La concentration des pouvoirs entre 5 sociétés américaines représente un énorme danger pour la démocratie, la liberté d'expression n'est plus assurée. + version anglaise
Par Hervé Azoulay
La nouvelle classe dominante mondiale, les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) et les groupes financiers associés, concentrent entre quelques mains des fortunes telles que la planète n'en avait jamais connues. Cela devient une barbarie technologique autoritaire plutôt qu'un âge d'or d'épanouissement de l'humanité grâce aux progrès des sciences et des techniques. Ces entreprises deviennent des nœuds incontournables sur le contrôle et la maîtrise de l'information et font peser une menace sur les citoyens, leurs objectifs étant de servir leurs propres intérêts financiers ainsi que ceux de leurs amis sans penser un seul instant à l'intérêt collectif ! Si seulement la santé financière de ces entreprises profitait à l'ensemble de l'économie, mais leurs pratiques d'optimisation fiscale ne le permettent pas. Cela peut aller plus loin que de simples enjeux commerciaux ou fiscaux. Ce sont en effet des informations ou des idéologies politiques qui peuvent être suggérées en priorité aux citoyens par ces portes d'entrée aux consommateurs. Il devient alors possible de manipuler les opinions et de sanctionner les états ou les dirigeants. C'est devenu un vrai danger pour la démocratie !
Ces start-ups parfois créées dans un garage sont ainsi devenues les plus grandes capitalisations boursières mondiales, et leurs créateurs des références d'entrepreneur à succès. Ces GAFAM ont parfois à peine 20 ans et sont davantage valorisés que le montant du PIB de l'Allemagne ou de la France ! Elles ont vu leur valorisation boursière être multipliée par 2 entre janvier 2019 et juillet 2020. Cette domination économique s'accompagne d'une domination financière. Elles ont accumulées de telles réserves qu'elles peuvent dorénavant être classées parmi les " pays " les plus riches du monde sans payer leurs recettes collectives aux différents pays.
Une concentration très inquiétante avec des monopolesLes cartels ou les monopoles ne permettent pas une optimisation des prix de marché. Pourtant, Google est gratuit tout comme Facebook et c'est l'illusion de la nouvelle économie numérique et " si c'est gratuit, c'est que le produit c'est vous ". Cela signifie que ces entreprises se nourrissent de l'analyse et de la revente de vos données par un profilage marketing. Ils peuvent ainsi définir plus finement votre profil de consommateur et ensuite se faire rémunérer en proposant aux entreprises des liens publicitaires. On se souvient que Microsoft vendait avec le système d'exploitation Windows son propre logiciel de navigation internet Explorer, sans laisser un quelconque choix à l'utilisateur. C'est maintenant au tour d'Apple avec son système d'exploitation Android de faire la même chose mais avec les portables. Ainsi, Google concentre à lui seul plus de 90 % des requêtes sur internet dans le monde et sa filiale YouTube, visionne plus d'un milliard d'heures de vidéos par jour. Facebook, totalisait en octobre 2020, plus de 2,7 milliards d'utilisateurs actifs mensuels. Quand à APPLE en fin 2019, elle concentrait, à elle seule, 32 % du chiffre d'affaires et 66 % des bénéfices du marché des smartphones. Pour Microsoft on estime que plus de 88 % des ordinateurs de la planète sont équipés de son système Windows.
Potentiel futurs : un marché gigantesqueLes GAFAM ont de grandes ambitions dans tous les domaines, même sur la santé car il représente un marché potentiel énorme ! A terme, il ne s'agit pas de remplacer les médecins mais de leur fournir des systèmes experts d'aide au diagnostic et à la décision médicale. Ils étendent également leurs activités dans des champs qui sont totalement étrangers à leur activité d'origine : édition, appareils ménagers, santé, automobile. Il y a quelques années, chacun des GAFAM disposait de son propre marché et il semblerait que ce temps soit révolu puisque les géants du numérique débordent à présent de leurs secteurs initiaux où ils étaient pourtant en quasi-monopoles. Ils se sont maintenant exposés à leur propre concurrence: services de paiement, offre de comptes courants, cartes de crédit, et même, une crypto-monnaie mondiale. Il y a là une véritable rupture avec les multinationales d'antan, dont l'activité physique pouvait être assez facilement contrôlée et limitée dans leurs pays d'origine comme dans les pays où elles étaient implantées.
