La majorité des journalistes français ne sont plus là pour vous informer mais pour vous forcer à penser comme eux.
Par Hervé Azoulay
" La philosophie nous enseigne à douter de ce qui nous paraît évident. La propagande, au contraire, nous enseigne à accepter pour évident ce dont il serait raisonnable de douter. " Aldous HuxleyLes élections américaines ont donné un nouveau visage aux médias français et il n'est pas réjouissant. Après avoir oublié leur rôle d'observateurs impartiaux, après avoir passé leur temps à démolir Trump par tous les moyens, après avoir soigneusement dissimulé les scandales liés à Biden et à son fils, ignoré les fraudes électorales, voici les princes de la désinformation devant leurs responsabilités. Quelle sera la prochaine étape ? Alors les médias avez-vous oublié les bases du journalisme ? Est-ce l'idée que nous nous faisons des médias subventionnés par nos impôts ? Je ne suis pas un fan inconditionnel du Président Trump, mais il mérite d'être défendu car il est accusé injustement et interdit d'information par tous les médias. Mais aussi dérangeantes que soient sa personnalité et son caractère, ce n'est pas une excuse légitime pour les journalistes de penser qu'ils ont un devoir civique de s'assurer qu'il n'obtienne pas un second mandat. Vous ne pouvez pas avoir un pays libre sans une presse libre, mais vous ne pouvez pas non plus avoir un pays libre sans une presse équitable surtout si elle prend parti et pense qu'elle a l'obligation de se débarrasser d'un président qu'elle n'aime pas. La majorité des journalistes français ne sont plus là pour vous informer mais pour vous forcer à penser comme eux. Heureusement qu'il existe encore quelques journalistes de talent pour relever la médiocrité de certains qui ont oublié les principes de l'objectivité.
Danger pour la démocratieLa nouvelle classe dominante mondiale, les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) et les groupes financiers associés, concentrent entre quelques mains des fortunes telles que la planète n'en avait jamais connues. Cela devient une barbarie technologique autoritaire plutôt qu'un âge d'or d'épanouissement de l'humanité grâce aux progrès des sciences et des techniques. Les GAFA disposent de plateformes numériques à très lourds investissements financiers et bien calibrées pour gérer des milliards d'individus. Ces entreprises deviennent des nœuds incontournables sur le contrôle et la maîtrise de l'information et font peser une menace sur les citoyens, leurs objectifs étant de servir leurs propres intérêts financiers ainsi que ceux de leurs amis sans penser un seul instant à l'intérêt collectif ! Il faudra très rapidement diluer leur pouvoir médiatique par des cessions d'activités. Quant aux médias, ils ne sont pas populaires ces derniers temps. Critiqués, bousculés, violentés, ils sont la cible des gilets jaunes, notamment. On leur reproche leur partialité, leur soumission aux pouvoirs politiques et économiques. Le doute s'est immiscé depuis longtemps et il est le fruit des nombreux mensonges et manipulations dont les citoyens ont été l'objet depuis la fin des années 80. Qu'on se rappelle le nuage de Tchernobyl opportunément stoppé à la frontière (1986) et déjà tous ceux qui critiquaient cette absurdité étaient des conspirationnistes pendant que les médias mentaient impunément.
A ces précédents malencontreux s'est ajoutée la suspicion causée par la concentration progressive des médias entre les mains de quelques-uns et par une proximité suspecte entre politiques et journalistes. Si les politiques cooptent les journalistes, c'est bien que ces derniers leur ont rendu service. Un soupçon de renvoi d'ascenseur qui ne sert pas l'image de la profession journalistique, avec pour résultat des hiérarchies bancales, destinées surtout à favoriser le fameux audimat. Ce qui a aussi multiplié les erreurs, liées au désir d'aller toujours plus vite, comme le faux décès de Martin Bouygues ou l'arrestation de Dupont de Ligonnès relayé par l'AFP, avant d'avoir vérifié l'information. Une suspicion grandissante s'installe à l'égard des médias et des journalistes et surtout un repli d'une partie de la population vers des sources alternatives d'information. Quand les citoyens ne croient plus l'information de leurs médias ni celle émanant d'organismes publics (Insee, Pôle emploi, pôle santé...), c'est le début du doute généralisé et potentiellement du chaos. Comment en sommes-nous arrivés à cette situation ? Il suffit de regarder la formation des journalistes pour se poser quelques questions. L'Etudiant de mai 2018 écrivait que le profil des étudiants de l'ESJ Lille, l'école de journalisme la plus cotée de France, est bien celle des premiers de la classe. La proximité apparente du monde politique et de l'élite journalistique est renforcée par le fait qu'ils sont issus des mêmes écoles. Deux tiers des reçus détiennent un M1 ou un M2 et 73 % ont obtenu la mention bien ou très bien au bac et viennent en majorité de Science-Po. Ils ont souvent lu les mêmes livres ou bâti leurs opinions sur les mêmes références. Quelle similitude avec l'ENA et on peut s'en inquiéter quand on sait les dégats causés à la France par cette école qui excelle dans la langue de bois et la pensée unique !
