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Étienne Faure, Et puis prendre l’air par Angèle Paoli

Publié le 02 janvier 2021 par Angèle Paoli

LES CHUTES DU POÈTE-ÉCUREUIL span>

t puis prendre l'air. Le titre choisi par Étienne Faure pour son dernier recueil de poèmes m'a d'emblée fait sourire. Pour sa formulation familière perçue comme une incitation joyeuse à l'escapade. Pour les non-dits qui se cachent sous cette formulation. Et pour l'humour du poète qui déjà pointe sous cette invitation séduisante. Prendre l'air ? OUI. Peut-être et, paradoxalement, commodément installée dans mon fauteuil pendant que je parcours les pages du livre. Cet ouvrage m'encourage en effet à prendre l'air, sourire aux lèvres.

Répartis en dix sections, où alternent dehors et dedans, fermé et ouvert, ville et campagne, campagne et littoral, proche et lointain, les poèmes en prose d' Et puis prendre l'air offrent un panaché de possibilités, de saisons et de lieux. D'humeurs. Un éventail très diversifié de portraits pris sur le vif, de natures mortes plus que vives et de saynètes drôles à souhait. Et qu'y avait-il donc antérieurement à ce " et puis " ? La vie, sans doute, avec son contingent d'obstacles, de contraintes et de pesanteurs, d' impedimenta quotidiens. Mais nous n'en saurons rien. Presque rien.

Sortir donc. Pour quoi faire ? Les réponses sont multiples, comme le suggèrent les intitulés des différents chapitres du recueil (dix au total). " Sortir ", intitulé de la première section, " Prendre l'air ", intitulé de la dernière section. Entre ces deux pôles, le regard vagabonde, captant au passage des mots que tout semble opposer et que l'on pourrait s'amuser à classer par binômes : bancs/mûres, cloîtres/cave, etc. Une composition mouvante, tout en contrastes, pareille aux tableaux d'une exposition. Animée.

Sortir donc, pour se ménager des " appels d'air ". Ce que suggère le vers de Charles Baudelaire, choisi par Étienne Faure en exergue de la dernière section de son recueil :

" Oui, c'est là qu'il faut aller respirer, rêver, allonger les heures... " (Petits poèmes en prose).

Sortir pour " changer de décor ", pour mettre le temps au défi, pour résister à toute propension à l'enfermement ; pour voir la campagne défiler derrière la vitre d'un train, lequel " fabrique dans le paysage une écriture par hypallage, télescopage... " ; pour le bonheur de parler oiseau, de se prélasser dans un champ fraîchement coupé ou de s'adonner à un luxueux farniente sous le soleil des tropiques. Prendre l'air pour se livrer à l'observation de la nature, ce en quoi le poète excelle. Et puis, " prendre les airs " pour mieux " prendre ses distances. "

Le programme - ou plutôt son envers ; voire son absence - est irrésistible. Et le plaisir du texte et des mots, assuré. Cela commence avec le choix des épigraphes. Qui sont à elles seules autant de fins scrupules (dans l'acception de " petits cailloux ") conduisant nos pas vers la liberté. Ainsi de ce vers d'Armen Lubin, cité en ouverture de la première section " Sortir " :

" Je me suis fabriqué une fenêtre sans rien autour. " Ou cette autre, sur la même page, empruntée à Jacques Vaché :

" Nous marchons au petit bonheur, et rien ne peut être prévu. "

Ou encore cette citation empruntée aux Caractères de La Bruyère, qui annonce, me semble-t-il, la pirouette finale, sur laquelle se clôt le recueil :

" Je descends dans la ville, où je n'ai pas couché deux nuits, que je ressemble à ceux qui l'habitent : j'en veux sortir. "

Autant de considérations qui préludent à l'esprit du recueil et éveillent l'intérêt du lecteur, ivre à son tour de liberté grande.

