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Matthieu : Attracteur étrange

Publié le 10 février 2021 par Les Alluvions.com

J'ai commencé timidement à lire l'immense poème de Louis Zukofsky, "A", dont la traduction vient de paraître aux éditions Nous. En suivant les indications de Philippe Lançon, j'ai découvert le z.site.net, "A Companion to the Works of Louis Zukofsky", un site collaboratif, un work in progress dans l'exégèse de presque chaque vers. Il y faut, sinon une vie, du moins longtemps pour lire "A", prévient Lançon. Mais quoi de plus normal quand on sait qu'il fallut presque toute sa vie à Zukofsky pour l'écrire, de 1928 à 1974 (il est mort en 1978). Alors nous rentrerons patiemment dans cette oeuvre infinie.

Elle s'ouvre avec Bach : "La ronde des violons se joue Bach / Venez, filles, partagez mon angoisse -", très précisément avec la Passion Selon Matthieu, composée en 1729 et interprétée, écrit Zukofsky, à Carnegie Hall en 1928. Le z.site écrit à ce sujet :

Bach: the contemporary setting of the opening of “A”-1 is a performance of Johann Sebastian Bach’s St. Matthew Passion (Matthäuspassion) that LZ attended at Carnegie Hall in NYC on Thursday, 5 April 1928 (1.21-25), the eve of Good Friday and also the beginning of Passover (see 3.32). This contemporary performance is paralleled by the work’s initial performance conducted by Bach himself on Good Friday, 15 April 1729 in Leipzig (current scholarship puts the probable first performance in 1727). Although LZ’s primary source of information on Bach was Charles Sanford Terry’s scholarly biography, in this case the information on the original performance of St. Matthew Passion in “A”-1 appears to have come from the program notes of the performance LZ heard.

Je ne suis pas allé plus loin que "A"1, pour l'instant. Je me disais qu'il me fallait auparavant écouter cette Passion Selon Matthieu, que j'avoue ne pas connaître (ma culture musicale est particulièrement lacunaire).

Or, hier après-midi, passant au nouveau magasin Emmaüs du centre-ville, je découvre sans même avoir à fouiller - il était placé devant tous les autres disques - le coffret de la Passion Selon Saint Matthieu, dans la version d'Otto Klemperer (1962).

Matthieu : Attracteur étrange

Sept euros. Vinyles en très bon état. Je n'ai pas hésité une seule seconde.

Le soir-même, je remarque sur le flanc droit du site, dans la rubrique Autre sentes, la parution d'un article de Denis Guénoun : Mars : Matthieu. Mon sang ne fait qu'un tour : voici ce que j'y lis :

L’essai Matthieu sera disponible, en librairie et en édition électronique, le 10 mars 2021 (Editions Labor et Fides).

En voici la présentation en quatrième page de couverture :

Denis Guénoun cherche à comprendre l’importance énigmatique prise dans sa vie  par le prénom Matthieu. Celui-ci a été présent tout au long de son histoire, sans jamais s’accrocher à une relation ou des événements de premier plan : insistant mais insaisissable, ne cessant de resurgir après des éclipses, comme un cours d’eau souterrain ou un indice dans une intrigue dont on ignore la clé. L’enquête conduit le livre à s’attarder devant les grandes toiles consacrées à saint Matthieu par Caravage, à traverser l’immense Passion selon Matthieu de Bach, à méditer sur L’Évangile selon Matthieu de Pasolini, puis à laisser vibrer les résonances du récit biblique, avant de revenir, comme sur le dessin d’un fer à cheval, vers Pasolini, puis Bach, puis à nouveau Caravage. Le tracé de cette piste donne forme à un essai insolite, où la quête autobiographique se nourrit de pensées esthétiques et théologiques, qu’en retour elle éclaire d’un jour inattendu. [C'est moi qui souligne]

Matthieu : Attracteur étrange

"(...) insistant mais insaisissable, ne cessant de resurgir après des éclipses, comme un cours d’eau souterrain ou un indice dans une intrigue dont on ignore la clé." Je vois dans cette description le mode d'existence de ce que je désigne comme l'Attracteur étrange - et dont je ne cesse ici de traquer les émergences. 

Il va sans dire que j'ai grande curiosité à découvrir ce livre.


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