http://legraoullydechaine.fr/2020/11/14/le-journal-du-professeur-blequin-134-2/
Lundi 9 novembre11h : Il faut bien faire des courses de temps en temps, alors j'ai fait un saut à la supérette. C'est comme ça que j'ai pu apprendre la nouvelle, relayée par la presse, de la découverte d'un vaccin efficace à 90%. C'est évidemment une bonne nouvelle qui, ajoutée à la défaite de Trump, me procure un léger surcroît d'optimisme et achève de me donner l'illusion que 2021 sera une année un peu moins épouvantable que celle qui est en train de s'achever... Ben oui, il ne faut pas trop m'en demander non plus !
Mercredi 11 novembre15h : Je reçois un SMS d'une amie m'incitant à regarder une vidéo dénonçant les mensonges et les manipulations des autorités depuis le début de la pandémie ; je réponds aimablement que je préfère penser le moins possible à cette situation qui m'a déjà rendu suffisamment malheureux. Beaucoup de gens me prennent pour un rebelle, mais je suis trop émotif pour prétendre à ce titre...
Jeudi 12 novembre12h : Je viens de faire le ménage en grand dans mon appartement ; je ne l'avais plus fait depuis trois semaines, ça commençait à devenir urgent. Non que je me complaise à ce point dans la crasse, mais même ça, j'étais trop découragé pour le faire...
Vendredi 13 novembre9h30 : Je sors faire le marché, muni d'une attestation (beurk) d'un masque (re-beurk) et, plus important pour ma santé mentale, de boules Quiès : et oui, les conversations et les rires des petites gens me sont encore plus insupportables dans un tel contexte, alors autant m'en protéger si je ne veux pas sombrer à nouveau ; bien sûr, je me débouche les oreilles quand arrive mon tour de commander, et je ne m'attarde pas à discuter avec les marchands : n'en déplaise aux zélateurs de la prophylaxie, moins longtemps je reste avec ce masque sur la figure, mieux je me porte !
10h15 : Je suis quand même obligé de m'attarder chez l'opticien de mon quartier, mes lunettes ayant perdu une pièce qu'il me faut faire remettre en place. Je peux donc attester que ce noble commerçant est fiable et efficace et qu'il ne demande pas un sou pour ce genre de réparation, même si les lunettes n'ont pas été achetées chez lui : ça fait toujours plaisir, quand même, de constater, qu'il existe encore des services sur lesquels on peut compter...
15h : Visite éclair de mes parents (mon immeuble est sur leur route quand ils font leur course) : j'en profite pour leur demander s'ils accepteraient de m'héberger chez eux en décembre dans l'hypothèse où le confinement devait se prolonger. Ils acceptent sans problème : j'avoue que j'ai eu beaucoup de mal à me décider de faire cette demande ; ils ne sont pourtant pas des plus sévères, mais ils m'ont habitué très tôt à ne pas réclamer. Ce mode d'éducation ferait sûrement du bien à certains gosses pourris-gâtés, mais avec moi, ça a si bien, qu'encore aujourd'hui, je n'ose jamais rien réclamer à personne, même si c'est légitime ! Et dire que certaines personnes me prennent presque pour Che Guevara...
18h : Après un après-midi consacré à une planche de BD, je découvre quelques extraits de la version moderne de Spitting image : car oui, depuis peu, le show britannique qui en avait inspiré un autre en France est de retour sur les écrans d'outre-Manche, et je suis estomaqué par la force et le virulence des marionnettes anglaises représentant les grands de ce monde. Trump, Biden, Johnson, Macron, Poutine, Merkel et les autres en prennent salement pour leur grade et cette bouffée d'impertinence est sacrément bienvenue, surtout en cette période où, en France, la tradition satirique dont nous sommes si fiers est en pleine déconfiture... Mais il ne faut pas désespérer : si Spitting image a pu renaître et si les Américains ont eux aussi eu droit, il y a peu, à une émission du même style, alors peut-être notre théâtre de marionnettes satiriques français pourra-t-il renaître un jour de ses cendres... Quoi ? Mais non, andouille, je ne parle pas du Bébête show !