Plutôt concis dans leur ensemble, les poèmes en prose d'Étienne Faure sont autant de portraits croqués sur le vif. Réduits à l'état de passants ou d'éphémères protagonistes, les humains sont saisis dans une écriture marquée par sa vivacité. Ainsi du premier poème de " Sortir ", constitué d'une suite énumérative remarquable de célérité. Une seule phrase interrogative, sans pause, avec des relances. Puis, soudain, une chute inattendue. Un mot pour couper court. Un seul. " Printemps ". Dans d'autres poèmes, ce sont les exclamatives qui donnent le tempo, celui échevelé de motardes, chasseresses vrombissantes dont les chevauchées s'harmonisent avec la " verve des oiseaux ". Le poète, tout comme les personnages qu'il montre en action, ne s'appesantit pas. " Dehors, les hommes sont des passants ", écrit Joseph Roth cité en exergue de " Sortir ". Tournant la page, le poète fait de même.

Cette démarche d'homme pressé n'empêche nullement le poète de prendre son temps. Le temps de l'observation et de l'analyse. Voire de la méditation. Mais, quel que soit le moment et quelle que soit l'humeur, le talent d'observateur d'Étienne Faure est toujours aux aguets. Tous sens en alerte, le poète capte les rumeurs de la ville, reconnaissables à leur compacité. Ainsi les bruits de la vie et les cris des oiseaux varient-ils en intensité selon les saisons. Les odeurs, selon les quartiers. Les images ramènent au premier plan une réalité empreinte de son bruitage habituel. Au passage, le Paris d'antan ressurgit lui aussi, avec ses mots anciens et ses jurons, ses vieilles calèches et ses rumeurs oubliées. Et ce projet qui s'énonce sous la plume enthousiaste du poète :

" Il faudrait faire un livre rien qu'avec des phrases disparues de Paris, et les bruits qui allaient avec... "

Les " natures mortes " s'animent, teintées d'une noble exaltation dans l'évocation savoureuse des pommes de terre :

" ... des Bintje, des Fontenay, des Charlotte et des Ratte, et des Roseval... Ô rues reconnaissantes à la chair dure et ferme, fondante ou farineuse, en gratin, en purée ou en robe des champs - ou en hachis. Il rôde une odeur de frites dans les rues adjacentes " ( in " Sortir ").

Le temps a passé sur les hommes, sur leurs petites histoires et sur la grande Histoire, mais les clichés du langage demeurent, avec leur accent désuet et cette gouaille d'une autre époque. L'ancien et le nouveau se côtoient et alternent sous la plume alerte et colorée, vive et savoureuse du poète, amoureux des mots et fin analyste de l'humain.

Au premier volet de " Sortir ", tout en mouvement, succède le théâtre des bancs publics, tout en ralentissement, en suspens et en attentes. Le cycle de " L'éloge appuyé des bancs " s'ouvre sur l'expression anglaise : Wait and see, devise de l'observateur patient qui a momentanément délaissé la vitesse urbaine et sa frénésie pour la lenteur qu'offre " l'auberge du banc ". Le cycle se clôt sur l'interjection Go !, signal de prompt départ, qui, en deux lettres et une seule syllabe, invite à une remise en orbite accélérée. En attendant, le poète prend plaisir à décliner toutes les variations qu'offre à son inspiration le banc des squares et jardins. Ici, prendre l'air, c'est avant tout " se tenir hors la pénombre de la cambuse - la turne, la piaule, le cagibi. " Et le banc, contrairement à la piaule, est un lieu ouvert, un lieu " collectif ", où toutes les rencontres sont possibles avec les " collègues de planche ". On peut se poser là et se taire ou se lancer dans un discours digne d'un tribun ; on peut s'installer sur " les planches " pour capter sa part de soleil. Squatter pour un temps indéterminé ou, au contraire, ne séjourner que le temps d'un repas pris sur le pouce. Le poète ne craint pas de stationner, l'air de rien, parmi d'autres résidents, ou mêmes gisants, observant les us et coutumes des siégeants, grapillant ici et là des bribes de conversations " dans une langue des jours ouvrables ", tendant l'oreille aux propos qui s'échangent et qui, sous sa plume, ne manquent pas de sel. L'occasion pour lui, au passage, de se moquer gentiment de la littérature people qui surgit au hasard de la lecture d'" un magazine oublié " là ; de donner quelques définitions des bancs, " ces noirs récifs que nul regard n'accroche " ; de méditer sur l'osmose qui tôt ou tard se fait entre l'occupant des planches et les planches qui l'hébergent : " Qui sommes-nous ? Pénombre et obstacle ensemble, ombres en peine. Les bancs. "

