CHANGE EST MON PARADIS, I
(extrait)
E n ce temps-là
je me perdais
dans le miroir aux alouettes
que me tendait
un petit dieu pervers.
En ce temps-là
le temps ne passait pas,
Je lisais
les Chasses du Comte Z.
et vivais dans l'effroi
de LA voir surgir
de l'ombre giboyeuse.
Profitant
d'un reste de jour
je suis sorti,
le soir tombait
l'orage grondait encore
du côté de Montsalvy.
Je regardai
le paysage dévasté,
l'éboulement du temps
les chemins effondrés...
Plus rien
ne venait à sa place...
des bêtes rôdaient
autour de la maison
Il y avait
sur le pas de la porte
un enfant triste
qui regardait
le soleil se coucher.
Sorti de la tanière
à l'heure
où la première fouine
naît au poulailler...
Parti sur les pas
de l'Homme à la lanterne,
je me jetai dans l'ombre.
Le jour couinait
dans l'entrebâillement
des portes.
Jean-Théodore Moulin, Change est mon paradis, I, éditions Obsidiane, Collection Le Carré des lombes, 2020, pp. 9-11. Encres de Pierre Lelièvre.