Je ne sais pas quelle est cette nouvelle tendance dans le village, mais depuis quelque temps un nouveau it-accessory semble prendre ses quartiers.
Autrefois (je vous parle de cette période révolue qui dépasse les six derniers mois), un petit ami, un mec, un mari, un cher et tendre, un compagnon, ou peu importe le nom que vous lui donnez, ne servait qu'à vous fournir un alibi -pour les parents, pour les découverts, pour dîner. Or, depuis quelques semaines, le boyfriend devient non plus une simple justification, mais un objet aussi à la mode qu'un Paddington*. Voire même carrément un faire-valoir.
Samedi soir, au SuperMarket avec L. et A., alors que j'étais en train de déguster ma vodka, je suis tombé sur Y., un vague ex -connu dans certains cercles pour avoir le pénis le plus petit que j'ai jamais vu. Après les blablas d'usage, je ne sais par quel moyen de prestidigitation, il s'est retrouvé avec son boyfriend au bras, en clamant qu'ils venaient d'acheter un appartement ensemble. M'aurait-il foutu un diamant sous le nez que ça ne m'aurait pas fait un autre effet.
Quelques jours auparavant, je déjeunais chez Envies de Saison avec M., une ex -connue dans certains cercles pour être la nana avec qui je suis resté plus de trois ans. Durant tout le déjeuner, elle n'a cessé de me parler de son nouveau chéri, rencontré six mois plus tôt. Il est si grand, si beau, si intelligent, si bon baiseur ! Et en moins de temps qu'il ne m'en faut pour ouvrir ma bouteille de San Pellegrino, je me retrouve en train de regarder des photos de lui sur son petit Motorola ultra-slim-ultra-chic, et de l'entendre me dire qu'ils sont en pleine recherche d'une maison à acheter.
Même C., qui est quand l'inventrice le concept du "Pas de mecs pour moi, je me contente de prendre ceux des autres" est revenue en ville et s'arrête Place du Théâtre pour me présenter son nouveau jules-sac à main.
Tout cela, bien sûr, c'est sans compter les "je te présente X" au Bar Parallèle, les "Je te présente Y, tu sais le pote de X ? Siiiiiiiii, celui de la semaine dernière ! !" chez Häagen Dazs, ou les "T., voici X , mon nouveau boyfriend" au sortir de chez Gonay... Et tous ces noms à retenir (quoique : ils ont toujours tous les mêmes prénoms. Et de toutes façons, on ne les retient pas...), toutes ces conversations à avoir, tous ces blancs à devoir combler... Comme si devoir se souvenir de l'heure exacte d'un rendez-vous ne suffisait pas, il faut, en plus, à présent gérer cette nouvelle vague...
Qu'on ne s'y méprenne pas : je n'ai rien contre les gens en couple ! Moi-même, j'en suis. Mais je trouve choquant qu'on utilise les hommes comme must-have de l'été.
Qu'on utilise les bébés, passe encore : on peut les accessoiriser si facilement ! Du Baby Dior coûte à peine plus que deux ou trois cosmos. Et puis faut bien que ça serve à quelque chose...
Si on peut reconnaître que le boyfriend a pour avantage de mettre en valeur pas mal d'atouts (un sourire splendide, un teint lumineux -si lumineux qu'il lumine même by night, un certain sens du bon goût -parce que savoir se looker soi, soit, mais savoir looker une autre personne pour l'assortir à soi, c'est fort.), se mettre en avant simplement en arborrant un au bras, c'est quand même trop facile !
C'est vrai quoi : premièrement, je trouve ça un peu à la portée de n'importe qui (la preuve pour Y.), c'est discriminant pour les célibataires qui sont contents de l'être (et moi, je suis contre l'injustice), et, en ce qui me concerne, j'ai mon C&T depuis plus plus longtemps que toute la ville, et je ne l'ai jamais utilisé !
Et ce n'est d'ailleurs pas prêt de changer. Pourquoi s'encombrer le bras d'un homme quand on peut y accrocher une ravissante beurette à la chevelure impeccable et aux pommettes saillantes ?
Mardi soir, L. et moi sommes allés au cocktail d'inauguration d'une nouvelle boutique. Champagne et mon sac d'un côté, la fille en question juchée sur ses talons de l'autre, quelques délicieux macarons au fois gras pour ponctuer le tout, et point de mari à l'horizon.
Remarquez, c'est peut-être pour ça qu'ils ont souhaité fouiller nos sacs à la sortie....
* Ok, le Paddington n'est plus ce qu'il y ait de plus it, mais je l'aime tellement !