J19 et J12 de symptômes, nouvelles - Le Covid vu par une Française en Inde 06.05

Publié le 06 mai 2021 par Indiansamourai
  • Nombre de cas en France : 5 706 378 (105 631 morts)
  • Nombre de cas en Inde : 21 077 410 (230 168 morts) 

Mon Indien préféré est de nouveau sur ses pieds malgré des douleurs qui se déplacent de la mâchoire à la plante des pieds. Sa fournée de pain de la soirée a joliment parfumé la maison. Malheureusement, je n’en ai rien senti, mes nerfs olfactifs continuant leur grève. Ceci-dit, je ne vais pas me plaindre : depuis plusieurs semaines, la station de traitement des eaux usées de la résidence merdouille et ça ne sent pas la fleur dans nos toilettes.

Petit Samourai a commencé l’école primaire hier ! Grande rentrée en ligne, avec une petite bougie pour marquer le coup. Nous avons choisi l’école un peu tard et il n’a rejoint la classe qu’un mois après la rentrée. Je ne me fais pas de souci sur le « retard » pris puisque j’ai assisté au cours de math hier et ils en sont aux suites de chiffres quand monsieur fait des multiplications, table de 12 – merci Montessori ! Mais au moins ça l’occupe de 9h30 à 12h, même si nous n’étions vraiment pas chauds à ce que toute occupation se passe derrière un écran. M’enfin là aussi, je ne vais pas me plaindre : des parents se sont plaints aux autorités hier et ont fait fermer l’école pour les vacances dont la date a été avancée d’un mois. Petit Samourai a donc fait sa première et dernière classe hier ! Jusqu’au 19 juillet…

Hier, à midi, mon Indien préféré a été informé que la sœur de son oncle par alliance, qui vit à Gurgaon et est hospitalisée pour covid, cherchait de l’oxygène. Le temps que je lui passe tous les contacts qui circulent sur mes réseaux et il m’a demandé d’arrêter : elle est décédée, à 50 ans. Alors parlons-en du nombre de morts. 230 000 comme les chiffres officiels ? 5 fois plus ? 10 fois plus ? 25 fois plus ? Un ami journaliste a observé que le nombre de bûchers a triplé dans un centre de Delhi. Il y a les victimes du covid, et les victimes collatérales – je n’ose pas imaginer ce qui se passe pour quiconque fait une crise cardiaque ou un AVC ces jours-ci. J’ai essayé d’imaginer hier soir, et j’ai failli faire une crise de panique avant de dormir, mon petit côté hypochondriaque me détectant mille symptômes, le salaud.

L’oxygène reste inaccessible. J’ai également vu passer un message sur les saturomètres défaillants et de contrefaçon qui participe à la panique. Et nous en avons personnellement fait l’expérience. Nos deux saturomètres montrent des données vraiment différentes et le « faux » varie en plus sans arrêt. Dans le doute, mon « ange » m’avait dit de suivre les indications les plus basses mais nous n’avons pas écouté – d’abord parce que mon Indien préféré ne se sentait pas si mal et surtout parce que nous n’avions pas trop d’autres solutions. Certains crient à la conspiration chinoise vu que la plupart de ces équipements viennent de là-bas ; pour autant, quand les patients arrivent à l’hôpital et que leur réel niveau d’oxygène est mesuré, j’imagine qu’ils peuvent les renvoyer chez eux et ne leur donnent pas automatiquement de l’oxygène ?

Par ailleurs, la panique a conduit beaucoup de particuliers à s’équiper en oxygène, ajoutant à la pénurie des hôpitaux. Même si ce phénomène est bien réel, il ne doit être qu’une goutte dans l’océan de ce bordel.

De plus en plus de sites dénoncent l’abus de traitements au plasma, aux stéroïdes et au remdesivir dont l’efficacité n’aurait pas été prouvée. Je ne sais pas… Les Indiens sont de toute façon les cobayes du monde, comme ça a été le cas avec l’hydrochloroquine. Les plus désabusés mentionnent la circulation de contrefaçons de médicaments et de vaccins et ont peur d’y avoir accès. Sachant que c’est un gros point fort des Indiens, cela ne me surprendrait pas vraiment. Selon les douaniers rencontrés par une copine qui est rentrée en Europe, entre 20 et 50 personnes sont testées positives à l’arrivée depuis l’Inde – alors qu’il faut un test PCR et un test antigénique fait à l’aéroport de départ. Hormis la faible possibilité que le virus devienne actif dans les 12 heures qu’il faut pour rentrer, seuls des faux certificats expliqueraient cette situation. Et ça on sait déjà qu’ils le font (source).

Quant au vaccin, si le Gouvernement a annoncé l’ouverture de la vaccination aux plus de 18 ans le 1er mai. Pour autant, certains États ont déjà annoncé qu’ils ne pourront s’y mettre qu’à partir de septembre. De toute façon, si on compare le nombre d’Indiens et la capacité de production de vaccin, il faudrait compter un an pour vacciner tous les majeurs.

Devant l’absence de plan national, de M le Modi donc, qui a refilé la patate chaude aux États – rappelons que l’Inde est une démocratie fédérale – pour gérer le problème. Au sein des États, les Hautes Cours (6 au moins) ont parfois été sollicitées pour gérer la pénurie d’oxygène et de médicaments. La Haute Cour d’Allahabad n’a pas mâché ses mots : “We are at pain in observing that death of Covid patients just for non supplying of oxygen to the hospitals is a criminal act and not less than a genocide by those who have been entrusted the task to ensure continuous procurement and supply chain of the liquid medical oxygen.” (source) « C’est avec douleur que nous observons que des patients Covid meurent faute d'oxygène dans les hôpitaux ; ceci est un acte criminel et pas moins qu’un génocide de la part de ceux qui ont été chargés de garantir l’approvisionnement et la chaîne d’approvisionnement continus de l’oxygène médical liquide. » La Cour Suprême s’en mêle (du jamais-vu et même on pourrait se demander ce qui lui prend) et exige du Gouvernement un plan national, tout en réitérant que la décision de confiner ne relève pas du pouvoir judiciaire. En gros, c’est le méga bordel. Toutes les instances discutent, échangent et rien ne se passe. Certains accusent même la Cour Suprême de créer (ou en tout cas de participer à) un sentiment de confusion et de panique. Et bien si tout le monde avait paniqué à temps et s’était préparé à une deuxième vague, nous n’en serions peut-être pas là. Parce que la vérité c’est que presque personne ici n’a voulu y croire. Ils ont vu la Chine qui ne rebondissait pas – alors que la gestion n’est pas la même du tout – et ils se sont dit pourquoi pas nous? C’était très contagieux cette politique de l’autruche de novembre à mars. L’envie de revivre comme avant avait repris le dessus.

Les États-Unis ont fini par fermer leurs frontières aux non-résidents et non-citoyens le 4 mai. Mais 3 Rafales viennent de quitter la France pour l’Inde.

Tout va bien.

Corona, coronavirus, virus, covid, covid-19, Inde

inde,corona,coronavirus,virus,covid,épidémie,hôpitaux