Je me mets à la place de la mouette rieuse : maligne, la fifille a filé fissa loin de l’océan dès les premiers frimas. C’est que le littoral, en hiver, ça vente, ça pleut, ça vague en rouleaux, c’est malcommode et périlleux. D’où migration temporaire vers des lieux plus cléments, généralement urbains, là où la nourriture abonde. Certes, celle-ci relève davantage de la malbouffe laissée par les humains que de la bonne dorade bien fraiche ou du petit merlan tout juste sorti de l’eau et encore frétillant. Mais la tranquillité urbaine, la bouffe gratuite sans trop d’effort, le quasi-chauffage intégré, ça vaut bien le voyage annuel.
Alors, quand, au saut du lit, on pense pouvoir nager en père peinard sur la grand’ mare des canards (et des oies aussi), et que, contre toute attente, on glisse et dérape sur la rivière artificielle du parc, c’est la panique. Il y a arnaque, entourloupe, tromperie sur la marchandise. Et les mouettes, folles d’avoir ainsi été dupées, envisagent depuis de saccager l’agence de voyage qui leur a promis monts et merveilles.