Tout un théâtre de passants inconnus s'improvise sur les " planches " des bancs des villes. Échanges qui associent le regard et l'ouïe, ponctués d'exclamations, de jeux sur les mots et sur la polysémie. Chaque poème est un tableau vivant et drôle, dans lequel le poète jongle avec les registres de langue. Le rideau tombe parfois sur un mot unique qui clôt la scène. Ou par une réplique enlevée, à une tonalité inattendue :

" Puis quittant le banc comme on sort de table, on joue les filles de l'air, salut les mecs, à la revoyure ! ".

Le lecteur aurait pu imaginer que le Go ! final de la seconde section ouvrirait sur une échappée mouvementée et virevoltante. En réalité, c'est de retour de voyage qu'il s'agit et de retournement de situation. " Changements de saison ", changement d'activités, changement d'état d'esprit. L'automne est là. Le voyageur troque son bronzage pour son corps fatigué ; range ses rêves et ses valises et sort son anorak aux poches débordantes de trésors oubliés. Loin des dattiers de Rabat, il renoue avec les natures mortes de l'automne, poires, noisettes et châtaignes :

" Telle une lecture interrompue - et la pensée qui va avec -, on reprend la tournure d'esprit de la saison où on l'avait laissée : mélancolique. "

Cependant, l'été indien, chaleureux mais trompeur, ravive les couleurs de l'automne " magnifique de bonté, généreuse saison ". Et rend le poète à ses rêveries enthousiastes. Mais si Étienne Faure, tout au plaisir sensuel de ses observations, se prend au jeu des portraits de l'enfance :

" Si c'était un tableau - nature morte, je trouverais les couleurs surfaites, trafiquées... ",

c'est pour revenir, non sans grande modestie, sur son travail d'écriture :

" Mais ce n'est rien qu'un texte qui donne à voir présentement ce qu'il peut, du haut des mots que chacun utilise, selon sa palette et ses yeux ".

C'est sans compter avec le grand talent dont le poète fait usage. Car il possède, plus que tout autre, cette " dextérité des mots " qui fait le régal du lecteur. Jouant en espiègle avec le temps, jonglant avec les saisons et les jours, le poète offre au lecteur des tableaux dignes des peintres flamands, lesquels excellaient en natures mortes de " comestibles " ... " lièvres, perdreaux... sangliers, viandes faisandées bardées de poils, de plumes, de soies ensanglantées... ". Et le temps s'accélère, les nuits succèdent aux jours, et une saison chasse l'autre. On retrouve l'automne qui fait revenir, avec la chute des feuilles, le temps de l'enfance, " temps des dictées, des clichés, des rédacs, des poèmes, toutes ces feuilles resurgies pâles, jaunes, rousses, qui craquent dans les crânes. Puis le soleil rasant allongeant le pas, les ombres s'allongèrent plus avant. "

Avec " Claustrales ", d'une tonalité toute différente, nous pénétrons dans le monde clos de la méditation, un monde incisé dans la pierre - peut-être à la manière de Callot ou de Rembrandt - et habité par les ombres. Guidé par un vers extrait de Gaspard de la Nuit ... " [v]os pas y heurteront sous l'herbe des pierres qui ont été des clés de voûtes ", le poète met ses pas dans les pas du poète Aloysius Bertrand et entraîne le lecteur à sa suite dans une promenade au cœur d'un cloître " où l'ombre tourne autour des piliers " (in Gaspard de la Nuit, " École Flamande, Le Maçon "). Ombres et lumières qui jouent sur les chapiteaux ou dans les feuillages du jardin ; ombres des mots anciens qui circulent encore, tel le mot Réfectoire, chargé des souvenirs d'une " vie antérieure de moine ". Les poèmes se conforment aux déambulations du poète guidé par un " il " sans visage confondu avec l'ombre de son corps. " L'ombre de nos corps est moins dense que celle de l'if ou du cyprès, et nous la déplaçons avec nos bures... " confie le " il ", soudain rejoint par des " voix aux contours mystiques ", avant qu'il ne regagne le silence où règne le seul murmure du ruisseau.

