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Lancelot de Fléchigné -4- Cambridge - Russell

Publié le 14 décembre 2020 par Perceval

A Cambridge, Lancelot suit des cours pour approfondir la langue anglaise, comme de nombreux étrangers.

Lancelot de Fléchigné -4- Cambridge - Russell Bertrand Russell (1872-1970)

Il a tardé pour contacter Bertrand Russell, comme le lui avait recommandé sa mère ; étant donné la popularité du personnage, ici... Finalement, il ose se présenter, et s'en voit récompensé, devant l'empressement de Russell pour l'inviter chez lui...

Il est de notoriété, ici, que Russell sort de prison, pour son action pacifiste. Russell en est très satisfait, cela lui a permis de lire et d'écrire son livre '' Introduction à la philosophie mathématique ''.

Une jeune femme, Dora, a rejoint Russell. Elle est féministe et matérialiste. Russell lui raconte les passionnantes discussions qu'il eut avant guerre avec Anne-Laure et J.B, les parents de Lancelot... Il se rappelle bien : « un beau couple uni, une sorte d'identité double, et fait de distinction simplifiée bien française ».. ! Selon les mots mêmes de Russell ; qui s'en amuse fort.... Mais, il exprime avec tristesse et révolte sa haine de la guerre, quand il apprend la mort de J.B. ….

Russell n'est pas surpris de savoir les raisons du choix de sa mère de l'appeler Lancelot... Mais, il l'est de se rendre compte à quel point le jeune homme est attaché à ce qu'il nomme ''La Quête''... Il se souvient de l'attachement d'Anne-Laure au concept du divin....

- J'examine les raisons qui pourraient appuyer ce concept, et je n'en vois pas... ! Du moins aucune ne me semble logiquement valide...

- Et des raisons pratiques, psychologiques … ?

Lancelot de Fléchigné -4- Cambridge - Russell
Discerner le vrai du faux...

- Il ne peut pas y avoir de raison pratique de croire en ce qui n'est pas vrai... ! Une chose est vrai, ou elle ne l'est pas !

- Mais, si on doute... ? Cette chose peut être, du moins, ''utile''... ?

- Oh...! On suspend son jugement... Croire en quelque chose, parce que c'est utile, me semble fondamentalement malhonnête... ! De plus, la plupart du temps, les règles dites utiles sont fausses, et font plus de mal que de bien … Ce qui nous est imposé, n'a aucune valeur... Et vous qu'en pensez-vous... ?

- Oui, si des règles, nous sont imposées, et que nous n'en voyons pas le sens ; elles sont peut-être fausses … Mais, à mon avis, une chose vraie, n'est pas une croyance ; elle est un savoir... Et, notre esprit ne peut pas se satisfaire seulement de connaissance qui ne seraient que des savoirs... Notre esprit nous appelle à imaginer, à expérimenter dans notre vie des intuitions, et même des raisonnements qui ne nous conduisent pas seulement qu'à des savoirs...

- Pourquoi... ?

- Mais parce que nous sommes limités aux conditions de notre existence... S'il y a un ''au-delà'', il ..

- La vie après la mort, n'a pas de sens... !

- '' L'au-delà'' ne fait pas partie de notre ''existence'', puisqu'il n'est pas créé... Il est ''tout-autre''... ?

- Bref.. ! Vous ne pouvez rien en dire !

- Non …. Pourtant les humains, n'ont jamais cessé de l'évoquer ….

- Et ce Graal, dont parlait votre mère... ?

- Nous n'imaginons en aucune façon trouver un graal... Pourtant, ma mère, mon grand-père, et beaucoup d'autres, ont pris et prennent le chemin de la Quête du Graal … !

Lancelot de Fléchigné -4- Cambridge - Russell
Dora Russell

- Vous aviez, je crois, avant la Révolution déjà, un ancêtre franc-maçon... ? Dora a étudié sérieusement le XVIIIe siècle Français...

Et à présent elle et Russell rêvent d'aller visiter la Russie soviétique, se faire une idée de la révolution bolchevique... Peut-être rencontrer Lénine … ?

Présentement Dora invite Lancelot à suivre des conférences à la ''Société Hérétique'' fondée en 1909 à Cambridge... Plusieurs membres de Bloomsbury y ont participé. Cette société anticonformiste est ouverte aux femmes ; elle s'interroge en particulier sur l'avenir de la Religion, et les règles et restrictions qu'imposent les religions... Son président en est Charles Ogden (1889-1957) ; et ce philosophe, linguiste va tenter de convaincre Lancelot, d'une méthode d'apprentissage de l'anglais, qu'il met au point, et destinée à promouvoir un ''anglais de base'', «  un sous-ensemble simplifié de l’anglais ordinaire » qui deviendrait la langue internationale...

Si de nombreuses sociétés, et multiples associations prospèrent à Cambridge, il en est une à laquelle Lancelot aurait bien voulu adhérer: l' ''A.N.O.M.'' l'association de ceux qui n'ont pas de mission, en sont exclus tous ceux qui se croient indispensables. La fondatrice de cette société est une française : Maryse Choisy, une bien agréable personne, qui vient de Saint-Jean-de-Luz et a grandi dans le château de sa tante, la comtesse Anna de Brémont. Elle étudie la philosophie, et Bertrand Russell est l'un de ses professeurs.

Lancelot de Fléchigné -4- Cambridge - Russell
Ramanujan, au centre

A Cambridge, tout le monde peut parler de Ramanujan (1887-1920), un mathématicien indien autodidacte. Découvert par Godfrey Harold Hardy (1877-1947) et associé avec le Groupe Bloomsbury et les Cambridge Apostles...

Les mathématiciens, ici, sont stupéfiés par l'originalité des formules qu'il présente, alors qu'il ne peut pas toutes les démontrer ; pourtant elles vont s'avérer exactes et démontrées plus tard … Il a beaucoup travaillé sur des constantes telles que π et e, les nombres premiers ou encore la fonction partition d'un entier... En 1918, il fut élu ''Fellow of Trinity College'' pour ses recherches sur les fonctions elliptiques et la théorie des nombres.

Il vient de passer cinq ans à Cambridge ; mais il est malade, et souhaite repartir en Inde...

Grâce à l'entremise de Russell, Lancelot peut approcher le génie...

Lancelot de Fléchigné -4- Cambridge - Russell

Ramanujan, à l'opposé de son soutien et ami G.H. Hardy, est un mystique... pour lui, une équation qui a du sens, exprime une pensée de Dieu.

Il a appris seul, sans formation formelle. Sans papier, alors, il imaginait ''de tête'', et progressait en écrivant sur le sol...

Véritablement obsédé par les fractions, les séries divergentes, les intégrales elliptiques et les séries hypergéométriques, Ramanujan se désespéra de ne pas obtenir la reconnaissance de mathématiciens. En 1913, il envoie une lettre à G.H Hardy à Cambridge, et cela allait changer leur vie, à tous deux...

Quand on l'interroge sur sa manière d'arriver à établir une équation, il répond « C’était la déesse Namagiri, qui m'est apparu dans mon rêve et m’a aidé à résoudre ce problème... »

Hardy, dut apprendre à son protégé certaines connaissances bien établies en mathématiques, mais il reconnaît qu'il a appris beaucoup plus de lui ...

Ramanujan est timide et calme, et s'anime dès qu'il expose ses idées mathématiques ou philosophiques... Pour lui, toutes les religions sont dépositaires d'une part de la Vérité, même si certaines observances religieuses peuvent être discutables....


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