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1096 poussières de lune…

Publié le 05 février 2021 par Ivanoff @ivanoff

L’aube qui se veut chaque jour un projet, peine quelquefois à le rendre crédible… Le chagrin muselé ressurgit sans crier gare tant il ne supporte pas qu’on fasse même sembler de l’oublier. Il se manifeste d’autant plus violemment qu’on a consacré d’énergie pour tenter de l’apprivoiser. Si par stupide convention il est admis qu’on pourrait, au bout d’un certain temps, avoir épuisé toutes ses larmes, la souffrance est pourtant toujours bien là, tapie à l’ombre des jours gris, prête à bondir sur le premier sourire venu, à faire ses griffes sur un reste d’espérance restée sauve…

C’est un gouffre abyssal où la chute est sans fin. Aucune question n’y trouve sa réponse, les « pourquoi » n’y ont aucun sens, quel douloureux entêtement à toujours vouloir expliquer ce qui nous arrive !

Ce sont ainsi des « instants chagrins » qui s’étirent jusqu’à plus soif, nous laissant épuisés d’avoir dû renouer avec le plus profond des désespoirs dont l’apaisement ne sera jamais que provisoire. Quiconque en serait le spectateur impuissant n’y verrait selon son humeur qu’une faiblesse coupable ou quelque chose d’inconsolable… Ne peut comprendre que celui qui l’endure ou l’aura enduré, l’empathie n’est pas chose si courante quand l’ego toujours prend l’avantage et ne sait interpréter qu’en se comparant à l’autre.

Quand la vie vous inflige plus de désespoirs que vous pensiez n’en pouvoir supporter, le plus curieusement du monde vous vous surprenez à leur survivre presque sans faire d’effort particulier… Il n’est question ici ni de force ni de courage… L’être humain depuis la nuit des temps s’est forgé une âme de combattant, quelque soit la nature de l’agression, il y répond de façon spontanée en l’affrontant. Je finis par être convaincue que ce qui nous est donné à vivre correspondant exactement à ce que nous sommes en capacité de supporter.

Puis les sanglots cessent presque aussi brutalement qu’ils se sont soudain déversés. Pleurer haut et fort a dénoué le corset lacé tellement serré qu’on avait peine à respirer. Le coeur ne bat plus tout à fait la chamade, mais il en gardera une cicatrice de plus en reprenant son pas de bon petit soldat.

Non, ça n’ira jamais mieux, les grands chagrins ne se laissent pas si facilement impressionner. Ils attendent à nouveau patiemment leur heure, qui, à coup sûr viendra, une musique, un parfum, un souvenir leur suffiront pour triompher encore, l’espace d’un moment… Ce qui n’entrave en rien un entre-deux de bonheur, autrement, différemment, qui, à force de persévérance, pourra peut-être un jour adoucir la peine en préservant tendrement le souvenir…

Rien n’arrive par hasard, ces 1096 derniers jours m’ont permis d’y réfléchir, et si je n’ai pas encore toutes les clefs des armoires où sont rangé les itinéraires de ma vie, je sais, sans toujours pouvoir me l’expliquer, qu’en partant, parce qu’il devait être temps pour toi de rendre compte de tes missions, que tu m’as laissée quelques devoirs de vacances à rendre quand je te rejoindrai. A chacun son heure, s’il est douloureux d’attendre la mienne sans tes bras autour de mon coeur serré, je sens que tu es là d’une autre façon, mais bien là, au cas où j’aurais besoin de toi. La caresse d’une brise suffit à mon bonheur car ta nouvelle façon d’être ici se nourrit de l’énergie qui t’es éternellement acquise.

A mon amoureux merveilleux, Jean-Claude (+5 février 2018).


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