Un tout autre air succède à l'air révolu et nostalgique des cloîtres. C'est de " l'air du temps " que bruissent les lieux courus de la ville. " Cocktails, vernissages et théâtres ". La vie nocturne a aussi ses adeptes, " les fêtards, les noceurs, les noctambules de toutes plumes qui prospèrent nuitamment dans les caves... ". Le poète reprenant pied dans la vie sociale, in medias res, côtoie les masques qui déambulent, verre à la main, dans les salons à lambris. Il retrouve sa verve et sa langue tant ajustée, suit parfums et regards, observe les accolades amicales et les œillades, attrape au passage des bribes de conversation, suffisamment pour se faire une idée de la belle et de son " charme de butineuse ", reprend à son compte - pour varier et agrémenter les tableaux de son prochain livre - les travers du langage à la mode :

" à cette heure de la soirée le tic le mieux partagé, ce retour régulier d'un mot, d'une expression, tu vois, le mécanisme pendulaire à l'intérieur de soi qui ponctue la phrase, la scande et la relance à nouveau, tu vois, laisse un instant le temps mort des idées se reprendre, respirer puis repartir de plus belle, tu vois... ".

C'est dans la section " Aux coins du globe " que je retrouve sous la plume d'Étienne Faure le mot " scrupule " employé supra dans le sens de " caillou ". C'est sans doute que je l'avais remisé dans un coin de ma mémoire après avoir lu les poèmes sur la Guyane. " Cayenne, vieux cailloux, faux scrupules " :

" Disant Cayenne, c'est caillou qui surgit, cassé, roulé, descendu des ravines envahies de lianes, ou alors un oiseau excentrique, exotique, incompris, un cayenne aux plumes d'or et d'argent, rouge et bleu, qui caquette, non, cancane, non carcaille au passage des pirogues... ".

Les sauts de puce dans les Caraïbes se poursuivent, où l'on croise, outre la Caravelle de Christophe Colomb et sa cohorte de flibustiers, une profusion tropicale, riche en formes et couleurs, mais étouffante. L'occasion pour le poète de s'adonner aux plaisirs de la langue et de tourner autour du participe passé offusqué, en déployant le champ lexical du feu/fournaise/touffeur/étouffement/asphyxie...

Le retour hors du " bleu outremer " s'accompagne d'une certaine amertume face au côté dérisoire de ce qu'il reste du rêve. Et, sans doute, contrairement à la grande majorité des voyageurs friands d'exotisme, Étienne Faure est-il de ceux qui gardent pour eux leurs souvenirs égotistes :

" Je ne vous envoie pas ma photographie ", écrivait Arthur Rimbaud dans sa Correspondance.

En revanche, Étienne Faure rapporte dans ses bagages quelques touches assez drôles sur lui-même et une philosophie de la vie exotique ramenée à l'essentiel :

" Vivre en tongs fut longtemps son rêve...

La vie envisagée via les doigts de pieds ".

