LO SPESSORE DELL'OMBRA "L' aria è piena di anime" avverte Pitagora. E l'anima
(estratto)
è un vento che parla e la parola è corpo, gesto, cammino.
Ogni storia è groviglio di innumerevoli storie, cumulo
di abbrivi e di partenze. Non è perdita l'addio
se lascia tracce nelle stanze aperte del cuore.
Così, nel variare dei verdi, nel trasmutare dell'ora,
lui che ha volte si teme disperso, ombra lui stesso
d'inconsistenza, sa infine di stare nel poco che è molto,
di seguitare abitato da quanto ancora pulsa
e ripete un copione tutto da ampliare e da leggere meglio:
spettacolo interminabile con diversi attori e fondali
da cambiare di continuo. Ombre alle ombre si aggiungono,
hanno lo stesso spessore di quelli avidi e confusi
che vagano nel recinto brulicante dei vivi,
ma raffrenate queste da un patto concluso.
Non è uno spazio appartato, né uno stretto giardino:
recinto di fiori, di arbusti (la tuia, il loto, l'ortensia,
il gigantesco agrifoglio). È la sponda di un sogno
e tocca il cuore se il battito rallenta, abbuia le pupille
se è un altro vedere. In un tempo che esclude le ore
di un'estate fra tante, recide il presente, accosta
quel che sembrava perduto e lo fa chiaro e segreto,
ancora da intendere. Non è la discesa in un Ade
improbabile, non un viaggio nel paese dei Cimmeri.
È inadeguato chiamare ombre queste che si appressano
se all'ombra annettiamo il riflesso di una parvenza.
Non sono larve, frammenti. Hanno mani, hanno piedi,
e nomi e gesti. Abitatori di un mondo senza peso
si rendono alla durata. Scaglie di una lacerazione
si ritraggono all'ordito.
Alle domande mute mute rispondono.
Non abitano inferni vigilati da mostri
né paradisi sorvolati da angeli pazienti:
restano in mezzo a noi queste ombre, ci chiamano.
Hanno lasciato le loro carni a marcire
dentro loculi angusti o sotto strati di terra scura,
sono uscite dai corpi vuoti, senza respiro.
Tornano sciolte, leggere, nel rumore dei giorni,
niente del mondo potrà mai più toccarle.
Pare a volte di udirne la voce, ne ascolti la frase
che ti confortò o che ti offese. A volte ne scorgi
le mani irrequiete, il colore degli occhi.
A volte spostano una sedia, un libro,
un cuscino ricamato; a volte
ti precedono in una strada affollata
e nemmeno si voltano.
Ferme alle porte di una città senza nome
attendono solo che tu gli vada incontro
per un saluto breve.
Elio Pecora, "Lo spessora dell'ombra", L'ÉPAISSEUR DE L'OMBRE "L' air est rempli d'âmes " prévient Pythagore. Et l'âme Rifrazioni, Mondadori Libri, Collezione Lo Specchio, Milano, 2018, pp. 82-84.
(extrait)
est un vent qui parle et la parole est corps, geste, voyage.
Chaque histoire est un enchevêtrement d'innombrables histoires, une accumulation
d'élans et de départs. L'adieu n'est pas une perte
s'il laisse des traces dans les chambres ouvertes du cœur.
Ainsi, dans la fluctuation des verts, dans la transmutation de l'heure,
celui qui parfois craint d'être dispersé, lui-même ombre
de l'inconsistance, sait finalement qu'il réside dans le peu qui est beaucoup,
qu'il persiste, habité par ce qui bat encore,
et répète un scénario à développer complètement et à mieux lire :
un interminable spectacle avec des acteurs différents et des toiles de fond
qu'il faut sans cesse changer. Des ombres s'ajoutent aux ombres
elles ont la même épaisseur que ceux-là mêmes qui errent
avides et confus dans l'enceinte grouillante des vivants,
mais limitées qu'elles sont par un pacte conclu.
Ce n'est pas un espace à part ni un étroit jardin :
un enclos de fleurs, d'arbustes (le thuya, le lotus, l'hortensia,
le gigantesque houx). C'est le bord d'un songe
qui touche le cœur quand son battement ralenti, assombrit les pupilles
si l'on regarde autrement. Dans un temps qui exclut les heures
d'un été parmi d'autres, coupe-court au présent, s'approche
de ce qui semblait perdu et le rend clair et secret,
encore à concevoir. Ce n'est pas la descente dans un Hadès
improbable, pas plus qu'un voyage au pays des Cimmériens
il est impropre d'appeler ombres celles qui s'approchent
si l'on prête à l'ombre une apparence extérieure.
Ce ne sont pas des fantômes, des fragments. Elles ont des mains, elles ont des pieds
et des noms et des gestes, habitantes d'un monde sans poids
elles s'en remettent à la durée. Éclats d'une déchirure
elles se retirent dans la trame originelle.
Aux demandes muettes, muettes elles répondent.
Elles n'habitent pas des enfers gardés par des monstres
ni des paradis survolés d'anges patients :
ces ombres-là restent au milieu de nous, elles nous appellent.
Elles ont laissé pourrir leur chair
dans des niches funéraires ou sous des couches de terre obscure
sont sorties des corps vides, sans respiration.
Elles reviennent, légères, se fondent dans le bruit des jours
plus rien de ce monde ne pourra les toucher.
On dirait que parfois on entend leur voix, on perçoit la phrase
qui réconforta ou offensa. Parfois on aperçoit
leurs mains agitées, la couleur de leurs yeux.
D'autres fois elles déplacent une chaise, un livre,
un coussin brodé, il arrive
qu'elles vous précèdent dans une rue emplie de monde
et elles ne se retournent même pas.
Immobiles aux portes d'une ville sans nom,
elles attendent simplement que vous alliez à leur rencontre
pour échanger un rapide bonjour.
Traduction en français inédite d'Irène Dubœuf
pour Terres de femmes