Il y a quelques années, avisant les tables d’une librairie parisienne, une amie québécoise (Annie Rioux, bisou) m’avait demandé : « Mais qu’est-ce que vous avez donc, vous autres Français, avec la littérature américaine ? »
Bonne question.
Je lui ai raconté l’étonnante dialectique de répulsion/fascination pour les Etats-Unis, ce tropisme atavique de nos critiques pour l’Amérique-qui-doute-d’elle-même, notre habitude confortable du français-traduit-de-l’américain, cette langue à part qui nous guérit de la passion française pour le style (et l'un des derniers refuges du passé simple que délaissent les auteurs français), et cette crédulité un peu snob qui voudrait qu’un roman made-in-USA, un…