A tort ou à raison

Publié le 25 juillet 2008 par Fuligineuse

Je tombe en arrêt devant cette phrase de Pierre Assouline dans sa République des Livres (article du 22 juillet, sur Michel Saint-Denis) :

Pourtant, en 1940, il passa quarante-huit heures auxquelles il ne cessa jamais de penser par la suite, convaincu à raison d’avoir vécu là des moments hors du commun.

 
Je ne sais trop pourquoi, mais cette locution « à raison » me chiffonne. Alors que l’inverse – s’il avait dit « à tort » - me semble tout à fait naturel. Il me semble même que je n’ai jamais vu ou entendu employer la première. A tort ou à raison, je crois qu’elle n’est guère usitée – ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elle soit incorrecte.

 
Je ne veux pas avoir raison à tout prix (encore que…), aussi je vais parler d’autre chose, sans quitter des yeux la raison, cette autre folle du logis. Savez-vous ce qu’on appelle un « livre de raison » ? A l’origine c’était un simple registre de comptes, devenu par la suite une sorte de chronique rédigée par un chef de famille. On en conserve de nombreux exemples allant du 14e au 17e siècle (voir ici la liste de ceux détenus par la BNF).

Mais je laisserai le dernier mot à Eugène Ionesco :

La raison c'est la folie du plus fort. La raison du moins fort c'est de la folie.


Fuligineuse

Image : Livre de raison de Guillaume d’Ercuis (Bibliothèque Ste Geneviève) (source)