Magazine Journal intime

Escapade parisienne - part 4

Publié le 25 juillet 2008 par Anaïs Valente

Comme un sentiment de déjà vu, me revoilà dans le Thalys, à la même place qu’à l’aller, la 52, mais dans une voiture différente.

J’ai la place côté couloir, ce qui somme toute est la meilleure non ?  La place côté fenêtre propose une meilleure vue, mais les pauses pipis signifient chaque fois une préparation psychologique pour déranger le voisin, couplée à un « pardon, excusez-moi, je dois grmlllgrmllll » comme si prononcer les mots « WC » ou « toilettes » étaient interdits par la législation en vigueur.

Je m’installe donc côté couloir.  Ma voisine est déjà là.  Point de brun ténébreux, mais une jeune femme d’au moins 1m80 pour 41 kilos toute mouillée.  Appelons-la Kate Moss (surnom qui conviendra parfaitement pour le billet que je consacrerai au livre lu durant ces trajets « je suis grosse et j’aime ça »).  Kate n’est pas souriante, c’est le moins qu’on puisse dire. 

Afin d’éviter cette vision d’horreur (un grand échalas fait femme, oui, c’est une vision d’horreur pour moi, qui me sens d’un coup devenir un véritable bibendum) je regarde plutôt vers la droite : une femme accompagnée d’une fillette qui l’appelle marraine porte des chaussettes avec inscrit, sur la plante des pieds (la miss ayant enlevé ses chaussures) : « thursday ».  Sait-elle que nous sommes saturday ?  Un couple roucoule doucement en jouant à puissance 4.  Devant moi, deux femmes jouent aux cartes.

Tout le monde s’amuse.  Moi je m’ennuie ferme. 

Alors je lis.  Et je somnole.

Jusqu’à ce que les cris stridents d’un enfant résonnent dans tout le compartiment.  Ils résonneront jusqu’à l’arrivée en gare de Namur.  Tout le monde aura beau se retourner pour cerner le nœud du problème, rien n’y fera.  L’enfant n’aura de cesse de se disputer avec sa soeur (ou son frère), en hurlant de plus belle.  Je hais les enfants.  La SNCB devrait équiper ses trains d’une garderie pour sales gosses.  C’est définitif, je n’aurai jamais d’enfant.

Mon petit couple d’amoureux roucoule encore, ce qui n’empêche pas Monsieur d’avoir un humour débridé.  Lorsque sa compagne remarque que son accoudoir n’est pas descendu (contrairement au mien), celui-ci s’écrie, l’air espiègle et se retournant de tous côtés « oups, on l’a volé ».  Grand rire gras.  C’est donc bien vrai que l’amour rend bête.  Et mignon.  La miss s’étend ensuite comme elle peut sur son chéri, et somnole, tandis qu’il lui caresse doucement la chevelure.  Mignons, je disais.

Pause pipi.  Je connais maintenant les lieux, et je sais comment éviter le trauma crânien.  Ce que je sais moins, c’est comment éponger l’inondation qui a eu lieu.  Le sol n’est plus qu’une flaque de... argh, je préfère ne pas savoir de quoi.  La planche flotte sur de grosses gouttes de ... argh, idem.  Me vlà forcée de faire un nettoyage sommaire avant toute opération.  A ma sortie, je lance une œillade bien noire à la jeune fille que je sais responsable de ces dégâts.  Y’a plus de jeunesse ma bonne Dame.

Retour à ma place.  Les zamoureux ont disparu.

Tout d’un coup, ça pue.  Mais ça pue.  Une odeur de vieille trans’ rance à souhait.  Serait-ce Kate Moss, à mes côtés, toujours aussi souriante qu’un schtroumpf grognon ?  Ou quelqu’un de plus éloigné qui puerait au point que ses effluves parviennent à mon nez fragile ?  Ou encore une blogueuse ayant relevé le défi fou de vivre trois jours sans déo ?

Fort heureusement, me voilà arrivée à destination, ce qui m’évite de trop réfléchir sur les odeurs.  Je rejoins l’entrée de la gare pour le retour au bercail, suivant de près Kate Moss, laquelle a été accueillie par moult effusions par papa et maman, puis frérot.  A croire qu’elle revient de trois mois au Darfour.  Ce qui pourrait être vraisemblable, vu sa minceur extrême.  Je sens que ça va être fiesta et champagne dès leur retour at home.

Je ressens alors subitement une énorme chape de solitude, qui s’abat sur moi de façon inattendue.  J’ai souvent cette sensation lorsque je me retrouve seule après quelques jours d’effervescence.  En plus, il fait froid.  Un froid de canard (tiens, d’où vient cette expression étrange ?).  Bien plus froid qu’à Paris. 

Je mets un pull.  Je tremble néanmoins encore un peu.

Puis je rentre chez moi.

Seule.

Paris_je_t_aimePT



Retour à La Une de Logo Paperblog

Dossier Paperblog