Sur ce que contient l'idée de monarchie orléaniste d'Anne-Laure de Sallembier, après la Grande Guerre, et qui va sans-doute motiver l'engagement de son fils Lancelot dans l'Action-Française, du moins pour un temps...
Pour Anne-Laure, la révolution française ayant détruit l'édifice ancien, il ne s'agit pas de revenir en arrière... Après les échecs de Louis XVIII et Charles X, explicables par une malheureuse nostalgie d'un ordre ancien et périmé ; le royalisme semblait être devenu une cause perdue...
De plus, l'affaire Dreyfus, semblait avoir perdu le ''Parti du Roi'', dans le marasme réactionnaire des anti-dreyfusards ; tandis que les républicains consolidaient le régime en place...
Révolution_Valmy-Vive-la-nationLa République conduit à la guerre...
L'Etat-nation est né de la révolution française, le nationalisme en est son exaltation. Le citoyen est subordonné « aux intérêts exclusifs de la nation, de l'Etat-nation, à sa force, à sa puissance, à sa grandeur. » ( Winock).
Les révolutionnaires de la première république de 1792, s'opposaient à l’Europe des dynasties ; et rêvaient d'exporter la révolution pour construire – disaient-il, l'Europe des nations …
La République française ( et même l'empire des deux napoléons) devient hégémonique : « Cette tradition, c'est celle qui fait de l'histoire de France celle de l 'humanité. » Michelet
La commune de Paris, jusqu’au-boutiste – lors de la guerre avec la Prusse - reproche au gouvernement « d'avoir failli à sa mission de défense nationale » ( Winock).
L'esprit de revanche sur l'Allemagne, va participer à fonder la IIIème République
Ce nationalisme républicain, est pour la comtesse de Sallembier, une des causes des guerres de 1870, puis de 1914...
Mais, elle va regretter le syncrétisme de Maurice Barrès qui va intégrer sa vision nationale de la Révolution, au monarchisme sectaire de Maurras... !
Beaucoup de monarchistes, et en particulier dans la noblesse ancienne, ne vont jamais adhérer aux idées de Maurras...
Pour Maurras, les intérêts de la personne sont subordonnés à la nation, y compris la monarchie et L’Église... Pour cette raison, les amis de la comtesse- qui ne reconnaissent pas la Nation - se disent ''légitimistes'' pour se désolidariser des monarchistes maurassiens.
La dynastie royale se voue au royaume, et ce sont ses devoirs qui la rende légitime. Elle se doit humble, et reçoit sa vocation de Dieu. L'Eglise se porte garante ; de fait, elle ne peut être nationale ( gallicane).
Anne-Laure, condamne le colonialisme, conséquence de l’universalisme républicain...
L'individualisme relève des idées que portent la république, et qu'elle souhaite universelles...
La comtesse de Sallembier n'aime pas le mot ''aristocratie'' qui se prête aux ''privilégiés'' du régime en place, et qui possède la richesse... Il y a bien sûr, aussi, une aristocratie de la République …
Elle préfère le mot de '' noblesse '' qui évoque le devoir et l'honneur... La noblesse s'acquiert par la famille, et le mérite....
Pour les légitimistes, la Grande-Guerre est une guerre civile.
L'Europe des peuples existe. Elle s'est construite au travers de grands faits culturels qui ont traversé cette entité : les pierres levées ; les grands textes fondateurs grecs, germains, celtes qui ont nourri tout l'espace carolingien ; les grandes légendes de la Table Ronde ou des Nibelungen, le monachisme chrétien, la révolution gothique, la Renaissance, etc...
Le XXe siècle, commence avec l'emprise de cette idée ''nationaliste', et l'effondrement de trois empires. Se préparent alors l'avènement de régimes nouveaux, et l'éminence d'une nouvelle guerre que Bainville prévoit...
Chaque personne s'inscrit dans une lignée, une langue, une religion. La Tradition porte cette identité avec ses coutumes, son histoire ; elle s'inscrit dans un temps et un espace particuliers. La Tradition définit un peuple. Chaque peuple est singulier, aucun n'est supérieur à un autre...
Pour tout dire, Anne-Laure de Sallembier, regrette l'engagement de son fils dans l'Action Française...
«Mieux qu’à restaurer la Monarchie, l’Action Française cherchait en fait à instaurer sa propre monarchie... » Colette Capitain, historienne - L’idéologie de l’Action Française.