où il sera question de vœux, de brouillard, d'Henri Calet, de Proust et de Man Ray
avançons tranquillement,
et sortons du brouillard, ensemble
Comment ça, ils ne sont pas très optimistes mes vœux pour 2021 ?
Mais si !
J'ai oublié où j'ai entendu ça ces derniers jours, c'était repris d'un slogan en anglais je crois (keep calm and carry on, ou ressemblant), mais j'ai trouvé que c'était sage, engageant, et serein ; j'ai rajouté le brouillard...
Quant à 2020, c'est du passé, n'en parlons plus, comme dans la chanson.
Allez, on y croit ! Bonne année !
Parmi les bonnes nouvelles rares de cette fin d'année : le 11 mars, paraîtra aux éditions PUL (Université Lumière Lyon 2) Je ne sais écrire que ma vie, un recueil de textes de mon cher Henri Calet (1904-1956) rassemblés par Michel-P Schmitt, préfacé par Joseph Ponthus-Legurn.
J'attends aussi avec gourmandise le nouveau roman d'Éric Plamondon, Aller aux fraises (Quidam, 4 février), Vivonne de Jérôme Leroy (La Table Ronde, 7 janvier), et le huitième roman d'Erwan Larher (titre non révélé, Quidam, 16 mars).
Pour le cinéma, le théâtre et les expos, chat échaudé craignant l'eau froide, je ne fais plus de projet...
Il y a bien eu des ersatz-web parfois formidables qui ont fait le job en attendant mieux, comme les lectures en directlien de À la recherche du temps perdu par la Comédie Française ; tous comédiens excellents, différents : les mains de Gallienne, la madeleine de Stocker, le casque de Podalydès , l'ironie de Laurent Lafitte, l'impassiblité de Michel Vuillermoz, etc. ; un marathon dont la ligne d'arrivée est encore lointaine, mais dont je rate de plus en plus souvent l'étape quotidienne (encore une occasion un peu foirée d'aller plus loin qu'Un amour de Swann !).
Ce renoncement progressif à Marcel est d'autant plus misérable de ma part que c'est à lui que je dois l'improbable résurgence d'une jolie histoire familiale.
Un soir de décembre, donc, je partage sur ma page facebook l'annonce du live proustien de la Comédie Française, histoire de faire part, un brin pédante, de mon plaisir.
Un commentaire et une invitation à correspondre arrivent bientôt :
Tilly, Happy to join you and your family (and Marcel) on FB. My mom would be so happy we renewed our friendship after so many years!
Comme tout ceci s'est passé en public, je pense pouvoir citer les noms sans être indiscrète.
Jean-Jacques Strayer est le fils de Jeanne, qui malheureusement n'aura pas su que le fil rompu entre les familles Bayard et Strayer venait d'être renoué par son fils via un réseau social.
Jeanne est décédée en avril, cette année. Je ne sais pas exactement quel âge elle avait, mais cette amie de jeunesse de maman était presque certainement centenaire !
Jeanne-la-Bretonne et Suzel-la-Normande, travaillaient ensemble (secrétaires ?) dans un bureau parisien, tout juste après guerre.
Puis Suzel a retrouvé son ami d'enfance (mon père) et l'a épousé en 46.
Quant à Jeanne, c'est un GI qui l'a enlevée !
Installée à Rye (NJ), elle a eu trois enfants, et fait venir ses deux sœurs qui se sont à leur tour mariées aux États-Unis.
Maman me racontait que les cadeaux qu'envoyait Jeanne pour moi étaient très remarqués au square des Batignolles (peluche Dumbo, salopettes OshKosh, etc.). Jean-Jacques est né en 50, moi en 49.
Là maintenant, j'aurais des tas de questions à poser à maman... car j'ai beaucoup oublié sur leur histoire.