La Cour des comptes a estimé dans son rapport de février 2018, que le montant total des aides aux médias est de 1,8 milliards d'euros. Si l'on inclut dans les dépenses de soutien aux médias la contribution de l'État au budget de l'audiovisuel public, ainsi que la contribution à celui de l'Agence France Presse, c'est plus de 4 milliards supplémentaires qu'il convient de prendre en compte.
Au total, près de 6 milliards d'euros d'argent public sont donc investis chaque année dans les médias en France.
L'efficacité des aides n'est pas démontrée dans la mesure où elles ne sont pas accompagnées d'exigences particulières des pouvoirs publics à l'égard des bénéficiaires, ni d'un contrôle très poussé sur leur utilisation. Ce sont des aides opaques, injustes et inefficaces qui produisent par contre une forme de dépendance à l'égard des pouvoirs publics qui n'est pas souhaitable dans une démocratie. En plus elles alimentent les comptes de grands groupes industriels et de milliardaires qui sont devenus propriétaires de médias qui peuvent être soupçonnés de les utiliser dans un objectif d'optimisation fiscale.
Une véritable liberté de la presse s'impose par la suppression des subventions publiques (c'est le cas en Suisse et en Grande Bretagne) et par une indépendance totale en matière éditoriale et financière. Le secteur de la presse n'est en rien différent des autres secteurs économiques et il doit être soumis à l'exigence de rentabilité, seul indicateur qui permet de mesurer l'adéquation du service aux besoins et aux désirs des consommateurs de médias. Supprimer également l 'abattement fiscal forfaitaire dont bénéficient les journalistes sur les salaires car il contribue à alimenter les doutes de l'opinion sur l'indépendance des journalistes à l'égard du pouvoir politique, ainsi que les missions de l'AFP sur l'actualité internationale dont l'objectivité est loin d'être démontrée. Et quand l'AFP se trompe (cela arrive souvent), une majorité de la presse nationale diffuse l'erreur.
C'est un mauvais signal pour la démocratie et il est grand temps que le professionnalisme journalistique devienne l'emblème de ce qui réconciliera les médias avec l'ensemble des Français.
Hervé AZOULAY
Hervé AZOULAY : Ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers, a été dirigeant dans de grands groupes internationaux (dont INTEL et SCHNEIDER ELECTRIC), co-fondateur de plusieurs entreprises innovantes, Business Angels, fondateur d'un des premiers réseau de Business Angels en France, Président d'un fonds d'investissement, Administrateur d'entreprises, Membre du Conseil de Surveillance, Président de sociétés et fondateur de plusieurs associations, intervenant dans de grandes écoles (dont Sciences Po et HEC), à l'université en France et à l'étranger (dont à Genève et à l'université de Renmin en Chine), auteur de nombreux ouvrages (dont un en Chinois " Les réseaux pour conquérir le monde " Ed. du Peuple Pékin) et de nombreuses Tribunes dans la Presse. Il est actuellement Président de la société ATHES Finance et Participations
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" Philosophy teaches us to doubt what seems obvious. Propaganda, on the contrary, teaches us to accept as obvious what it would be reasonable to doubt ". Aldous Huxley
The American elections have given a new face to the French media and it is not a happy one. After having forgotten their role as impartial observers, after having spent their time demolishing Trump by all means, after having carefully concealed the scandals linked to Biden and his son, after having ignored the electoral frauds, here are the princes of disinformation facing their responsibilities. What will be the next step? So have the media forgotten the basics of journalism? Is this our idea of tax-subsidized media? I'm not an unconditional fan of President Trump, but he deserves to be defended because he is unjustly accused and banned from information by all the media. But as disturbing as his personality and character may be, it is not a legitimate excuse for journalists to think that they have a civic duty to ensure that he does not get a second term. You can't have a free country without a free press, but you can't have a free country without a fair press either, especially if it takes sides and thinks it has an obligation to get rid of a president it doesn't like. The majority of French journalists are no longer there to inform you but to force you to think like them. Fortunately, there are still a few talented journalists to point out the mediocrity of some who have forgotten the principles of objectivity.
