Ambani, l'homme le plus riche d'Asie et le 4ème plus riche du monde affronte Bezos sur le sol indien.
Les 2 géants du retail s’affrontent depuis octobre 2020 et l’enjeu est majeur. Pour mieux comprendre ce qui se trame, voici d’abord un aperçu du secteur retail en Inde :
- 1) Retail non-organisé : Commerce indépendant : ≈ 86% (quelques 12-15 millions de petits magasins, les kirana shops)
- 2) Retail organisé / modern trade :
- 2)1) Grande distribution : 10% (7% en 2012 à 11,4% en 2025), 80 milliards USD en 2019
- 2)2) E-commerce : 4% (0,5% en 2016 à 7,6% en 2025)
En ce qui concerne la grande distribution, Nielsen compte 600 enseignes pour environ 12 000 PDV (points de vente) (auxquels s’ajoutent 8 000 PDV modern trade indépendants, soit un total de 20 000 PDV – les sources varient entre 10 000 et de vieilles prévisions de 100 000 pour 2020). Les 20 premières enseignes contribuent à 70-75% du business. Voici les 8 plus grosses :
- Reliance retail limited (10 415 PDV; CA 17,5 milliards USD ou 22%)
- Future retail limited (Big Bazaar, EasyDay, 7-eleven, Foodhall, Easyday, Nilgiris, Central, Hometown ; 1 511 PDV ; CA 3 milliards USD ou 4%)
- Avenue Supermarts Ltd (D-Mart ; 176 PDV ; CA 2,8 milliards USD)
- Aditya Birla Fashion & Retail Ltd (Pantaloons ; 2 714 PDV ; 1,1 milliard USD)
- Infinity Retail/Croma, filiale de Tata (97 PDV ; CA 512 millions USD)
- Shoppers stop (210 PDV ; CA 470 millions USD)
- Trent limited (Westside, Star Bazaar, Landmark ; 264 PDV ; CA : 364 millions USD)
- V-Mart Retail Limited (69 PDV ; CA : 225 millions USD)
Or en 2020, Future Retail, filiale du groupe Future Group, qui possède 4% de parts du marché retail indien, a été mis en vente, en raison de son niveau d’endettement lié à de nombreuses acquisitions ces 7 dernières années et à l’impact du Covid.
En août 2019, Amazon a pris une participation de 205 millions USD (49%) dans l’une des filiales de Future Group (Future Coupons). Future Coupons possède 7,3% des parts de Future Retail. Donc Amazon a récupéré 3,58% de Future Retail Limited. CQFD. Et selon les termes de cette prise de participation, elle comporterait une option d’achat sur la maison-mère (Future Retail).
En août 2020, Reliance a passé un accord avec Future Retail pour le racheter pour un montant de 3,4 milliards de dollars.
Amazon a contesté ce rachat qu’il considère constituer une rupture de contrat (cf la clause de rachat). À la demande d’Amazon, un tribunal d’arbitrage à Singapour a ordonné le gel du rachat. Reliance a dans le même temps fait savoir le 25 octobre qu’il entendait « exercer ses droits et finaliser la transaction dans les termes de l’accord avec Future Group sans aucun délai ». Or le 2 février 2021, la Haute Cour de Delhi a ordonné la suspension de la vente de Future Retail à Reliance et a déclaré que l’ordonnance du tribunal de Singapour était exécutoire en Inde.
Par ailleurs, en septembre 2020, Reliance « aurait » offert de vendre à Amazon une part de son businss retail (à hauteur de 40% soit 20 milliards USD). Pour Bezos, empêcher le deal Future Group-Reliance pourrait-il aider le deal Amazon-Reliance ? Affaire à suivre…
Autre rumeur de septembre 2020 : Walmart (qui est le principal investisseur de Flipkart, l’Amazon indien, avec 77% des parts depuis l’injection de 16 milliards USD en mai 2018) pourrait investir dans la branche retail de Tata (le plus gros conglomérat indien) à hauteur de 20-25 milliards USD.
Les tendances que l’on devrait observer dans le retail :
- - Convergence des secteurs online et offline : « Les brick & mortars adoptent de plus en plus les technologies numériques pour une croissance accélérée et les pure players s’intéressent aux actifs physiques (hors ligne). » On le voit avec Amazon qui lorgne sur le réseau de magasins de Reliance et sur Walmart celui de Tata.
- - Co-existence des différents canaux de distribution et de vente. Sur le moyen terme (2025), la grande distribution et le e-commerce devraient gagner des parts de marché sur le secteur désorganisé qui va quand même croître.