L'idée serait d'obtenir une victoire de la droite, alliée à LREM, au scrutin législatif dans la foulée de la réélection du président Macron.
Pourquoi un ralliement de la droite à un second mandat Macron serait suicidaire et désastreux (pour Figaro Vox)
Par Maxime Tandonnet
L'alliance avec une partie de la droite est en effet un enjeu crucial pour la réélection du président Macron. Plusieurs sondages soulignent qu'une partie de la gauche refuserait de lui apporter son soutien en 2022, même dans un duel de second tour avec Mme le Pen. Ainsi seuls 25% des électeurs de M. Mélenchon voteraient en sa faveur ( Ifop/Marianne 17 mars). Pour assurer sa réélection, voire sa qualification pour le second tour, l'occupant actuel de l'Elysée a dès lors besoin d'une partie de l'électorat de droite.
D'ailleurs, à l'image de M. Estrosi, la tentation d'un ralliement de la droite à la candidature de M. Macron semble gagner quelques esprits, sans que le clivage entre ses partisans et ses adversaires n'apparaisse encore clairement. L'idée serait d'obtenir une victoire de la droite, alliée à LREM, au scrutin législatif dans la foulée de la réélection du président Macron. Ce scénario impliquerait la désignation d'un Premier ministre issu des rangs de LR. Il peut séduire par sa simplicité et son efficacité : une réélection de M. Macron quasi réassurée dans l'hypothèse d'un ralliement massif de la droite et une possible " vague bleue " qui s'ensuivrait. Cependant, au-delà de l'apparence, un tel scénario serait suicidaire, non seulement pour la droite mais pour la démocratie française et pour l'avenir de notre pays.
Ce scénario repose sur une contre-vérité entretenue par les transfuges de la droite vers le macronisme : " Ce qu'a fait le président (Macron), la droite en a toujours rêvé mais ne l'a pas fait ". En vérité, la politique mise en œuvre sous le quinquennat Macron s'apparente bien davantage à la poursuite de la politique socialiste de M. Hollande qu'à un alignement sur les projets de la droite. Sur le plan économique et financier, la hausse des déficits et des prélèvements obligatoires, l'explosion des dépenses et de la dette publique n'ont fait que prolonger la tendance déjà à l'œuvre avant 2017. La crise sanitaire a certes fortement amplifié ces phénomènes mais le " quoi qu'il en coûte " du président Macron ressemble comme un frère au " c'est gratuit, c'est l'Etat qui paye " de M. Hollande.
De même, sur les questions sociétales, les choix accomplis par les macronistes divergent sensiblement des orientations de la droite et du centre : PMA sans père remboursée par l'assurance maladie, interruption médicale de grossesse à neuf mois pour détresse psycho-sociale, expérimentations facilitées sur les embryons. La repentance imprègne la vision du chef de l'Etat qui voit dans l'histoire de la colonisation un " crime contre l'humanité ". Des Républicains se sont-ils convertis aux valeurs du macronisme? Alors, qu'ils le disent clairement et assument leur volte-face.
Un ralliement général des LR à la candidature du président macron reviendrait à s'approprier le bilan du quinquennat 1017-2022 et à s'y associer. Les LR sont-ils prêts à assumer ainsi la perte de la maîtrise des flux migratoires que traduisent des statistiques en hausse vertigineuse depuis une dizaine d'années, l'aggravation de la délinquance violente que les Français vivent au quotidien, la fragmentation de la société, l'explosion des haines et de l'intolérance à l'image de la tenue de réunions " racialisées " ? Sont-ils prêts à se solidariser du traitement de la crise sanitaire et de l'asphyxie des libertés, de l'explosion de la pauvreté (9 millions de personnes), de l'exclusion et de la misère, qui frappent en partie les étudiants et les jeunes ? Et que dire de la promesse de " nouveau monde ", de " transformation " de la France et grandes réformes, notamment sur les retraites, qui n'ont jamais vu le jour sinon en termes de communication ?
Les candidats LR à un ralliement au macronisme se trompent sur la nature du régime politique en vigueur. Ils croient encore possible de ressusciter une forme de cohabitation hybride entre un chef de l'Etat venu du parti socialiste, ancien ministre socialiste, et une droite majoritaire à l'Assemblée nationale qui ferait prévaloir sa politique. Un tel schéma est totalement irréaliste. Elue dans la foulée de la présidentielle avec l'étiquette présidentielle, une majorité LR plus ou moins combinée à des vestiges de LREM, sera quoi qu'il arrive en position de soumission face à la volonté élyséenne. D'ailleurs, la gouvernance de la crise du covid-19, à coups d'état d'urgence, de conseil de défense et de communication à outrance, a largement démontré que l'exécutif pouvait désormais se passer du Parlement.
Enfin, à l'heure ou 80% des Français expriment de la méfiance ou du dégoût envers la politique, (enquête CEVIPOV), cet alignement de LR sur LREM se présenterait comme une manœuvre opportuniste. Il ne ferait qu'aggraver l'image de responsables politiques ayant tourné le dos à l'intérêt général et obsédés par leurs intérêts personnels, le partage des prébendes et des privilèges.
Ce ralliement reconstituerait une sorte de troisième force centrale, comme au début de la IVe République, entre deux puissantes oppositions " anti-système " ou " extrêmes ", à droite et à gauche, s'imposant comme les seules alternatives possibles... Le résultat serait d'amplifier encore davantage, lors d'un second mandat, la fracture démocratique, l'atmosphère de nihilisme, d'impuissance et de chaos qui mènent la France à l'abîme.
Quant à l'idée que les LR n'auraient pas de " candidat naturel ", elle touche à la quintessence du renoncement et de la sottise politique. La question n'est pas de porter à l'Elysée un surhomme, un dieu de l'olympe ou un (nouveau) sauveur providentiel, mais donner à la France un " honnête homme " au sens du XVIIe siècle, motivé par le sens de l'Etat et la capacité à s'entourer d'une équipe solide et compétente pour gouverner le pays dans le respect de la démocratie. Et cela, il en est largement encore temps.
Maxime Tandonnet
Ancien conseiller à la Présidence de la République sous Sarkozy, auteur de plusieurs essais, passionné d'histoire...
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