Dans les années 70, Jeanne a envoyé sa plus jeune fille Marianne étudier le français en France ; elle louait une chambre de bonne rue Tronchet ; elle venait le week-end à Orsay où nous habitions ; une jolie jeune fille blonde entichée de Paris, et que nous avons eu du mal à décrocher de l'habitude de faire ses petites courses chez Fauchon ! Marianne est morte trop jeune d'un mélanome malin. Elle avait eu un petit garçon.
Mes parents sont restés en contact avec Jeanne qui venait régulièrement voir sa famille en Bretagne. Sur la route elle passait voir Suzel et Charles. Eux ne sont jamais allés à Rye. Le temps a passé, maman est partie en 2007. C'est moi qui ai posté le faire-part de décès de papa en février 2019 à l'adresse de Rye, sans trop savoir si Jeanne était toujours de ce monde.
Jean-Jacques a pris sa retraite de bibliothécaire à l'Université, et s'est occupé de sa mère les six dernières années, dans la maison qu'elle occupait depuis... circa 1946.
L'an prochain si covid veut, il viendra avec la plus jeune des trois sœurs (Edith doit avoir autour de quatre-vingt cinq ans) revoir la famille bretonne.
J'espère les rencontrer. Merci à Marcel et à son fan américain !
>> autres coups de cœur...
Cette fois-ci, coup de projecteur sur le blog de Marc Lenot : Amateur d'Art par Lunettes rouges.
Ce scopophile invétéré (c'est lui qui l'écrit) aurait encore plus mal vécu l'impossibilité de visiter musées et expositions, s'il n'avait eu l'idée formidable d'aller baguenauder dans les églises parisiennes ouvertes, elles ; et de faire pour nous des comptes rendus illustrés de ses découvertes, de Saint-Germain-l'Auxerrois à Saint-Séverin, en passant par Saint-Germain-des-Prés, Saint-François-Xavier et al.
On n’est pas à Rome, Naples ou Venise. 95% des œuvres d’art dans les églises sont de qualité médiocre, voire épouvantable, sans la moindre recherche artistique (et j’ai visité aussi quelques églises sur lesquelles je n’ai pas écrit, n’ayant RIEN à dire).
Plutôt qu’à l’architecture des églises, domaine dans lequel je suis peu compétent et ne vous dirais que des banalités, je me suis intéressé aux œuvres d’art, surtout des peintures, quelques sculptures et des vitraux. Et j’ai fait quelques belles découvertes, en espérant avoir donné à des lecteurs l’envie de suivre mes périples.
Ce furent des visites intéressantes, agréables, avec parfois de beaux échanges. Tirer parti de la pandémie pour sortir des chemins battus. Mais point trop n’en faut. Dix suffisent, pour l’instant.
Scopophile... qui a plaisir (phil) à regarder (scop), observer, admirer (ou pas).
Nul doute que Man Ray en était un autre !
Et que dire de ceux qui regardent avec bonheur ceux qui aiment regarder... comme les frères François et Stéphan Lévy-Kuentz.
Scopophiles puissance deux, fois deux ? Cela donne Un été à la Garoupe, étonnant film documentaire où l'on voit un groupe de touristes mettre en scène leurs vacances dans le midi, devant la caméra de l'un deux...
Oui mais voilà, on est en 1937, le cinéaste c'est Man Ray, et les amis sont Picasso, Paul Eluard, Nush, Dora Maar, Lee Miller... Il y a aussi Ady Fidelin, la jeune compagne de Man Ray, plus que photogénique ! Quel bel été !
Phillipe Bonnet consacre un article à ce film merveilleux sur son blog,lien Les soirées de Paris, Congés 37, extraits :
ce documentaire de François Lévy-Kuentz, tombe assez juste en regard de tout ce qui est devenu brutalement tabou cette année.
Un été à la Garoupe nous donne furieusement envie de faire les valises séance tenante, mais on attend toujours une autorisation de la tour de contrôle. Que c’est long.
>> moi, par mois
juste avant : reconfineries, novembre 2020
juste après : un jour peut-être...