Une erreur stratégique majeure : une mort programméeComment ont-ils pu sanctionner le Président des Etats Unis en exercice et son entourage ? Comment ont-ils pu également tuer les actions de la concurrence qui voulait contourner leurs censures? Qu'importe le motif, ils ont montrés au monde entier et aux Etats leur suprématie sur l'information et mis en avant le vieil adage " qui détient l'information détient le pouvoir ". Cette action a fait prendre conscience au monde entier sa vulnérabilité devant de tels cartels de l'information. Pourtant elles ont déjà été décriées pour l'effet tentaculaire sur l'économie mondiale et sur la menace de la souveraineté des Etats. Cette menace est maintenant exposée au grand jour et ce qui se passe aux USA peut se produire partout dans le monde. C'est une menace pour la démocratie et tous les Etats!
Même si les fondateurs sont loin d'être stupides, leurs égos et leurs puissances leurs ont fait oublier qu'il existe deux types de savoir, le savoir des choses et le savoir sur les choses. Le savoir des choses c'est le savoir du premier degré tandis que le savoir sur les choses c'est le savoir du deuxième degré c'est un savoir sur le savoir et donc un " méta savoir ". Nous pouvons toujours descendre dans l'échelle du savoir et pas toujours monter car on fait appel à une " méta règle " définie par le théorème de Gödel. C'est là l'erreur stratégique que tous les fondateurs des GAFAM ont fait, monter sans maitriser la " méta règle " qui est le niveau politique. Jack MA le fondateur de l'entreprise chinoise Alibaba à fait dernièrement la même erreur et il a été sanctionné immédiatement car son discours été jugé politique. Elon Musk le fondateur de Tesla et de SpaceX a très bien compris le danger et il s'est désolidarisé de ses collègues des GAFAM.
Certes les GAFAM ont encore de beaux jours devant eux, mais " le ver est dans le fruit " et il n'y a plus qu'à attendre ! De nombreuses voix se sont élevées pour réguler leurs activités, voire les démembrer pour position dominante abusive. La mondialisation et la nature fluide des activités numériques ont rendu plus compliquée la prise d'une telle décision. Cependant, les États tentent de reprendre la main en légiférant. Mais il ne faut pas non plus négliger la concurrence et la crainte des consommateurs, mais dans l'économie numérique, un empire peut se détruire aussi vite qu'il s'est construit. Une rupture technologique ou un nouveau positionnement marketing peut tout changer. Nos yeux se tournent donc vers l'Asie et ses BATX pour Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi, géants de la " high tech " chinoise. Ainsi, Baidu est le moteur de recherche chinois avec plus de 60 % de part de marché dans un pays dont la population s'élève 1,4 milliard de personnes. Géant de l'e-commerce, Alibaba est, lui, l'Amazon chinois. Tencent est le Facebook asiatique avec les messageries QQ ou WeChat. Enfin, Xiaomi est un concurrent d'Apple puisque l'entreprise entend offrir des smartphones de qualité technologique similaire mais à des prix trois fois moins élevés. Xiaomi est le quatrième vendeur mondial de smartphones (en unités vendues) derrière Huawei, Samsung, et Apple.
On pouvait espérer une concurrence Européenne, mais le constat est très inquiétant dans ce domaine. Hélas, l'UE ne réagit pas comme un bloc unifié et les intérêts personnels des états ont pris le dessus puisque son " soft power " s'est avéré être une fiction et vide de sens. C'est peut-être le déclin de la veille Europe et aussi de l'Occident !
Hervé AZOULAY
Hervé AZOULAY : Ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers, a été dirigeant dans de grands groupes internationaux (dont INTEL et SCHNEIDER ELECTRIC), co-fondateur de plusieurs entreprises innovantes, Business Angels, fondateur d'un des premiers réseau de Business Angels en France, Président d'un fonds d'investissement, Administrateur d'entreprises, Membre du Conseil de Surveillance, Président de sociétés et fondateur de plusieurs associations, intervenant dans de grandes écoles (dont Sciences Po et HEC), à l'université en France et à l'étranger (dont à Genève et à l'université de Renmin en Chine), auteur de nombreux ouvrages (dont un en Chinois " Les réseaux pour conquérir le monde " Ed. du Peuple Pékin) et de nombreuses Tribunes dans la Presse. Il est actuellement Président de la société ATHES Finance et Participations
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The new world dominant class, the GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple and Microsoft) and associated financial groups, concentrate in a few hands fortunes such as the planet had never known. This is becoming an authoritarian technological barbarism rather than a golden age of human flourishing thanks to the progress of science and technology. These companies are becoming key nodes in the control and mastery of information, and pose a threat to citizens, their objectives being to serve their own financial interests as well as those of their friends without thinking for a moment about the collective interest! If only the financial health of these companies would benefit the entire economy, but their tax optimization practices do not allow it. This can go beyond simple commercial or tax issues. Indeed, political information or ideologies can be suggested to citizens through these consumer gateways. It then becomes possible to manipulate opinions and sanction states or leaders. This has become a real danger for democracy!
