Après la Grande Guerre, le Monde, les salons... 2

Publié le 02 février 2021 par Perceval

La ''grande Guerre'' a porté un coup fatal, à un certain monde qui se voulait élégant, aristocratique, intelligent, et ''grand '', avec des écrivains comme Anatole France, Régnier, Gourmont qui durent laisser la place à Gide, Claudel, Valéry, Giraudoux...

Avant-Guerre : « Nous nous étions fait dans notre petit groupe une sorte d'idéal d'humanisme élégant, de ''dandysme '' cultivé : on se réunissait au bar, et il ne s'agissait pas d'ignorer plus la mode des chapeaux de femmes que les hypothèses sur l'auteur des miniatures des Heures du duc de Berry. Le souvenir de Jean de Tinan régnait, le charmant P.-J. Toulet triomphait; ... on citait Catulle, on se battait en duel, on revenait toujours d'Italie, on inventait des cocktails, on discutait sur des points de langage » (Entretien de Jacques Boulenger avec Frédéric Lefèçre, Paris, 1926).

Rachilde


 

Rachilde (1860-1953), qui tient depuis trente ans la chronique des romans au Mercure, et lu en moyenne un livre par jour... écrit sur le roman de Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, qui vient de recevoir le prix Goncourt (1920): " Cela sent terriblement la mentalité d’avant-guerre; on devine que l’auteur de ce livre n’a pas bougé ni évolué..."

Rachilde habite alors rue de Condé, où Le Mercure a ses bureaux. Elle va continuer de tenir la chronique littéraire jusqu'en 1925... Elle apprécie les fresques romanesques de Roger Martin du Gard, de Georges Duhamel ou de Jules Romains, et a du mal à apprécier les romans de Gide ou de Mauriac...

Le Mercure de France se fait peu à peu supplanter par la Nouvelle revue Française; porteuse d'une littérature plus actuelle ...

A présent, Rachilde porte une soixantaine excentrique, ses cheveux blancs sont couverts d'un bonnet médiéval; elle porte des bijoux d'améthystes. Son visage est expressif, par son regard vif, ses yeux verts et son rire strident. Quelques jeunes artistes viennent encore à ses ''mardis'', avec l'espoir d'être soutenus par elle.

Lancelot, va croiser des jeunes-gens ( elle les appelle « ses poussins ») comme André David, Jean-Joë Lauzach, le danseur turc Nel Haroun ( de son vrai nom, Joan Nicolaï Nicolesco, un danseur roumain, dont s'était épris Rachilde..!) … et un étrange personnage: Homem Christo.

Jean-Joë Lauzach, d'une famille bretonne, se dit descendant de corsaires enrichis et reconvertis en aristocrates... A dix-huit ans, il devance l'appel et s'engage pour se retrouver dans l'enfer des tranchées... Il est ''poète du vent marin'', jusque sur les terres de Brocéliande. Il se dit curieux de récits féériques, et veut réussir une oeuvre à la mesure de ses rêves... Rachilde assure que Lauzach est un "littérateur né" ... Bien-sûr Jean-Joë questionne Lancelot sur son prénom, et très vite chacun s'intéresse à l'autre...

Lauzach lui parle d'un endroit mystérieux, nommé ''Le Val sans retour '' ( Lancelot connaît la légende ) et d'un texte sur lequel il travaille: l'intrigue se passerait du côté de Tréhorenteuc, un village de sorciers et de rebouteux, que l'on craint de traverser la nuit, par peur des sorts... Il modifie un peu l'intrigue, et la situe au temps d'un seigneur, duc de Tintagel. Il a deux filles, dont l'une, Morgane, qu'il préfère. Le duc est tué dans un accident de chasse; et le roi Uter Pendragon de passage, s'éprend de la duchesse Ygienne; et retourne chez lui, accompagné des trois femmes...

Morgane passe son temps à lire les vieux grimoires de la bibliothèque du château, devient si savante, qu'on la nomme '' Morgane la fée"... Amoureuse d'un chevalier, qui la trompe, elle jette un enchantement sur le val...

Le héros du livre va rencontrer une ''sorcière'' (Marie Ragon), qui lui raconte cette histoire, l'invite chez elle, où vit aussi sa nièce... Survient l'amour impossible et le drame ... Marie Ragon, pour lui transmettre ce qui ne peut être écrit, initie Jean Trégor à la sagesse de Merlin ....