Ils défilent uniformément, le premier entrainant les suivants, le dernier s’alignant sur les précédents, avec cette régularité qu’on prête aux horloges. La nouvelle année à laquelle on a voulu prêter toutes les qualités que n’avait pas l’ancienne, peine à satisfaire tous nos désirs…
Las d’espérer la fin de ces dramatiques conjonctures, les esprits s’habituent consciencieusement à masquer leurs visages dont les traits trahiraient trop de désarroi. Les semaines passent, puis les mois, sans d’autres soubresauts que ceux déjà bien éprouvés. Rien de nouveau sous le soleil d’un janvier aussi terne qu’une cire froide.
Les matinées sont grasses et frileuses, elles n’ont d’autres obligations que celles de devoir se remplir tant bien que mal, juste pour se travestir après déjeuner, en après-midi désenchantés… Les heures deviennent des perles à enfiler sur un fil sans fin, comme autant de larmes versées sur ce qui n’est plus. Quand toutefois il reste quelque chose à faire…
Funeste randonnée au pays des interdits et des peurs orchestrées, plus personne ne sait quoi faire ni penser, un pas après l’autre vers d’improbables solutions, un voile d’incohérence posé sur nos avenirs, et cette cacophonie prête à tout contredire pour mieux nous embrouiller…
Les réseaux sociaux autorisent tous les débordements, les « experts » sont pléthore à avoir raison, les « raisonnables » sont traités « d’abrutis » ou du doux nom d’ovin, les « optimistes » sont de grands naïfs, les colériques ne sont que bile et reproches et les mal-élevés, bien cachés derrière leurs écrans et leurs pseudonymes, déversent lâchement leurs injures et leurs ignominies… Les clefs s’accumulent sous les portes, les chagrins pèsent sur trop d’épaules, la colère se fait souvent mauvaise conseillère, et pourtant, comment faire pour ne pas rester les bras croisés, ni ajouter davantage de pagaille ?…
Au fond de moi ce minuscule espoir qu’un jour plus lumineux viendra nous rendre ce que nous avons perdu, en espérant, bien sûr, que ce jour là fut exempt des erreurs sans cesse renouvelées, qu’un avenir plus tendre poindra pour mes petits-enfants innocents de ce que « nous autres » avons en partie provoqué, pour autant, évidemment, que la plupart d’entre nous acceptent de subir quelques temporaires désagréments, et puissent se souvenir que l’union seule fait la force…