EXCLUSIF : l'inexorable déclin, entre le désengagement des peuples et la dégénérescence morale des élites... Chapitre 6.5
Par Daniel Desurvire
Chapitre 6.5 VI - La démocratie, l'authentique, n'aurait jamais existé. Toutes les politiques qui s'en réclament ne sont que de pâles succédanéesC'est ainsi que le monde moderne se tourne de nouveau vers le modèle aristocratique, certes à présent de souche plus roturière, mais avec quasiment les mêmes privilèges et préséances plénipotentiaires que sous la monarchie ; les prérogatives de la noblesse étant à présent dévolues à la classe des oligarques et des technocrates. Francis Dupuis-Déri y ajoute une indication qui pèse fort sur son avis : " Historiquement hérité du régime monarchique féodal, le système représentatif de la démocratie est philosophiquement légitimé par l'antidémocratisme des pères fondateurs qui l'ont institué ".
Pour enfoncer le clou, l'analyse du Professeur québéquois se décline de la façon suivante : " 1°) le représentant exprime ouvertement son mépris pour un peuple politiquement incompétent à discerner et se choisir le bien commun ; 2°) le représentant en déduit la nécessité pour la souveraineté populaire d'être représentée ; 3°) il se désigne comme membre de l'élite éclairée qui saura identifier, défendre et promouvoir le bien commun ; 4°) ainsi défini, le bien commun ne peut s'accommoder de l'esprit égalitaire et les revendications des pauvres doivent être jugulées ; 5°) l'élite politique prend donc le parti de l'élite économique tout en expliquant aux citoyens qu'ils ne peuvent trouver leur bonheur que dans l'espace dépolitisé de la sphère privée ".
Une dernière évocation confère à l'analyse de Francis Dupuis-Déri, autour de la démocratie qui ne demeura jamais qu'un mot, une remarquable justesse d'observation ; insolemment évocatrice de courage. L'auteur explique comment le pouvoir qui échoit aux élus parvient à métamorphoser leur mental. Il y fait allusion à un noumène emprunté à la sociologie platonicienne : l'agoraphobie, " Une peur injustifiée, parfois accompagnée de vertige, que certaines personnes éprouvent lorsqu'elles se trouvent dans des lieux publics et de grands espaces découverts. Passant en politique, l'agoraphobie décrit cette méfiance à l'égard d'un peuple se gouvernant seul, sans que sa volonté ne soit filtrée par ses représentants. Le philosophe ou l'acteur politique qui souffre d'agoraphobie politique craint la démocratie directe, ce chaos, cette tyrannie des masses hurlantes. Peur du peuple au pouvoir, l'agoraphobie politique est aussi un mépris des capacités politiques des simples citoyens ".
Autrement dit, aucune projection politique n'est fiable quant à se réclamer de la démocratie placée sous la coupe d'un calibrage socialisé par l'élite clonée des pendants impavides de l'exécutif, des énarques qui mesurent, tracent puis s'accapare tous les reliefs du pouvoir à leur avantage, en usant et en abusant de pratiques supposées démocratiques attachées à leur fonction régalienne. Les distorsions qui ressortent des manipulations de l'information, après le criblage, la censure par la confiscation des subventions et la suspension des exonérations des éditeurs et des diffuseurs, via les violences économiques que d'aucuns qualifient de berlusconisme fiscal, sont autant d'armes morales de diabolisation dissuasives, ou budgétairement financièrement persuasives, qui aboutissent à des étalonnages homothétiques du renseignement d'État.
Cette mécanique, au parfum du collectivisme sino-soviétique induit un anneau d'endomorphismes propre à détourner l'important ou à extraire le vrai de la réalité. Par ce renversement des valeurs socio-politiques, il s'avère nécessaire de redéfinir, selon des normes dupliquées entre les monarchies d'antan et les républiques remaniées, le sens cognitif de la perception, d'où une recomposition de l'entendement populaire pour le fédérer. Au final, il s'agit surtout de soumettre le citoyen aux règles des modernités avaleuses de liberté et broyeuses d'intimité, puis des mesures contraignantes pour assurer la sécurité publique, lesquelles précisément dédouanent ces injonctions liberticides. Enfin, il s'agira pour la classe dominante d'éteindre toute velléité protestataire en ayant la mainmise sur les médias assistés de façon comminatoire, au mépris des droits naturels ; sorte d'aménagement dynastique.
