La solitude ne s’y installe que si on lui laisse de la place…
Aujourd’hui le silence de ma maison ne sera pas rompu par la musique qui presque chaque jour l’emplit du matin au soir. Le besoin d’un moment de calme a ses nécessités. Le ronronnement de la chaudière berce la matinée, une giboulée confirme la réputation de Mars, les flocons ne prétendent rien blanchir, ils effleurent le sol déjà tiède et s’évanouissent sur la terre.
Tendez l’oreille... Aucun bruit ne vient troubler le calme ambiant. Cependant, ce vide est empli d’un brouhaha discrètement présent. Il est fait d’une profusion de bruits minuscules et feutrés, sans eux le silence absolu nous rendrait fous. Chaque silence choisi se peut trouver aussi bien à l’abri des pierres d’une église qu’au coeur d’une foule, puisqu’en saisir la présence c’est en filtrer les nuisances et n’en garder que la brume d’un contraste qui nous confirme son existence. Reste à savoir saisir l’opportunité de cette quiétude qui, au choix, laisse s’épanouir chaque mot d’une lecture ou retient nos pensées le temps qu’on leur accorde réellement toute notre attention. Le silence est un commencement de méditation, un ancrage dans l’instant, un ersatz d’interprétation attentive de soi et du monde.
Cette tranquillité relative et fragile s’impose impérieusement, sans elle aucune réflexion sereine ne peut exister. Pour qui la vie se mène seul il se pourrait que cette quiétude indispensable soit plus facile à éprouver, il faut bien que la solitude puisse être un avantage pour qui sait s’en faire une amie… Cependant, nous sommes toujours seuls face à nous-mêmes, et cette sorte d’isolement est inhérent à notre conscience humaine. Cette retraite nous est précieuse, riche de réflexions, d’enseignements, mais il faut être prêt à affronter tout ce que le silence a à nous dire, fuir cet entretien c’est avancer les yeux fermés.
L’insonorité relative d’un moment de tranquillité nous révèle notre réalité, on ne se sent jamais aussi vivant que dans le silence.