J’ai sorti de son carton mon petit arbre blanc, tout courbatu qu’il était après une année recroquevillé dans cet emballage. J’ai déployé ses branches de tous côtés, il soupirait d’aise en s’étirant, encore un peu ensommeillé. Il n’a pas tardé à me demander de l’habiller, bien au chaud l’instant d’avant, il frissonnait pourtant au coin de la cheminée. Je savais quel costume lui siérait volontiers, car le réveillon approchait… De magnolias et de houx blanc je l’ai paré, deux ou trois hiboux se sont invités, et quand de ses lumières il s’est paré, on aurait dit que Noël était arrivé !
La maison m’a aussitôt réclamé de quoi se signaler à qui viendrait, par hasard, nous visiter. J’ai posé sur le pas de sa porte un sapin tout de bois et de grillage bien adapté aux gelées et aux flocons de saison, un ou deux fruits rouges appuyés sur trois frondaisons et le tour était joué ! Mon douillet cocon pailleté semble prêt à honorer ces agapes hivernales, ne reste plus qu’à écrire et à poster une lettre sans faute et bien calligraphiée à l’intention du vieil homme barbu tout de rouge habillé qui de son traineau laisse tomber dans nos cheminées les cadeaux qu’on lui a suggéré…
j’ai beau chaque année, tenter de me convaincre qu’à mon âge, il est vain de croire à ce miracle, je ne peux m’empêcher de déposer au pied de mon arbre mes escarpins préférés… Jusqu’ici tout s’est bien passé… Mais je sais que ce fameux matin de la Nativité, au détour de l’escalier descendu à pas de loup, un petit bout de moi s’inquiétera de découvrir si cette fois encore le Père Noël aura pensé à moi…