Le sourire des autres…

Publié le 20 novembre 2020 par Ivanoff @ivanoff

Ce matin en me réveillant, j’ai trouvé sur mon écran un « bol de sourires » qu’une amie avait déposé en passant, car vous aurez remarqué que nos masques plaqués comme des bâillons sur nos museaux retiennent toutes nos expressions aussi parfaitement que la buée sur nos lunettes campées sur le bout de nos nez…

La nature est généreuse qui nous a pourvu de deux yeux, les voilà plus que jamais devenus des regards qui prennent le relais de ce qu’il reste de nos mimiques voilées… Si parfois subsiste un doute en croisant quelqu’un qu’on croit reconnaître, c’est à cette fente de lumière posée à l’horizon du petit bout de tissu qu’on sait immédiatement à qui on a affaire.

Heureusement le regard ne trompe jamais.

Il dément même les postures possiblement traitresses. Il est, dit-on, le miroir de l’âme, n’est pas né celui qui pourrait lui raconter des histoires. Il pétille à traduire le bonheur, le bien-être ou la bienveillance … Parfois un seul suffit pour créer la connivence, alors qu’il en vaut mieux deux avant de signer n’importe quoi !

Il cligne pour séduire ou se protéger, se plisse pour mieux ruser ou mentir, s’échappe timide, fuit par lâcheté, se durcit pour contraindre, s’écarquille stupéfié, se voile aux abords d’une tristesse, s’éteint déçu, se noie dans un chagrin. Il se soutient pour affirmer, se fixe pour observer, perce pour deviner, impressionner ou comprendre, se baisse honteux et coupable. Il s’adoucit pour pardonner, frise pour séduire, dévore quand il est amoureux…

Le regard est sans pudeur, il nous dévoile à l’instant même où l’on s’expose en le portant sur nos semblables. En ces temps d’enfermements, il conserve la clef d’un trésor dont on nous prive : le sourire… Espiègle ou rieur il nous rend au centuple le nôtre et tous ceux des autres…

A Dominique B. et ses beaux sourires.