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Aléas des douleurs
Publié le 10 mai 2021 par Jlk
Nous nous étions perdus là-basdans cet obscur dédaleoù l’espace était fait de cris,d’effrois et de cabalesà déchaîner les cannibalesaux dents en coutelasfouaillant le corps en ses viscères... Dans les artères ou déferlaientle fiel et le décrila ville abandonnéeà la nuit vrillée de sirènesfuyait traquées par les murènesaux yeux vagues de fouscomme jaillis de ses égouts,et dans leurs blêmes enveloppesles nocturnes cyclopesinexorablementbattaient le pavé de leur sang... Ce qui se passe dans le corpsen cas de cauchemarest insensé et sans rapportavec le règlement,objecte d’un ton importantle plus docte des doctorantsen sa pose altière:il est interdit de rêverquand l’animal reposesous le voile des somnifères... Et l’âme de nos tendre chairsne trouve plus de mots,n'a plus même d'yeux pour pleurer -ne croit plus qu’aux oiseauxen effusions de vif-argentse perdant dans le cieldes songes innocents... Peinture: Johann Heinrich Füssli, Le Cauchemar, 1781.