These start-ups, sometimes created in a garage, have thus become the world's largest market capitalizations, and their creators have become references of successful entrepreneurs. These GAFAMs are sometimes barely 20 years old and are more highly valued than the GDP of Germany or France! They have seen their stock market valuation multiplied by 2 between January 2019 and July 2020. This economic domination is accompanied by financial domination. They have accumulated such reserves that they can now be classified among the richest " countries " in the world without paying their collective revenues to the various countries.
A very worrying concentration with monopolies
Cartels or monopolies do not allow market prices to be optimized. However, Google is free just like Facebook and it is the illusion of the new digital economy and " if it's free, it's because the product is you ". This means that these companies feed off the analysis and resale of your data through marketing profiling. This allows them to further define your consumer profile and then get paid by offering companies advertising links. We remember that Microsoft used to sell its own Internet Explorer browser with the Windows operating system, without giving the user any choice. It is now Apple's turn with its Android operating system to do the same thing but with cell phones. Thus, Google alone concentrates more than 90% of the requests on the Internet worldwide and its subsidiary YouTube, watches more than a billion hours of videos per day. Facebook, totaled in October 2020, more than 2.7 billion active monthly users. As for APPLE at the end of 2019, it alone accounted for 32% of sales and 66% of profits in the smartphone market. For Microsoft, it is estimated that more than 88% of the world's computers are equipped with its Windows system.
Future potential: a gigantic market
GAFAM has great ambitions in all fields, even in health, because it represents a huge potential market! In the long term, it is not a question of replacing doctors but of providing them with expert systems to assist in diagnosis and medical decision-making. They are also extending their activities into fields that are totally foreign to their original business: publishing, household appliances, health, automotive. A few years ago, each of the GAFAMs had its own market, and it would seem that this time has passed since the digital giants are now overflowing from their initial sectors, where they were quasi-monopolies. They have now exposed themselves to their own competition: payment services, current account offerings, credit cards, and even a global crypto-money. This is a real break with the multinationals of yesteryear, whose physical activity could be quite easily controlled and limited in their home countries as well as in the countries where they were established.
A major strategic error: a programmed death
How could they sanction the current President of the United States and his entourage? How could they also kill the actions of competitors who wanted to circumvent their censorship? Whatever the motive, they showed the world and the States their supremacy over information and put forward the old adage " whoever has the information has the power ". This action has made the world aware of its vulnerability to such information cartels. Yet they have already been decried for their sprawling effect on the global economy and the threat to state sovereignty. This threat is now exposed and what is happening in the US can happen anywhere in the world. It is a threat to democracy and all states!
Even though the founders were far from stupid, their egos and powers made them forget that there are two kinds of knowledge, the knowledge of things and the knowledge about things. The knowledge of things is the first degree knowledge, while the knowledge about things is the second degree knowledge is a knowledge about knowledge and therefore a " meta-knowledge ". We can always go down the ladder of knowledge and not always go up because we call upon a " meta-rule " defined by Gödel's theorem. This is the strategic error that all the founders of GAFAM have made, to go up without mastering the " meta rule " which is the political level. Jack MA the founder of the Chinese company Alibaba recently made the same mistake and he was sanctioned immediately because his speech was judged political. Elon Musk the founder of Tesla and SpaceX understood very well the danger and he disassociated himself from his colleagues of the GAFAM.
Solutions in the face of hegemony: competition
The GAFAMs still have some good days ahead of them, but " the worm is in the fruit " and there is nothing left to do but wait! Many voices have been raised to regulate their activities, or even dismember them for abusive dominant position. Globalization and the fluid nature of digital activities have made such a decision more complicated. However, governments are trying to regain control by legislating. Nor should competition and consumer fears be overlooked, but in the digital economy, an empire can be destroyed as quickly as it is built. A technological breakthrough or a new marketing positioning can change everything. So our eyes turn to Asia and its BATX for Baidu, Alibaba, Tencent and Xiaomi, giants of Chinese " high tech ". Thus, Baidu is the Chinese search engine with more than 60% market share in a country with a population of 1.4 billion people. Alibaba, the e-commerce giant, is the Chinese Amazon. Tencent is the Asian Facebook with QQ or WeChat messaging. Finally, Xiaomi is a competitor of Apple since the company intends to offer smartphones of similar technological quality but at prices three times lower. Xiaomi is the world's fourth-largest seller of smartphones (in units sold) behind Huawei, Samsung, and Apple.
We could have hoped for European competition, but the situation is very worrying in this area. Alas, the EU is not reacting as a unified bloc and the personal interests of the states have taken over since its " soft power " has turned out to be a fiction and meaningless. This is perhaps the decline of the old Europe and also of the West!
Hervé AZOULAY
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