Le tout est ficelé, homogénéisé, puis vulgarisé à l'aide de variables technocratiques aléatoires, car de tels desseins sont imprévisibles, intraduisibles et irrationnels. Les citoyens lambda ne les perçoivent généralement pas, car ils sont mis à l'écart des véritables intentions de leur élus, de leur conduite et de leurs projets de société. Une mainmise sur les libertés fondamentales conduit à une entropie de la logique constitutionnelle et un chaos quant à la perception du profil devenu opaque des candidats aux élections. Le choix des électeurs se brouille sous le filtre d'une perceptibilité de plus en plus confuse quoique dirigée, quant à savoir qui est qui et de quoi est constitué le corps électoral et l'étiquette militante du candidat, d'où son profil éthique et politique, dont on ne peut dessiner les contours que dans la diffusion de la propagande, jamais le contenu qui n'appartient qu'à l'exercice politique au sommet. La confusion ainsi entretenue autorise le pouvoir dominant à donner le change d'un parti à l'autre, tout en restant le même.
Cette ambivalence entre l'engagement patriote annoncé durant sa campagne et l'approche transversale d'une nature intrigante, tel fut le parcours glauque du Président Emmanuel Macron, lequel donna la consigne aux membres de son parti, lors des élections municipales de juin 2020, de ne pas faire connaître aux électeurs la tendance politique LERM des postulants aux mairies de France ; pour la postérité, nous retiendrons que Macron fut une micro présidence pour une macro bourde ! (Voir chap. VIII). L'échec de son mandat présidentiel, à l'instar de la déconfiture cuisante de son prédécesseur qui n'osa même pas se représenter, constitue de facto un handicap pour assurer la plénitude et la continuité de son contrôle élyséen, à l'exception des grandes villes où les têtes de listes sont connues, cependant souvent dans une approche transversale, car versatiles et opportunistes. De sorte que l'anonymat de ses édiles brouilla les cartes à travers l'opacité des intentions carriéristes de chaque candidat fidèle au complot, dont les ambitions introverties au final desservent les électeurs.
La démocratie, ainsi privée de sa pluralité représentative par absorption des étiquettes toutes réunies en une seule main sociale-démocrate, comme une fronde contre le challenger taxé de populiste au second tour électoral (7) , place les électeurs candides en situation de vote quasi oligopolistique. Ni directe (délibérative ou d'initiative populaire), ni de surcroît représentative puisque les bulletins de vote sont pipés, la démocratie n'est alors plus qu'un symbole vidé de sa substance ; un tour de passe-passe où l'élu au final se fait le joker des frères-ennemis fédérés pour la circonstance. Jusqu'à quand cet artifice parviendra-t-il à faire illusion ? Quand le Français se réveillera-t-il ? Pourquoi ce peu d'empressement pour retourner les bonnes cartes et voir ce qu'il s'y inscrit en filigrane ?
Les libertés ne sont que des ressentis enfouis depuis une existence faite d'imprégnation d'où émergent l'acceptation et le refus. Tandis que la vérité n'est que le produit d'une information autorisée, exhumée depuis une réalité qui devient elle-même virtuelle après avoir été repensée, revisitée et mystifiée s'il le faut. Dans ce labyrinthe sociétal, où les libertés sont absorbées et la vérité dissimulée, le cheminement de chaque sujet ne peut aboutir sans le consentement ou l'adhésion au système qui jalonnera les entrelacs existentiels du citoyen domestiqué. Dans le corps électoral, sommeillent la confiance habillée de peur.
Ancien directeur du Centre d'Étude juridique, économique et politique de Paris (CEJEP), correspondant de presse juridique et judiciaire. Daniel Desurvire est l'auteur de : " Le chaos culturel des civilisations " pointant du doigt les risques de fanatisme de certains cultes et de xénophobie de certaines civilisations, auxquels s'ajoutent les dangers du mal-être social, de la régression des valeurs morales et affectives ou de la médiocrité des productions culturelles, dont la polytoxicomanie en constitue l'un des corollaires. L'auteur choisit d'opposer le doute et le questionnement aux dérives dogmatiques et aux croyances délétères " (in, Les cahiers de Junius, tome III, "La culture situationniste et le trombinoscope de quelques intellectuels français" : Édilivre, 2016).
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NOTE (7) : Ainsi explicité plus haut, aux plus hautes marches du pouvoir exécutif, puis au plus près du peuple à l'Assemblée nationale, à la tête des régions et dans les municipalités.
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