Tout passe, inexorablement. L’automne baisse les lumière, l’hiver les éteint, le printemps les rallume, l’été sous ses airs de conquérant n’est qu’un opportuniste qui signe les efforts des précédents, avant que tel le chant du cygne, il n’annonce en magnificence sa propre impermanence et celle de toutes les saisons…
Ne me semble pas si loin les tablées familiales de mon enfance, tous les êtres qui joyeusement l’animaient n’existent plus depuis belle lurette. Pourtant, à ce moment là ils me paraissaient éternels et jamais ne devoir disparaitre. Le Temps assassin œuvre en catimini et détruit en silence ce que nous croyons à tort devoir durer toujours.
Les miroirs nous renvoient l’image que nous ne sommes qu’un instant, chaque seconde qui passe fait le décompte de nos jours et creuse insidieusement les sillons dont l’âge nous offense. L’immobilité est un leurre qui s’empare de l’objet comme du vivant, tout est une question d’échelle…
Quelle curieuse constance que de persister à croire au renouveau quand inéluctablement il fera lui-même les frais de ce qu’une Horloge décide à sa place. D’aucuns me diront que toutes ces mutations qui « rompent » mais ne plient pas sont une forme d’Éternité… Sans doute, à la mesure d’un Univers qui n’a rien de commun avec le notre, tout petit, mais empli d’êtres, d’évènements et de « choses » qui nous tiennent à coeur, et disparaissent implacablement.
Chaque jour nous semble comme l’étal d’une basse mer, mais il a déjà en lui l’amorce de toutes les métamorphoses, nous traversons immobiles nos vies galopantes, et nous nous réveillons stupéfaits de ne plus être, mais d’avoir été, sans savoir jusqu’à quand nous allons devenir…
Quel terrifiant constat que celui-là, qui nous fragilise et nous interroge davantage… Et quelle cruelle mise en garde : « Ici et Maintenant » seulement. Hier n’existe plus, Demain peut-être jamais...