus rigolo que la définition de Max Weber (qui est néanmoins celle qu’ils et elles notent dans leurs cahiers et surlignent en jaune fluo, à savoir, pour résumer : l’art de faire triompher sa volonté, peu importe les moyens). Et donc, forcément, arrive Mister Trump et la puissance US, surtout aujourd’hui, D-day des élections présidentielles. Le bonhomme fait ce qu’il veut, avec option « menteur comme un arracheur de dent », et il est en passe, ce sordide personnage, de doubler la mise, de rempiler, comme le fit en son temps Bush junior, qui pourtant, n’avait point inventé la poudre (et qui n’avait surtout pas envisager de contester le résultat des élections).
Aujourd’hui, au lycée, les élèves étaient pendus à leurs alertes de smartphones, guettant toutes les 30 secondes des infos sur les résultats : « Mais madame, c’est important, le monde entier en dépend ».
Ces enfants, masqués jusqu’aux yeux, parce-que le retour du confinement leur a mis sévèrement le pression sur le respect des règles sanitaires, mais enfants quand même, avec encore, à 8 heures ce matin, les yeux tout gonflés de sommeil et une doudou-nostalgie presque palpable, ces petits loulous avaient bien compris que, quand les États-Unis éternuent, la terre entière finit grippée. Ils ont 16 ans, on perçoit encore leurs bobines de bébés en les regardant, et ils ont déjà mal au monde. Ce n’était pas chose aisée que de les consoler : nous, ici, en Europe, ne sommes pas responsables de ce qui se passe en Amérique, même si nous en subissons les conséquences. Allez remplir vos gourdes et buvez un grand coup d’eau … Courage, les petits …