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Étienne Faure | Sortir, Éloge appuyé des bancs, Changements de saison

Publié le 02 décembre 2020 par Angèle Paoli

SORTIR L e harnachement des motardes en juin développe un hippisme léger, une occasion de défiler guillerettes en cuir, casque et robe assortis au scooter, fugace monture chromée qui stoppe au feu rouge, une jambe effilée à terre. Nouvelles chasseresses, crinière au vent, les amazones motorisées soudain accélèrent - vert ! - et filent à toute allure sur le boulevard Diderot puis Voltaire. Hue ! Verve des oiseaux. On dirait la campagne si folâtre au solstice d'été. Herbe et chevaux. ÉLOGE APPUYÉ DES BANCS U sant d'un carnet tête-bêche pour écrire, le remplir à l'endroit de ceci, à l'envers de cela, il sait qu'un jour les deux gageures, vers et prose qui progressent, vont se rencontrer, former un front redouté. L'une gagne du terrain - elle en est presque à la moitié du calepin -, quand l'autre ne hâte pas le pas. Piétine, même, tant l'avancée est mesurée. Prose et poème... Ainsi font les bavards du banc aux côtés des taciturnes - ou des résolument silencieux. Tempos et blancs. CHANGEMENTS DE SAISON E n remettant tes fringues d'automne tu retrouves dans tes poches les cueillettes de l'an dernier : trois châtaignes, un gland, deux faines, un colchique fané, et des morceaux de champignons secs. Telle une lecture ininterrompue - et la pensée qui va avec -, on reprend la tournure d'esprit de la saison où on l'avait laissée : mélancolique. Un vrai poème, ce paletot, où traînent encore des mots : Étienne Faure, " Sortir " (page 14), " Éloge appuyé des bancs " (pp. 24, 26), " Changements de saison " (pp. 39-40),
(extrait)
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(extraits)
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Attentifs, les collègues du banc écoutent un des leurs debout, face à eux, qui parle en avançant, recule, fait son théâtre, un bras levé pour asséner son texte, sa certitude. C'est le tribun du jour qui reste en vis-à-vis pour la conversation. Lui parti, les assis poursuivront leur dialogue côte à côte, sans même se regarder, l'œil rivé sur la scène d'en face : une petite fille avec sa maman qui joue à la poupée. " Tu as soif ma chérie ? - Nan. " La poupée parle.
(extrait)
Sécher ça
Basse saison
Sous le pardessus
Le soleil reviendra
Qui ne réchauffe rien.

Et puis prendre l'air des villes et des champs, poèmes en prose, éditions Gallimard, Collection Blanche, 2020.
Étienne Faure  |  Sortir, Éloge appuyé des bancs, Changements de saison
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