9h30 : Je me réveille avec un vague à l’âme devenu inhérent à tous mes levers… Voilà bientôt trois semaines que je réside chez mes parents : j’étais venu passer les fêtes mais mon séjour risque de se prolonger. Je ne me suis toujours pas remis de tous les renoncements auxquels j’ai été contraint l’année dernière, et les jours à venir ne sont pas à proprement parler des lendemains qui chantent : je suis en quelque sorte pris entre les deux feux d’un passé amer et d’un avenir proche incertain… Qu’on s’entende bien : je suis optimiste sur le long terme, le virus est de mieux en mieux connu, les vaccins arrivent et les remèdes aussi ; mais sur le court terme, il y a de quoi être inquiet : le taux d’incidence reste élevé, la vaccination débute à peine et il y a le fameux variant anglais qui n’est ni plus dangereux ni moins vulnérable mais qui est quand même plus contagieux. Bref, tous ces facteurs font que je crains que nous ne soyons reconfinés dans les semaines à venir et je n’ai AUCUNE envie de me retrouver à nouveau seul dans mon appartement quand l’épée de Damoclès tombera. J’ai passé l’épreuve des deux confinements dans la solitude et ça ne m’a fait aucun bien : chez mes parents, au moins, les moments privilégiés que je passe aux côtés des auteurs de mes jours atténuent mon chagrin, ce qui est déjà énorme… Oui, je suis une chochotte, et je vous emmerde !
Jeudi 7 janvier
11h30 : Quelle honte, mais quelle honte ! C’est tout ce qui me vient à l’esprit à la vue des scènes d’invasion du Capitole… Fous des armes, suprémacistes blancs, conspirationnistes timbrés : à peu près tout ce que l’Amérique peut compter de fous dangereux s’est donné rendez-vous pour bafouer un haut lieu de la démocratie, sur l’injonction d’un président indigne qui pensait pouvoir conserver par la force ce que le peuple lui a retiré. Entre parenthèses, voici la conception du droit et de la démocratie qui a été défendue chez nous par une certaine Marine qui refusait elle aussi de reconnaître la victoire de Joe Biden… Je referme la parenthèse : les Etats-Unis en ont cependant vu d’autres et plus rien n’empêchera désormais les démocrates de retrouver la Maison blanche, mais cet esclandre, qui aura résumé en quelques heures seulement l’esprit de quatre année de trumpisme, nous rappelle à quel point la démocratie est vulnérable face aux fanatiques de tout poil. Il faut d’ailleurs noter une coïncidence : ce spectacle lamentable nous aura été offert le jour même du sixième anniversaire des attentats du 7 janvier 2015 ; les deux événements ne sont certes pas totalement assimilables mais, dans un cas comme dans l’autre, nous avons affaire à des fanatiques qui usent de la violence pour obtenir ce que le droit leur refuse. Les uns étaient armés, les autres non ; les uns se réclamaient d’un Dieu, les autres d’un politicien : les ennemis de la liberté ont plusieurs visages, une raison supplémentaire pour garder les yeux ouverts et se méfier de ce qui peut passer hâtivement pour de la « parole libre » et n’est que cri de chef de tribu…
Vendredi 8 janvier
13h30 : Brève sortie en ville pour retirer un prix que j’ai gagné à un concours artistique ; je me retrouve ainsi nanti d’une importante dotation de matériel qui me fera faire des économies quand je me déciderai à reprendre le dessin. Pour l’heure, je ne suis pas franchement motivé, et ce n’est pas ce que je vois dans les rues qui va me redonner du cœur à l’ouvrage : enseignes fermées, affiches de préventions, passants masqués… Tout ça me rend malade et je regagne le domicile familial sans regrets.