De retour à la ville, le poète voyageur s'active dans d'autres escapades. Entrer/sortir. Revenir/repartir. Les poèmes d'" Hôtels et retours " déclinent les passages d'un lieu à un autre, d'une région à l'autre. Égrener les noms vieillots des hôtels de France est déjà en soi une invitation au voyage, même si un peu compassée, comme les photos jaunies des albums. Une forme de poème en somme. Dans la chambre qui lui échoit, le voyageur " caméléon " s'adapte aux couleurs du temps et des lieux, observe, fidèle à lui-même, les va-et-vient, les mouvements, les apparitions/disparitions, les changements de rôles. Tout un théâtre de silhouettes prend vie derrière la fenêtre. Zone frontière, limen. Entre dedans et dehors. Lieu idéal d'observation. Tout cela sur fond d'ambiguïtés de sens et de jeux sur les mots. " Courant d'air " / " l'air au piano " / " à l'air libre " / " air fendu ". Il arrive qu'au gré d'une promenade dans les rues de la ville à découvrir, les choses s'inversent. " Tête en l'air ", le poète se faufile en imagination derrière jalousies et persiennes. De l'extérieur où il se trouve, il tente une percée dans les intérieurs. Le linge qui flotte aux fenêtres fournit quelques indices, mais rien de ce qui est imaginé n'est assuré. Si ce n'est que les " drapeaux qui [...] frémissent " sont " des étendards aux mille patries - aux apatrides. "

Au hasard des poèmes et de l'écriture d'Étienne Faure, on croise d'autres poètes : André Breton, Charles Baudelaire (de manière implicite), Joseph Conrad, Jules Laforgue, Madame de Staël. Et Oscar Wilde - présent dans le poème sous le pseudonyme de Sébastien Melmoth - mort en 1900 à l'Hôtel d'Alsace (sis rue des Beaux-Arts, à Paris).

Soudain la grisaille, les criailleries des mouettes et les monticules d'ordures ont raison du poète. Partir devient une urgence. Quitter l'Hôtel de la plage et " fuir fuir foutre le camp, mettre les bouts et jouer la fille de l'air pour quitter la ville avec la pluie sans bruit, sans heurts comme à la cloche de bois. "

Tout cela qui a fini par s'accumuler et qui a rejoint ce que la mémoire a engrangé au fil du temps, constitue un lot de souvenirs. Souvenirs de voyage et souvenirs d'enfance, menus objets hétéroclites témoins ordinaires d'un temps et d'un lieu qui ont été ceux du poète. Objets exhumés qui ramènent à la surface des moments oubliés, des mots passés de mode, des jeux de vacances aujourd'hui inconnus, garants intemporels qui parent à l'ennui. C'était le temps des " lointaines éternités ". Dont le poète, étonné, recrée l'existence déposée dans les poèmes du " Voyage à la cave " :

" On grattait les murs, la rumeur de la plage déferlait avec la voix d'un ténor, les variétés, le Tour de France, les échappées d'un pays en vacances, en ce vaste temps mort ignorant qu'un jour on écrit, surpris, serré comme on reprise dix fois un texte ajouré, la rature, laissant passer trop de clarté de soi, cœur à l'étroit, de joie après la peine. "

Il faudrait que le lecteur prenne aussi le large, abandonne le poète à ses " rêves plumitifs ", dégote une chute digne de celles dont le poète a le secret. Et je vois bien que la mélancolie me gagne à l'idée de refermer ce livre admirable. Alors ? Jouer les filles de l'air ? Le temps ne s'y prête guère. Me glisser dans les " jardins d'enfance chez une aïeule ou une voisine antique " pour me livrer à la cueillette des mûres, " membres étirés vers le ciel " ? La saison est passée et les mûres ont depuis longtemps déserté les buissons. Une seule chose à faire. M'en remettre à la plume d'Étienne Faure et boucler ma lecture par le poème de l'écureuil et du poète, section " Prendre l'air ". Et sourire.

" Fuir, esquiver, changer d'arbre est une manie chez l'écureuil qui s'épargne ainsi la vie, croit-il, en sautant dans les airs, et contre la pesanteur reste en suspens, ne chute jamais, amasse des idées, les oublie, n'en finit pas d'aller de branche en branche ainsi qu'un écrivain - nouveaux chapitres, paragraphes, à la ligne -, ne sachant s'arrêter, s'y résoudre et comment atterrir, s'il faut atterrir, prévoir un rebondissement, craignant le faux mouvement qui terminerait l'aventure par inertie, sans rien qui relance et qui sauve : nul panache, mauvaise chute. "


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