Danger to democracyThe new world dominant class, the GAFA (Google, Amazon, Facebook and Apple) and associated financial groups, are concentrating in a few hands fortunes such as the planet had never known before. This is becoming an authoritarian technological barbarism rather than a golden age of human flourishing thanks to the progress of science and technology. GAFA has digital platforms with very heavy financial investments and well calibrated to manage billions of people. These companies are becoming key nodes in the control and mastery of information and pose a threat to citizens, their objectives being to serve their own financial interests as well as those of their friends without thinking for a moment about the collective interest! It will be necessary to very quickly dilute their media power by selling off their activities. As for the media, they have not been popular lately. Criticized, jostled, violated, they are the target of yellow jackets, in particular. They are criticized for their partiality, their submission to political and economic powers. Doubt has long since crept in and is the result of the many lies and manipulations to which citizens have been subjected since the end of the 1980s. Let us remember the Chernobyl cloud opportunely stopped at the border (1986) and already all those who criticized this absurdity were conspirators while the media lied with impunity.
To these unfortunate precedents was added the suspicion caused by the progressive concentration of the media in the hands of a few and the suspicious proximity between politicians and journalists. If politicians co-opt journalists, it is because the latter have done them a service. A suspicion of a return of the elevator that does not serve the image of the journalistic profession, resulting in shaky hierarchies, intended above all to promote the famous ratings. This has also led to a multiplication of errors, linked to the desire to move ever faster, such as the false death of Martin Bouygues or the arrest of Dupont de Ligonnès, relayed by AFP, before the information had been checked. There is growing suspicion of the media and journalists, and above all a withdrawal of part of the population towards alternative sources of information. When citizens no longer believe information from their media or from public bodies (INSEE, Pôle emploi, Pôle santé...), it is the beginning of widespread doubt and potentially chaos. How did we come to this situation? One only has to look at the training of journalists to ask oneself a few questions. The May 2018 Student wrote that the profile of students at ESJ Lille, France's most highly rated journalism school, is indeed that of the top of the class. The apparent proximity of the political world and the journalistic elite is reinforced by the fact that they come from the same schools. Two-thirds of the graduates have an M1 or M2 degree and 73% received a good or very good grade in their baccalaureate, most of them coming from Science-Po. They have often read the same books or built their opinions on the same references. What a similarity with the ENA and one can be concerned when one knows the damage caused to France by this school which excels in the language of wood and single-mindedness!
Aid to the media: It's time to rethink everythingThe Court of Auditors estimated in its report of February 2018 that the total amount of aid to the media is 1.8 billion euros. If one includes in the media support expenditure the State's contribution to the public broadcasting budget, as well as the contribution to that of Agence France Presse, it is more than 4 billion additional euros that should be taken into account. In total, nearly 6 billion euros of public money is thus invested each year in the media in France. The effectiveness of the aid has not been demonstrated insofar as it is not accompanied by any particular requirements from the public authorities with regard to the beneficiaries, nor by very thorough control over its use. They are opaque, unjust and inefficient aid that, on the other hand, produces a form of dependence on the public authorities that is not desirable in a democracy. In addition, they feed the accounts of large industrial groups and billionaires who have become owners of media that may be suspected of using them for tax optimization purposes.
A true freedom of the press is imposed by the suppression of public subsidies (this is the case in Switzerland and Great Britain) and by a total independence in editorial and financial matters. The press sector is in no way different from other economic sectors and must be subject to the requirement of profitability, the only indicator that makes it possible to measure the adequacy of the service to the needs and desires of media consumers. Also abolish the flat-rate tax rebate that journalists enjoy on their salaries, since it contributes to fuelling public doubts about the independence of journalists from political power, as well as AFP's missions on international news, whose objectivity is far from being proven. And when AFP makes a mistake (which often happens), a majority of the national press spreads the error. This is a bad signal for democracy and it is high time that journalistic professionalism became the emblem of what will reconcile the media with the French people as a whole.
Hervé AZOULAY
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