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Lancelot à Paris : 1920 – René Guénon -1-

Publié le 31 décembre 2020 par Perceval

Anne-Laure de Sallembier, note avec regret le rejet - de la part de nombreux d'Action Française ( A.F.) - de la philosophie allemande, de Kant ; mais aussi de Bergson, de Blondel … Elle corrige le ''politique d'abord'' de Maurras, en précisant qu'il signifie l'antériorité et non la primauté du politique... Effectivement, il faut commencer par l'humain , à l'image de l'ordre naturel, avant d'imaginer construire un ordre divin, sur terre et qui serait alors totalitaire... ! L'abbé Degoué, rétorque : « métaphysique d'abord car c'est la notion même de l'existence et de l'être qui se trouve en jeu. » ( De l'homme à Dieu, Maritain)

Lancelot à Paris : 1920 – René Guénon -1- Jacques Maritain 1930

La mère de Lancelot, n'approuve pas les critiques de l'A.F. Sur la ''Société des Nations'' ; pour elle c'est un premier pas vers l'idéal de l'unité universelle ; voire même un ordre mondial dont Lancelot et Anne-Laure ont bien souvent entendu parler au sein du groupe de Bloomsbury...

Le père Degoué rejoint Maritain quand il dénonce le monde moderne « fondé sur les deux principes contre nature de la fécondité de l'argent et de la finalité de l'utile »

Jacques Maritain ( 1882-1973) s'associe avec Maurras, pour créer la ''Revue Universelle'' et continuer sur cet élan. Le premier numéro parait le 1er avril 1920 avec comme directeur Jacques Bainville et comme rédacteur en chef Henri Massis. Maritain doit en assumer la chronique de philosophie.

La fille du peintre symboliste, Noëlle Maurice-Denis, souhaite y participer, et leur présente un philosophe ''hors cadre'' René Guénon (1886-1951). Elle l'a entendu lire un travail sur « La métaphysique orientale». Elle est transportée d’enthousiasme et tente de l’introduire dans les milieux néo-thomistes qu’elle fréquente, ainsi que dans celui de l’Institut catholique de Paris.

Lancelot à Paris : 1920 – René Guénon -1-
René Guenon 1925

Par chance, Lancelot est présent avec Bainville, rue du dragon, quand René Guénon y passe... Ils s'en retournent tous les deux, et décident de continuer une conversation prometteuse dans un café proche... En effet, quand Lancelot a prononcé le mot ''Graal'' dans sa présentation, René Guénon ne l'a plus quitté des yeux.

Ils s'amusent également chacun de se reconnaître comme amateur de mathématiques, Guénon ayant commencé une licence de mathématiques, avant d'être happé par sa recherche plus impérieuse d'une expérience spirituelle, avant d'être intellectuelle …. Et Paris, offre mille propositions qu'il s'est empressé d'expérimenter... En peu de temps, Lancelot comprend que Guénon ne craint pas de se fourvoyer... Il commença avec Papus, et son école Hermétique, ses prétentions paranoïaques l'ont mis en garde contre les périls charriés par ces sortes de secte... La transmission dont se réclamait Papus , dont celle des ''Elus-Coens'', ou de Joseph de Maistre, était fictive...

Il s'est approché également de loges maçonniques d'obédiences irrégulières, jusqu'à atteindre de hauts grades ; expériences décevantes également...

Guénon dénonce également l'erreur spirite, ainsi que le Théosophisme...

Ce qu'il reproche à ces mouvements c'est d'avoir fabriqué de toute pièces à partir d 'éléments disparates ( syncrétisme) une pseudo-théorie qui reposent sur aucune filiation authentique... Il les a fréquenté, étudié de l'intérieur...

Et, finalement il préconise de s'attacher à retrouver dans les religions le fond traditionnel qui leur est – à toutes – commun... Cette métaphysique est ce que Guénon nomme l'ésotérisme ; l'exotérisme étant la présentation faite à tous, qui s'adapte selon le temps et le lieu … « La langue Métaphysique par excellence est le symbolisme, capable de mettre en relation tous les degrés de la manifestation universelle, ainsi que toutes les composantes de l'Être. Le symbolisme est le moyen dont dispose l'homme pour "assentir" à des ordres de réalité qui échappent, par leur nature même, à toute description par le langage ordinaire. »

Lancelot à Paris : 1920 – René Guénon -1-
Olympiades - 1920

Lancelot sent dans cet homme jeune, grand, frêle, malhabile, et très attentif, un possible grand-frère ; quelqu'un qui pourrait le comprendre, et le conforter ou non dans ses choix... Comme, celui de la politique et de l'Action Française ; de la religion et de l'Eglise catholique ; de la science ou de la métaphysique... Ou encore, s'engager dans une voie et pour quel avenir... ? Quelles études... ?

Ce qui est incontournable : la Quête, le Graal... Ses ancêtres, son grand-père et aujourd'hui, sa mère dont il ne se doutait pas à quel point elle a continué cette recherche, et qu'elle a préparé ce chemin qu'il se doit aujourd'hui d'emprunter...

Guénon l'écoute et le questionne sur cette connaissance relayée de génération en génération, dont Lancelot se dit le témoin et l'héritier... Cela évoque pour lui, ce que la Tradition devrait être pour chacun de nous ; et comment elle se transmet : de maître à disciple...

A suivre...

Lancelot à Paris : 1920 – René Guénon -1-
Mikhaïl Nesterov

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